Les sightholders refusent des marchandises lors du sight de 600 millions de dollars de la De Beers

Ronen Shnidman

Le sight de décembre de la De Beers a clôturé sur une valeur estimée à 600 millions de dollars. Des ajustements mineurs des prix et des qualités des assortiments ont été signalés dans différentes catégories, sans changement vraiment significatif. [:]Les sightholders et les courtiers ont noté que de nombreuses boîtes avaient été reportées. On estime que les refus ont battu des records, atteignant 25 % du sight.

« Cela faisait quelques années que je n’avais pas vu une humeur aussi maussade », a expliqué un sightholder indien. Il a rappelé que les sightholders s’étaient déjà plaints lors des deux derniers sights de la De Beers, affirmant que les prix étaient trop élevés pour gagner de l’argent en taillant ces diamants. Et d’ajouter : « Nous n’avons constaté aucune réaction de la part de la De Beers, nous n’avons donc eu d’autre choix que de laisser ces marchandises [lors du sight de décembre]. »

Anglo American, la société-mère de la De Beers, a déclaré dans une récente présentation aux investisseurs que les prix du brut avaient globalement augmenté de 7 % sur l’année.

La morosité lors du sight a reflété celle du marché du brut dans son ensemble. La faible demande des fabricants était également évidente lors de la dernière vente de l’année d’ALROSA, qui s’est déroulée simultanément, du 8 au 12 décembre. Les professionnels du marché ont expliqué que les prix avaient quelque peu baissé lors de la vente d’ALROSA.

Il faut remarquer que, pour ce sight, la De Beers avait temporairement assoupli les règles pour les sightholders, afin de permettre aux fabricants concernés par des accords de valorisation dans les pays d’Afrique australe de reporter au premier sight de 2015 jusqu’à la moitié des marchandises qu’ils avaient prévu d’acheter en décembre. Les fabricants pouvaient également choisir de reporter une boîte par catégorie de brut au cours d’une période de six mois, comme c’est traditionnellement le cas.

La De Beers a expliqué qu’elle avait adapté ses règles après avoir été contactée par ces fabricants. Ils se disaient incapables de respecter les objectifs de production qu’ils avaient établis plus tôt dans l’année dans leurs accords d’ITO (intention de vendre).

La seule exception à cette piètre demande a concerné les Rejections bas de gamme. Les courtiers ont affirmé qu’il leur était facile de les écouler lors du sight ou sur le marché secondaire.

David Johnson, le responsable des communications du secteur intermédiaire pour la De Beers, a affirmé que le sight de décembre avait été le théâtre de davantage de reports que les sights précédents mais que la chose était prévisible. La situation est le reflet de l’environnement difficile que connaît l’industrie en fin d’année.

« L’année dernière, les détaillants se sont réapprovisionnés en taillé plus tôt au cours de la saison des fêtes. Cette année, il semblerait qu’ils attendent le dernier moment, a-t-il déclaré. La De Beers constate pourtant une forte demande des consommateurs sur les grands marchés, et notamment aux États-Unis. »

David Johnson a expliqué que, certes, les ventes de détail aux États-Unis pour le Black Friday et le week-end de Thanksgiving ont été décevantes ; de nombreux analystes ont suggéré que c’était la conséquence d’un besoin moindre des consommateurs américains de rechercher les bonnes affaires et que les ventes pourraient se reprendre un peu plus tard pendant la période de Noël. Il a ajouté que, selon la De Beers, les bases de la demande sont assez solides et que l’industrie peut s’attendre à une croissance modérée de la demande de détail américaine, qui remontera dans toute la filière diamantaire et perdurera jusqu’après Noël.

Le négoce de brut sur le marché secondaire était limité, même si la plupart des boîtes ont été proposées à perte et avec de généreuses conditions de crédit.

Guy Harari, le PDG de Bluedax, a expliqué : « Tous les ingrédients sont réunis pour que le marché souffre d’une indigestion. Les prix du taillé ne sont pas bons, le brut est trop cher et les liquidités posent problème. » Il a ajouté que le marché semblait montrer une tendance constante à une baisse des ventes, des conditions de crédit allongées sur les boîtes et des prix en recul.

Source Rapaport