Les caractéristiques d’un bon détecteur de synthétiques

Joshua Freedman

Le vaste projet de la Diamond Producers Association (DPA), qui entend tester 18 détecteurs de synthétiques, a soulevé une question importante : que faut-il rechercher dans une telle machine ?[:]

La précision représente, bien entendu, une part essentielle de l’équation (avec la vitesse, le prix et la simplicité d’utilisation) mais ce n’est pas un aspect bien défini. Le premier jeu de résultats du programme Assure, par la DPA et Signet Jewelers, sorti au cours de la semaine du 4 mars, a produit jusqu’à neuf scores de performances différents pour chaque appareil, traduisant leurs capacités diverses.

Les critères ne s’appliquent pas tous à toutes les machines, puisque seules cinq d’entre elles peuvent efficacement détecter des synthétiques. Six se targuent simplement de renvoyer les pierres douteuses pour des vérifications supplémentaires. Les sept autres sont toujours à l’essai.

Absolument naturels

La DPA considère que le facteur le plus important est la capacité à vérifier qu’un diamant est naturel, plutôt que d’affirmer qu’une pierre est à coup sûr un synthétique ou une imitation. Elle qualifie cette mesure clé de « taux de faux-positifs sur les diamants ». La bonne nouvelle, c’est qu’à part deux appareils, tous les autres ont atteint 0 %, autrement dit ils n’ont pas étiqueté par erreur des pierres artificielles comme pierres naturelles. (Vous trouverez la liste à la fin de cet article.)

« On parle ici de la capacité de l’appareil à s’assurer que seuls les diamants naturels sont bien qualifiés de diamants naturels, a expliqué Jean-Marc Lieberherr, PDG de la DPA. Du point de vue du consommateur, il s’agit de la fonction première d’une machine de vérification des diamants. »

Les consommateurs s’attendent à ce que les détaillants apportent des garanties supplémentaires formelles, affirmant que leurs produits sont bien ce qu’ils prétendent être. Et leur parole ne vaudra qu’à hauteur des qualités des machines utilisées, a expliqué Jean-Marc Lieberherr. Parmi tous les risques qui existent, le plus grand est qu’un synthétique soit vendu par erreur comme une pierre naturelle, a-t-il ajouté.

Renvois : appeler un ami ? 

Cette mesure est loin d’être la seule qui compte. Une machine trop stricte, qui renvoie à tort des diamants naturels vers des tests supplémentaires, pourrait convenir si vous voulez être certain de n’avoir que des pierres naturelles. Mais ces tests supplémentaires peuvent revenir cher. Vous pourriez devoir acheter plusieurs machines. En outre, un acheteur qui reçoit un lot de diamants naturels et découvre que certains n’arrivent pas à être vérifiés peut se montrer inutilement soupçonneux à l’égard de son fournisseur.

C’est pourquoi certains négociants peuvent aussi s’intéresser au « taux de renvoi des diamants », le pourcentage de pierres naturelles classées par une machine comme indéterminées (« renvoi »). Une fois de plus, le meilleur résultat est 0 % et une seule machine, la DiamondView de De Beers, l’a atteint. Certaines autres n’ont pas été notées car elles ne proposent pas de fonction de « renvoi ».

Vous cherchez des synthétiques ?

Mais qu’en est-il si vous êtes une société de synthétiques souhaitant s’assurer que votre stock est uniquement composé de synthétiques ? La mesure appropriée pourrait être le « taux de faux-positifs des synthétiques » qui évalue la fréquence à laquelle des machines ont étiqueté à tort des pierres comme synthétiques, alors qu’il s’agissait en fait de diamants naturels ou d’imitations.

« L’importance relative des autres mesures dépend de chaque acheteur car les motivations peuvent varier, a fait remarquer Jean-Marc Lieberherr. Ainsi, certains négociants de synthétiques pourraient vouloir trouver tous les synthétiques et s’intéresseront moins aux taux de renvoi. »

Une chose est sûre

D’autres mesures donnent une idée des conclusions plus catégoriques des machines. Seules quelques-unes ont parfaitement identifié des diamants naturels ou synthétiques. La DiamondView a été la seule à trouver tous les diamants naturels, sans se tromper une seule fois ni en renvoyer aucun. La machine de De Beers était également l’une des deux seules à identifier catégoriquement tous les synthétiques, l’autre étant la Sherlock Holmes de Yehuda. (La Synthetic Diamond Screener II de Presidium n’a pas obtenu de note pour cette mesure car elle ne fait que renvoyer les pierres, même si le rapport initial du programme Assure donnait à tort une note de 100 %, a confirmé un porte-parole de la DPA. Rapaport News a corrigé un article antérieur pour apporter cette précision.)

Toutefois, la plupart de ceux qui achètent des détecteurs de synthétiques veulent principalement s’assurer que les pierres qu’ils pensent naturelles le sont vraiment. En ce sens, la plupart des appareils ont obtenu de bons résultats.

Fonctionnement des essais

Le programme Assure a testé 18 machines de 11 fabricants par rapport à une référence développée par UL, une agence d’essai indépendante, et par un comité technique de gemmologues.

Certains des membres du comité étaient issus de fabricants d’appareils, dont De Beers, le Gemological Institute of America (GIA) et le Scientific and Technical Research Center for Diamond (WTOCD) anversois, qui ont développé la M-Screen+ vendue par le HRD Anvers. De fait, un conseiller indépendant a supervisé la création de cette référence afin d’assurer l’impartialité, a fait remarquer Jean-Marc Lieberherr. Tous les membres du comité ont approuvé la référence et l’échantillon de pierres et UL a mené les tests de façon indépendante, a-t-il ajouté.

L’échantillon était composé de 1 000 diamants naturels et 200 synthétiques, dont des pierres créées par dépôt chimique en phase vapeur (CVD) et sous haute pression et haute température (HPHT). Certains spécimens artificiels avaient subi des traitements post-croissance. Toutes les pierres étaient des rondes taille brillant, supérieures à 2 mm de diamètre au rondiste, de couleurs D à J et de différentes puretés. Les machines qui prétendent détecter les imitations, telles que le zircon cubique, ont également été testées sur un échantillon de 200 de ces pierres.

Le lot avait été rendu difficile à dessein. Il comportait des synthétiques personnalisés, pas encore disponibles dans le commerce. Cela a permis un test « à l’épreuve du temps » et permet de faire une différence efficace entre les machines, a expliqué la DPA.

Au départ, la DPA a testé chaque pierre en s’associant à plusieurs laboratoires de gemmologie afin de confirmer leurs origines. Les diamants naturels et synthétiques présentaient également des grosseurs légèrement différentes, ce qui a permis à UL de vérifier les réponses des machines à l’aide de tamis.

« Ce système, proposé par le comité technique, s’est révélé fiable à 100 % », a expliqué Jean-Marc Lieberherr.

La DPA publiera les résultats d’autres tests dans les mois à venir, avec de nouveaux échantillons comportant des grosseurs et des couleurs supplémentaires, ainsi que des pierres serties sur des bijoux.

Machine ayant obtenu les notes maximum :

Taux de faux-positifs sur les diamants à 0 % :
(Le pourcentage de diamants synthétiques ou d’imitations classés à tort en tant que diamants naturels)

AMS2 (manufactured by De Beers)
DiamondDect 3 (Taidiam Technology)
DiamondSure (De Beers)
DiamondView (De Beers)
GIA iD100 (GIA)
M-Screen+ (HRD Antwerp)
Sherlock Holmes (Yehuda)
SYNTHdetect (De Beers)
Synthetic Diamond Screener II (Presidium)

Taux de renvoi des diamants à 0 % :
(Le pourcentage de diamants naturels renvoyés pour des tests supplémentaires) 

DiamondView (De Beers)

Taux de précision des diamants à 100% :
(Le pourcentage de diamants naturels correctement classés)

DiamondView (De Beers)

Source Rapaport