Le segment des montres et bijoux de Kering touché de plein fouet au 1er trimestre

Lenore Fedow

Le conglomérat de luxe Kering pensait vivre un solide début d’année mais le coronavirus a lourdement pesé sur son activité, provoquant une chute à deux chiffres de ses revenus du premier trimestre.

« La pandémie de Covid-19 a porté un coup sévère à nos opérations du premier trimestre », a déclaré François-Henri Pinault, son PDG, dans un communiqué de presse annonçant les résultats trimestriels.

Le trimestre avait connu « des débuts exceptionnellement bons » en janvier, a indiqué Kering, mais les choses ont mal tourné en février après les fermetures de boutiques dans la région Asie-Pacifique.

En mars, la situation s’est encore détériorée puisque que des boutiques ont fermé partout en Europe et aux États-Unis, après quoi le tourisme s’est arrêté et les installations de production et de logistique de la société ont connu une fermeture partielle vers la fin du trimestre.

Le total des revenus a atteint 3,20 milliards d’euros (3,47 milliards de dollars), soit un recul de 16 % sur une base comparable.

La société considère ses marques à succès, comme Gucci, Yves Saint-Laurent et Bottega Veneta, comme ses « principales » maisons, tandis que ses offres de montres et bijoux et des marques comme Balenciaga et Alexander McQueen sont classées sous la division « autres maisons ».

Les revenus du premier trimestre de la division « autres » ont totalisé 553,3 millions d’euros (600,3 millions de dollars), un recul de 5 % sur une base comparable.

Les articles de la catégorie « soft luxury », comme la haute couture et la maroquinerie, ont affiché des « résultats solides du retail », avec de bonnes ventes en Europe occidentale et aux États-Unis, compensant les baisses en Asie-Pacifique et au Japon. Les ventes de gros dans ce domaine sont restées fortes.

Ce n’était toutefois pas le cas pour les articles « hard luxury », comme les montres et bijoux, « durement touchés par la crise », a déclaré Kering.

« Les conditions ont été plus difficiles dans le segment du « hard luxury », confronté à de fortes perturbations du commerce de gros, un canal essentiel pour cette division », a déclaré Jean-Marc Duplaix, directeur financier, lors de la conférence sur les gains mardi 21 avril au matin.

Les deux marques à avoir particulièrement souffert sont Boucheron et Pomellato qui « dépendent lourdement » de l’Europe occidentale, a déclaré Jean-Marc Duplaix. Elles ont ressenti « l’impact sévère » de la fermeture de leur réseau.

Au contraire, Qeelin, une marque de bijoux inspirée du symbolisme chinois, a obtenu de bons résultats, profitant d’une collaboration avec des partenaires de distribution et d’un rebond en Chine continentale, d’après M. Duplaix.

Dans ses résultats du quatrième trimestre, la société a souligné son « investissement réussi » dans Qeelin, qui a récemment développé son implantation en Chine continentale.

Dans l’ensemble, les chiffres comparatifs du retail de Kering ont perdu 19 % au premier trimestre, même si les ventes en ligne ont progressé de 21 %, augmentant d’un pourcentage à trois chiffres en Chine continentale.

Deux tiers de la baisse des chiffres comparatifs du retail ont été attribués à la région Asie-Pacifique, Hong Kong en tête.

Les ventes de gros ont plongé de 7 % sur une base comparable, ce que Kering a attribué à la distribution sélective, à des ajustements de commandes et à la fermeture de son installation logistique centrale à la fin du trimestre.

Kering a constaté une baisse des revenus de ses maisons de luxe dans toutes les régions sur une base comparable, dont un recul de 7 % en Amérique du Nord, 30 % en Asie-Pacifique, 14 % en Europe occidentale et 17 % au Japon.

La société a souligné son rôle dans la lutte contre le coronavirus, puisqu’elle a fourni des masques et fait des dons monétaires aux États-Unis, au Royaume-Uni, à l’Italie, à la France et à la Chine.

Compte tenu de la pandémie, François-Henri Pinault, Jean-François Palus, le directeur général du groupe, et le conseil d’administration de Kering réduiront une partie de leur rémunération.

Kering n’a pas fourni de perspectives pour l’année à venir mais François-Henri Pinault a indiqué : « Ma confiance dans l’avenir de Kering repose sur la solidité et les valeurs de nos maisons qui ressortiront de cette période d’incertitudes au plus haut de leurs capacités, ainsi que sur notre capacité à mêler vision à long terme et impératifs à court terme. »

Source National Jeweler