Les diamants synthétiques sont détectables à 100 %

Avi Krawitz

La De Beers est convaincue d’une chose : sa technologie détecte tous les diamants synthétiques. Lors d’une correspondance avec Rapaport, le Dr Simon Lawson, responsable des technologies de la De Beers, a réfuté les allégations de Yossi Kuzi d’EGL Hong Kong selon lesquelles les systèmes DiamondSure™ et DiamondView™ de la De Beers n’auraient pas détecté un diamant IaAB de type synthétique.[:] Le Dr Lawson a ajouté que « les recherches approfondies de la De Beers dans le traitement thermique des matériaux de diamant synthétique [nous] permettent de considérer qu’il est impossible de produire des diamants synthétiques IaAB purs. »

En contact avec Rapaport, le Gemological Institute of America (GIA) a appuyé les déclarations de la De Beers et confirmé l’efficacité de ses équipements. « Nous considérons que la pierre présentée était probablement naturelle, nous appuyons donc pleinement la réponse de la De Beers », a déclaré Tom Moses, premier vice-président du GIA pour les laboratoires et la recherche.

Les affirmations de la De Beers et du GIA viennent réfuter un communiqué de presse en date du 17 février 2014, de Diamond Services, diamantaire basé à Hong Kong et associé à EGL Asia. Le communiqué affirmait que la machine DiamaTest™, récemment développée par Diamond Services, avait détecté un diamant IaAB synthétique, qui n’avait pas été décelé par les équipements de la De Beers.

« Nous avons acquis, il y a peu, un pli de diamants synthétiques auprès de l’un des producteurs, à des fins de recherche, a déclaré Yossi Kuzi. L’une des pierres du pli, de 0,138 carat, s’est révélée être un diamant synthétique de type IaAB. La machine DiamaTest l’a aisément identifiée. Toutefois, la DiamondSure [de la De Beers] l’a classée comme pierre naturelle ! »

Dans une réponse officielle, la De Beers a affirmé que, d’après ses recherches approfondies sur plusieurs années, elle est convaincue qu’il est impossible de produire des diamants synthétiques IaAB purs. L’opération d’agrégation d’azote, qui permet la production d’un diamant naturel IaAB de type pur, ne peut pas être reproduite à l’identique en laboratoire. La théorie et l’expérimentation en expliquent bien les raisons. L’algorithme utilisé dans les machines DiamondSure envisage la possibilité que des traitements thermiques soient appliqués aux diamants synthétiques et adresse ces pierres pour des tests supplémentaires, a expliqué la société (téléchargez et lisez l’explication technique complète de la De Beers).

La De Beers commercialise trois systèmes de détection des diamants synthétiques et traités. Le Dr Lawson a expliqué que la DiamondSure assure le dépistage initial des diamants de type II, qui pourraient inclure des synthétiques. Puis, la DiamondView qualifie chaque diamant de naturel ou de synthétique. Les diamants naturels peuvent passer par des tests supplémentaires afin de découvrir s’ils ont été traités – à haute pression et haute température (HPHT) – avec la DiamondPlus™.

Le Dr Lawson a précisé que la De Beers est également très confiante dans sa détection des diamants traités – qu’il s’agisse d’un traitement primaire ou de traitements ultérieurs destinés à masquer le traitement initial. « Dans de rares cas, nous péchons par excès de prudence et classons le diamant comme indéterminé », a-t-il affirmé.

Le Dr Lawson a fait remarquer que, même si la De Beers n’a pas vu physiquement la pierre de type IaAB en question, elle appuie ses conclusions sur les images de la DiamondView. Yossi Kuzi a expliqué que la pierre a été adressée au HRD Antwerp à des fins de tests supplémentaires et qu’il attend son évaluation. Le HRD a confirmé avoir reçu la pierre à la fin de la semaine du 10 mars, mais qu’il était trop tôt pour proposer une analyse.

Les garanties de la De Beers rassurent un marché fragilisé par les diamants synthétiques non déclarés, insérés dans des plis de diamants naturels. Certes, la question des diamants synthétiques n’est pas nouvelle, mais elle a connu une percée depuis deux ans, après que de nombreux diamants synthétiques non déclarés soient entrés sur le marché, sous couvert de pierres naturelles.

À la mi-2012, l’International Gemological Institute (IGI) avait reçu plusieurs centaines de diamants synthétiques, traités par dépôt chimique en phase vapeur (CVD), dans ses laboratoires d’Anvers et de Mumbai. Ils devaient être certifiés comme des diamants naturels. Puis, en 2013, des rumeurs persistantes indiquaient que de grandes quantités de diamants de synthèse avaient été mélangées à des diamants naturels dans des plis de mêlées et de diamants de moins de 1 carat.

Ces annonces ont incité la De Beers et le GIA à mettre leurs instruments de détection à la disposition du marché et les prestataires de services, dont Rapaport Group, à installer leurs machines dans les différents centres de négoce. Le GIA a depuis installé son système DiamondCheck™ dans les bourses d’Anvers, Dubaï, Hong Kong, Johannesburg, New York, Shanghai, Tel Aviv et Tokyo.

Tom Moses, premier vice-président du GIA pour les laboratoires et la recherche, a déclaré que le dispositif DiamondCheck, qui est en mesure d’examiner les diamants de 1 point à 10 carats, est sûr à 100 %. DiamondCheck qualifie un échantillon de « naturel », « différent du diamant » ou, si le premier résultat n’est pas concluant, elle indique « autres tests en laboratoire pour rechercher un traitement ou une pierre synthétique ». Le système garantit à 100 % la plupart des diamants naturels ou non traités contre les faux positifs.

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La technologie a permis de produire des diamants synthétiques de qualité supérieure, qui ressemblent davantage à un plus large éventail de diamants naturels. Il est essentiel que les techniques de détection de ces diamants synthétiques gardent toujours une longueur d’avance. Si la technologie se laissait distancer, cela impliquerait que l’industrie est incapable de détecter efficacement les diamants synthétiques et de les distinguer des diamants naturels.

La De Beers affirme avoir une longueur d’avance. Sa confiance, tout comme celle du GIA, vient remettre en question le communiqué de presse d’EGL Asia et Diamond Services.

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« Il est essentiel que les techniques de détection de ces diamants synthétiques gardent toujours une longueur d’avance. »

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Si la pierre de type IaAB est en effet naturelle, comme le croient la De Beers et le GIA, elle fait naître un débat : que doit faire l’industrie face à de fausses allégations, affirmant que les diamants synthétiques ne sont pas détectables ? Notons au moins que ces revendications portent atteinte au commerce et à la confiance des consommateurs.

Comme le suggère le Dr Lawson pour détecter les diamants synthétiques et traités, il est préférable de pécher par excès de prudence. Lorsque l’on évoque les progrès technologiques, il convient de s’appuyer sur des preuves scientifiques pour étayer les revendications des produits censés être disponibles sur le marché aujourd’hui. Toute allégation non étayée est irresponsable et engendre une confusion inutile. L’industrie se rassure en écoutant les assurances de la De Beers, selon lesquelles la technologie de détection des diamants synthétiques est fiable à 100 %.

La précision des technologies disponibles pour une détection efficace des diamants synthétiques est primordiale pour l’intégrité du marché. La détection est l’un des 4D, les critères de l’industrie pour s’assurer que les diamants vendus sont naturels, tel que l’explique Martin Rapaport, président du Rapaport Group, dans une étude récente sur les diamants synthétiques (voir Le synthétique fait tiquer, publié dans le numéro de décembre 2013 de Rapaport Magazine).

« La clé qui nous permettrait de résoudre les défis des diamants synthétiques réside dans notre capacité à faire la différence entre diamants naturels et diamants synthétiques, a écrit Martin Rapaport. La différenciation repose sur la détection, la déclaration et la documentation… Autrement dit, sans les 4D, pas de 4C. »

Source Rapaport