Le principe de Darwin

Edahn Golan

Dans un forum, cette semaine, l’extraordinaire gemmologue Antoinette Matlins a posé cette question : « le monde des diamants, tel que vous l’avez toujours connu, est-il sur le point de changer définitivement ? ». La réponse est oui, bien entendu.
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La diminution des ressources va entraîner un changement certain dans l’économie du diamant. Le tout est de connaître l’orientation que prendra l’industrie. Antoinette Matlins a, sans se tromper, cité le départ prévu de Rio Tinto, BHP Billiton et des Oppenheimer ainsi que la baisse des réserves naturelles. La réduction de l’offre, comme l’ont remarqué Antoinette Matlins et de nombreux négociants, se manifeste déjà par des pénuries dans certaines catégories. La situation entraînera naturellement des hausses de prix à long terme, c’est l’une des conséquences de la baisse l’approvisionnement et de l’augmentation de la demande.

Ces prévisions de hausse des prix ont une autre conséquence, plutôt indirecte : la validité croissante des diamants en tant qu’option de placement.

D’autres changements sont moins commentés. Chaque fois qu’un secteur est confronté à un problème, il se modifie. Dans l’industrie diamantaire, les changements peuvent être amples et profonds, qu’il s’agisse des technologies d’exploration ou de l’amélioration des rendements de fabrication, sans compter l’apparition des diamants fabriqués en laboratoire.

Les nouvelles technologies pourraient améliorer la viabilité économique de l’extraction de petits diamants dans les résidus, à savoir les piles de kimberlite broyée issue des usines de transformation.

Le point le plus intéressant réside dans le fait que des ressources auparavant non rentables vont devenir attrayantes. Aujourd’hui, la plupart des mines produisent de 0,5 à 2,00 carats par tonne. De façon très générale (sans parler du coût de la production, du type et de la taille des marchandises et d’autres composants qui ont un impact sur la viabilité économique), la hausse des valeurs du brut et l’amélioration des technologies de séparation peuvent diriger l’attention des miniers vers des projets d’exploration abandonnés, car jugés non rentables. À propos, comment aviez-vous deviné que De Beers possède une énorme base de données, pleine de ce type de projets ?

Enfin, à chaque fois qu’apparaît une solution de rechange, qui ressemble à l’originale, coûte moins cher et résout les problèmes, par exemple de type éthique, elle jouit d’un bon potentiel de croissance, notamment si elle est bien commercialisée. Ici, l’alternative pourrait être les diamants fabriqués en laboratoire, même s’ils sont une abomination dans le secteur du diamant naturel.

Quels que puissent être les changements, n’ayez aucun doute sur leur réalité. Nous avons tendance à considérer l’industrie du diamant comme un secteur traditionnel. C’est vrai en un sens, mais même les traditions évoluent avec le temps et notre domaine n’y fait pas exception.

L’industrie a toujours connu des changements. Il n’y a eu qu’une seule constante : ceux qui ont changé ont évolué et survécu, les autres ont observé le reste de la meute aller de l’avant sans eux.

C’est le principe de Darwin.

Le secret est de ne pas se laisser distancer, mieux vaut mener le changement et tracer la voie pour les autres.

Suivi – Une journaliste d’actualités télévisées qui avait allégué, sans motif, que des actions indues avaient lieu dans l’industrie du diamant et dans son système judiciaire interne avait inspiré l’article de la semaine dernière. Cette journaliste a été licenciée cette semaine après un nouveau reportage dont les faits n’avaient pas été vérifiés au préalable : elle a signalé le rapt d’un enfant qui n’avait jamais eu lieu.

Source Idexonline