Les sightholders refusent 15 % du sight de 570 millions de dollars de la De Beers

Avi Krawitz

Les sightholders de la De Beers ont exprimé leur frustration après le sight d’octobre : la rentabilité et les liquidités brillent par leur absence sur le marché du brut.[:] La valeur du sight de la De Beers, qui a pris fin le 4 octobre, est estimée à 570 millions de dollars, avant les refus. Environ 15 % des marchandises n’auraient pas trouvé preneur, pour un montant de 86 millions de dollars.

« On ressent beaucoup de frustration, a déclaré un sightholder d’Anvers à Rapaport News. Pour l’instant, les liquidités sont totalement absentes, tout comme les marges bénéficiaires pour ceux qui veulent négocier ou tailler le brut de la De Beers. »

La De Beers a baissé ses prix de 5 % à 9 % sur les Rejections indiennes, tout en remaniant les assortiments de certaines boîtes. De fait, selon les sightholders, celles-ci auraient effectivement pris de la valeur. La société a augmenté les prix de certaines boîtes, de 2 % à 5 % pour les 4 à 8 grains notamment. Quelques ajustements ont été apportés aux assortiments.

Un sightholder de Mumbai a jugé les assortiments peu étoffés, dans toutes les catégories, en particulier pour les 4 grains et les marchandises supérieures, d’où la hausse du prix et de la valeur des boîtes. « Cela n’a aucun sens. Le mois dernier déjà, nous n’avons gagné que très peu d’argent », a-t-il affirmé.

« Les prix ont été légèrement réduits pour les petites marchandises, mais ce n’était pas suffisant. Pour nous, [la De Beers] nous empêche de faire quoi que ce soit avec les marchandises. Tailler le brut d’un sight revient aujourd’hui à perdre de l’argent. »

David Johnson, responsable des communications du secteur intermédiaire pour la De Beers, a affirmé que la société reconnaît les difficultés des fabricants, en particulier les problèmes de liquidités en Inde. Il a toutefois ajouté que l’humeur était mitigée, les sightholders réagissant selon les marchés dans lesquels ils évoluent.

« Il a toujours été difficile de trouver un scénario où chacun serait satisfait de chaque boîte, a déclaré David Johnson. Ceux qui travaillent aux États-Unis, où la demande des consommateurs progresse, sont assez satisfaits. Les choses se détériorent quand on parle de taillé. Certains sightholders ont plus de mal. »

David Johnson prévoit que le marché se stabilise dans les prochains mois, à l’approche de la saison des fêtes. Selon lui, la De Beers s’attend à une amélioration de la demande qui coïncidera avec Diwali, Noël et le Nouvel An chinois. Des liquidités pourraient ainsi affluer de nouveau vers les centres de taille.

Les sightholders se sont montrés moins optimistes quant à l’ambiance générale. Un participant au sight a évoqué une humeur « très dégradée » sur le marché du brut. Les sightholders sont fatigués de ne pas gagner d’argent. « La De Beers a pour stratégie de récolter jusqu’au dernier dollar. Le brut extérieur est beaucoup moins cher, a-t-il dit. Les gens ne croient plus au système, ils ne sont plus certains de gagner de l’argent à l’avenir, d’où les nombreux refus. »

Les sightholders ont refusé environ 20 % des marchandises des deux précédents sights de la De Beers. Les échanges étaient timides sur le marché secondaire au troisième trimestre. La demande des négociants est restée prudente au cours de la semaine qui a suivi le sight d’octobre.

Un marché des négociants déprimé

Nurit Rothmann et David Harary, co-fondateurs de Bluedax, une société de courtage de brut en ligne, ont fait part d’un manque de liquidités sur le marché secondaire. Ils décrivent également des prix volatils. Selon eux, soit les marchandises se vendent contre des liquidités, au tarif ou en dessous, soit les acheteurs demandent un crédit. Un sightholder de Mumbai en a convenu, ajoutant que les acheteurs exigent des conditions à long terme. Or, ces fournisseurs leur ont déjà accordé un crédit important. « Ils ne veulent ni vendre à perte, ni prendre un risque sur le bénéfice qu’ils pourraient obtenir en faisant crédit », a-t-il expliqué.

Nurit Rothmann et David Harary ont ainsi noté des prix en constante évolution, démontrant, selon eux, la faiblesse du marché. « Dans un marché fort, tout le monde vend, à des prix identiques et constants. Sur le marché secondaire, les prix sont volatils », ont-ils expliqué.

Dernier sight à Londres

Les sightholders ont également fait part d’une humeur nostalgique lors du sight, le dernier à être organisé à Londres. La De Beers a en effet déménagé ses opérations commerciales complètes au Botswana. Lors du cocktail « Fin d’une époque » organisé à cette occasion, le dimanche soir précédant le sight, certains ont regretté que les festivités aient été quelque peu gâchées par le sentiment négatif ressenti sur le marché.

Mike Aggett, directeur général de H. Goldie, une maison de courtage en diamants, a évoqué le sight dans son blog : « Le dernier sight a eu lieu à Londres et la « nouvelle époque » débutera à Gaborone en novembre. Nous serions à la fois tristes et déçus si ce qui nous est présenté comme un nouveau chapitre, brillant et prospère pour les sightholders et notre industrie au Botswana, était terni par de nouveaux refus de boîtes. Et la principale raison serait que l’optimisation à court terme des bénéfices pour les actionnaires aurait plus de poids qu’une juste valeur de marché offerte aux clients dont le partenariat avec [la De Beers] a développé cette industrie pendant plusieurs générations. »

Le prochain sight aura lieu à Gaborone du 11 au 14 novembre.

Source Rapaport