Le marché de l’expérience

Michelle Graff

Time Inc. et YouGov, un cabinet d’études de marché britannique, ont publié leur 10ème enquête annuelle sur la prospérité et les richesses. L’étude, sortie au cours de la semaine du 27 avril, est le résultat d’une enquête auprès de 6 000 consommateurs aisés dans le monde.[:]

Bien que j’aie assisté aux conférences de presse sur l’enquête des années précédentes, je ne m’y suis pas rendue cette année. Ma nouvelle addiction pour la série Mad Men me fait veiller tard, et j’ai du mal à me lever le matin pour mes rendez-vous.

J’ai malgré tout pu passer un peu de temps au téléphone avec une directrice associée de YouGov, Cara David, le mercredi 29 avril dans l’après-midi, pour évoquer l’un des aspects les plus intéressants de l’enquête : les consommateurs préfèrent toujours dépenser leur argent pour des expériences plutôt que pour des objets.

[two_third]Une dirigeante de MasterCard a évoqué cette même particularité lors d’une présentation à la Conférence sur les ventes de détail dans le monde, le 23 avril à Tucson. (Pour rappel, je sais bien qu’il existe une disparité entre les données fournies par le département américain du Commerce sur les ventes de bijoux, auxquelles nous avons fait référence au début de la semaine du 27 avril, et celles que MasterCard a présentées à la conférence de Tucson. Je vais m’intéresser à ce sujet la semaine prochaine.)[/two_third][one_third_last]

« Les consommateurs préfèrent toujours dépenser leur argent pour des expériences plutôt que pour des objets. »

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L’enquête Time Inc./YouGov, qui interroge les consommateurs aisés sur leurs prévisions de dépenses pour l’année, puis les compare aux dépenses effectives de l’année passée, montre que le budget pour les voyages augmentera davantage que toute autre catégorie en 2015. Le budget des repas au restaurant ou des sorties devrait également augmenter.

Les données produites par MasterCard ont donné des résultats similaires : les personnes dépensent davantage pour des voyages (MasterCard s’intéresse tout particulièrement aux billets d’avion) et pour des repas au restaurant.

Cara David a proposé une explication : « les gens consacrent leur argent, en priorité, à des expériences : ils se rendent dans certains endroits avec leur famille, rencontrent des gens et il est difficile de rivaliser avec ce genre d’expérience. »

Cela signifie aussi qu’ils dépensent moins pour acquérir des objets, des choses, des « trucs » à mettre dans leur maison, une tendance avec laquelle je suis totalement en phase.

J’ai longtemps été fascinée par tout le mouvement minimaliste, en particulier les personnes qui limitent leurs biens personnels à 100 objets. J’ai envisagé d’adopter ce style de vie plusieurs fois au fil des années. J’ai simplement l’impression, au final, que je ne serais pas capable de le faire.

J’apprécie toutefois de ne posséder qu’un minimum de choses, d’une part en raison de la taille de mon appartement, mais aussi parce que je ne veux pas me sentir débordée par mes « affaires ».

À l’instar de nombreuses personnes interrogées, je préfère dépenser mon argent disponible pour sortir dîner avec des amis, partir en voyage ou aller voir des films ou des pièces de théâtre. En 2015, ma résolution du Nouvel an consistait, en fait, à adopter une méthode comptable interne pour conserver un stock personnel réduit : à chaque fois que j’achète quelque chose (à part des aliments et des articles de toilette), je dois me débarrasser d’au moins une chose que je possède déjà.

Alors, quel est le sort réservé aux bijoux face à cette tendance à préférer les expériences aux objets ? Je dirais qu’ils ne devraient pas souffrir autant que d’autres « articles ».

Après tout, les bijoux ont une valeur intrinsèque tout autant que sentimentale. Ils possèdent les caractéristiques que, selon Cara David, les gens recherchent lorsqu’ils achètent des articles non essentiels ces jours-ci : les bijoux évoquent des souvenirs, ils ont du sens et, lorsqu’ils sont bien faits, ils sont extraordinaires. De nombreuses pièces, particulièrement de nos jours, sont uniques.

C’est la seule « chose » pour laquelle je suis prête à ne pas tenir ma bonne résolution pour 2015.

Source National Jeweler