Les diamants synthétiques à la mode

Rob Bates

Bien sûr, ils sont encore nombreux dans l’industrie à se méfier des diamants de laboratoire. Des événements comme ceux que relate l’article portant sur une fausse inscription du GIA ne vont certainement pas arranger les choses. [:]Parallèlement, nous sommes inondés d’annonces concernant l’arrivée de nouvelles sociétés dans ce segment de marché.

Les diamants synthétiques semblent bien être à la mode, une mode qu’adoptent avec plaisir de nombreux membres de l’industrie.

Il existe même un projet de création d’une bourse virtuelle des diamants de laboratoire, appelée Lab Grown Diamond Network. Ses dirigeants comprennent Alon Ben-Shoshan, un ancien de Diamond Foundry, ainsi que des sociétés de diamants naturels qui « ont choisi de ne pas divulguer leurs noms. »

« Je vois probablement une offre, une incitation ou une publicité pour des diamants synthétiques une fois par mois, dans un endroit du monde », affirme Tom Chatham, l’un des pionniers de ce marché. Il considère toutefois que c’est du déjà-vu : « Dans les années 90, de nombreuses sociétés prétendaient produire des émeraudes… ce qui était bien le cas pour certaines mais elles ont raté l’étape du marketing. Une grande part de ces nouveaux venus ne sont que des revendeurs, ils vont rester sur le carreau. »

En effet, même avec toutes ces nouvelles marques, le nombre de sociétés qui produisent réellement des pierres n’a pas beaucoup augmenté. Ce sont principalement les mêmes qui destinent leur production à un plus grand nombre de canaux de vente.

« Il ne reste qu’une poignée de producteurs capables d’utiliser les techniques HPHT et CVD », indique Tom Chatham. Il ajoute que, même si tout le monde peut acheter une presse à diamants, tout le monde ne peut pas produire des diamants de façon fiable. Les prédécesseurs de Scio et Pure Grown ont dépensé des millions pour perfectionner leurs technologies.

Alon Ben-Shoshan en convient et il ajoute : « Je pense que la quasi-totalité des laboratoires continuent à travailler à perte. »

En revanche, on ne connaît pas vraiment le niveau de demande pour ce produit. Dans la récente enquête sur le bridal de The Knot, 25 % des jeunes mariés, hommes et femmes, ont affirmé qu’ils pourraient envisager un diamant artificiel comme pierre centrale et 27 % ont affirmé qu’ils pourraient envisager d’en choisir un comme pierre secondaire. En 2016, les chiffres étaient de 16 % pour la pierre centrale et de 18 % pour la pierre secondaire.

Lorsqu’on leur a demandé pourquoi ils pourraient souhaiter des diamants artificiels, 55 % ont indiqué que ceux-ci n’étaient pas associés aux conflits, 49 % les considèrent plus économiques et 38 % ont affirmé qu’ils étaient bons pour l’environnement. Ceux qui n’en voulaient pas ont évoqué un « manque d’informations global sur les diamants de laboratoire », une « préférence pour les pierres naturelles » et « la symbolique de la bague ».

Pourtant, certains acteurs expérimentés ont la sensation que, pour que les diamants synthétiques deviennent un secteur à part entière, le prix devra baisser considérablement. Pour l’heure, la plupart des pierres synthétiques sont annoncées 30 % moins chères que les pierres naturelles. Et même s’il y a débat à propos de la véracité de cette information, certains considèrent qu’elles sont toujours trop chères pour véritablement attirer les consommateurs.

Mais dans le même temps, il existe une autre préoccupation, plutôt contradictoire : certains craignent que le prix des diamants synthétiques ne finisse par chuter parallèlement aux améliorations technologiques, ce qui annulerait toute plus-value à la revente et serait préjudiciable pour l’ensemble de l’activité.

Les anciens du marché rappellent que les diamants restent difficiles à fabriquer et que leur prix n’a pas beaucoup baissé ces dernières années. Pourtant, l’admet Tom Chatham, tout est possible.

« Mon problème, avec les Chinois, c’est la production de masse, explique-t-il. N’oubliez pas qu’ils fabriquent maintenant plus de 4 milliards de carats par an de diamants à usage industriel. Il y a un grand pas à franchir avant de produire des diamants de qualité d’une certaine grosseur. Mais si je peux le faire, ils le pourront aussi. »

Source JCK Online