Le système des laboratoires est défectueux, comment le réparer ?

Rob Bates

La question de la variation des normes de certification dans les laboratoires fait jaser depuis un certain temps. Dernièrement, elle a semblé monopoliser toutes les conversations. [:]C’est certain, il existe de bons laboratoires. Le problème réside dans le fait que la plupart des consommateurs ne savent pas les distinguer de ceux qui se montrent plus cléments. Or, tout ce système, dont le but est de relever les normes sur le marché, semble désormais autant encourager les fausses déclarations que les éviter.

Reste à savoir ce que nous pouvons faire. Nous avons abordé quelques idées de solutions dans notre article de juin. La récente conférence de Rapaport en a proposé d’autres, que j’aimerais passer en revue.

Martin Rapaport qui, il faut le noter, envisage d’ouvrir son propre laboratoire, estime que les joailliers ont aujourd’hui l’opportunité d’utiliser leur expertise pour se différencier et trouver des clients. En effet, des détaillants comme Dan Gordon publient des blogs pour y affirmer leurs opinions à propos des différents laboratoires.

En cela, ils ont du mérite. Dernièrement, de nombreux joailliers respectés, de ceux qui disposent des conseillers et des compétences nécessaires, ont vendu des diamants assortis de rapports de laboratoires « cléments », simplement parce que leurs concurrents agissent ainsi et qu’ils pensent ne pas avoir le choix. Il semblerait que la situation devienne incontrôlable, même pour les meilleurs détaillants.

L’autre solution souvent évoquée par Rapaport est un recours collectif. Il suffirait de poursuivre les pires contrevenants en justice, jusqu’à les amener à la faillite, et ainsi attirer l’attention du marché. Pourtant, certaines des structures ciblées risquent de se trouver à l’étranger. Qui plus est, l’effet sur la confiance des consommateurs serait désastreux.

Autre solution possible, engager un groupe tiers pour juger les certificateurs de l’industrie. Certaines organisations se consacrent à cette activité, comme l’Organisation internationale de normalisation et le Bureau d’Accréditation des Laboratoires, qui surveille les laboratoires alimentaires et criminels. Dans la logique des choses, l’existence des laboratoires doit permettre d’éviter que joailliers et négociants ne certifient leurs propres diamants. Alors, pourquoi une organisation, ou un chef d’entreprise, peut-il certifier son propre laboratoire ? Dans le passé, certains groupes ont affirmé ne pas avoir besoin d’être jugés par des étrangers, en raison de leur réputation et de leur stature. Cela ne tient plus. Chaque laboratoire de notre secteur doit faire l’objet d’un examen indépendant.

J’ai toujours eu le sentiment que nous devions finir par arriver à une mécanisation de la certification. Elle devrait relever principalement de machines, puis être complétée par quelques contrôles qualité humains. Après tout, il est impossible de corrompre une machine. Normalement, elles ne sont pas fatiguées après une longue journée passée à certifier des pierres. En outre, correctement programmées, elles vous donneront des résultats cohérents. Et voilà bien ce dont nous avons le plus besoin en matière de certification: la cohérence.

À l’heure actuelle, il existe ce que nous appelons des « certificats ». Nous savons tous qu’ils ne certifient pas grand-chose, les « grades » étant subjectifs. Nous devons trouver un moyen de rendre la certification plus objective et cohérente. Lors du séminaire Rapaport, le modérateur Saville Stern a noté que deux des pierres de l’essai avaient déjà été classées par le GIA. À l’occasion de cette nouvelle étude, elles ont reçu des grades différents. Une chose est sûre, même le laboratoire animé des meilleures intentions ne génère pas toujours des résultats reproductibles.

La De Beers et, dans une certaine mesure, le GIA utilisent des appareils propriétaires pour certifier les couleurs ; étant donné le capital-confiance dont jouissent les deux organisations auprès des consommateurs, peut-être est-il temps de mettre ces machines à la disposition de l’industrie dans son ensemble. Savoir qu’un avis (ou que le meilleur avis sur trois exprimés) puisse entraîner une différence de quelques milliers, voire d’un million de dollars dans la valeur d’une pierre semble assez dépassé à notre époque (et peut même coûter leur poste à des professionnels. Mais les bons gemmologues restent nécessaires pour le contrôle qualité et pour repérer les pierres traitées ou synthétiques, par exemple).

Certes, une machine de certification de la pureté, qui serait fiable et reconnue, devrait être un peu plus difficile à développer que celles qui permettent de certifier la couleur. Mais je ne pense pas que ce soit impossible (la De Beers est en train d’en produire une). Et même si la mécanisation se limite à la couleur, il s’agira d’une énorme amélioration. C’est en effet cet aspect qui semble donner lieu aux plus fortes variations de certification. Les laboratoires cléments ne pourront plus « jouer » qu’avec la pureté.

Mise à part la taille, le système actuel de certification et d’évaluation a été développé au début des années 50. Soixante ans plus tard, il est peut-être temps de le moderniser et de fixer un système qui bénéficie réellement au consommateur et aux professionnels honnêtes. La situation actuelle, qui oppose « bons » et « mauvais » laboratoires, est embarrassante. Elle finira par nuire à notre activité. Pourtant, avec un peu de chance, elle pourrait ouvrir une période d’innovation et faire naître de nouvelles idées dans le secteur de la certification.

Source JCK Online