Le boom des mariages va-t-il durer ?

Leah Meirovich

Le secteur du bridal espère que la dynamique perdurera après 2022, l’année la plus riche en mariages depuis presque quatre décennies.

Pendant quasiment deux ans, le monde s’est arrêté pour faire face à la Covid-19. Les déplacements étaient limités et les activités en extérieur réduites.

Pourtant, une activité a semblé ne pas avoir perdu de son allant pendant la pandémie : les fiançailles. Davantage de personnes ont fait leur demande, réalisant peut-être que la vie pouvait être courte – à moins qu’ils n’aient simplement découvert qu’ils pouvaient être heureux avec la personne aimée en situation de confinement.

Mais quant à se passer la bague au doigt, l’histoire était bien différente. Les restrictions de la pandémie ont obligé de nombreux couples à mettre en pause leurs projets de cérémonie. Cette tendance en a amené beaucoup dans l’industrie à imaginer que 2022 serait une année faste pour les mariages – et la réalité semble leur avoir donné raison.

« Nous avons effectivement assisté à un boom en 2022, qui a été assez intense et fou, pour être honnête, affirme Robyn Bruns, directrice générale de Wedding Planner Magazine, une publication de l’Association of Bridal Consultants (ABC). On aurait dit que l’industrie vivait un raz-de-marée. Les gens voulaient vraiment se marier en 2022, ils étaient prêts à signer, même un mardi ou un jeudi. Pour cela, ils avaient attendu deux ans et c’était trop. J’ai personnellement organisé un mariage en début d’année, pour lequel des roses blanches étaient prévues et ma fleuriste a été incapable d’en trouver une seule. »

Les chiffres parlent d’eux-mêmes

Au total, ce sont 2,6 millions de couples qui se sont dit oui l’an dernier, le chiffre le plus élevé depuis 1984, d’après un sondage du site de mariages The Knot. Pour ces couples, la durée moyenne des fiançailles était de 15 mois, bien que 13 % d’entre eux aient attendu deux ans ou plus pour se passer la bague au doigt.

La hausse des unions était d’environ 75 % par rapport à 2019, fait remarquer Veronica Foster, présidente d’ABC et responsable d’ABC USA, d’après sa propre expérience et les retours de ses prestataires de services de mariage partout aux États-Unis.

« Le boom de 2022 a bien eu lieu, explique-t-elle. Un grand nombre de nos membres étaient même un peu dépassés. Ils étaient ravis parce que les revenus avaient été inexistants pour nous en 2020 et faibles en 2021 mais l’année 2022 a été incroyablement stressante. »

Le site d’enregistrement des mariages, Honeyfund, a profité d’une hausse des inscriptions de 20 % en glissement annuel, d’après sa PDG, Sara Margulis.

Entre-temps, Shane McMurray, PDG de la banque de données The Wedding Report, prétend que les fournisseurs auxquels il a parlé fin 2021 avaient des agendas pleins pour 2022.

Mais cela indique-t-il une croissance fondamentale ou n’était-ce qu’un report des mariages qui n’ont pas pu avoir lieu pendant que le monde était à l’arrêt ?

« Je pense qu’il s’agit de la somme de trois années de mariages rassemblées en une seule, explique Robyn Bruns. Tout le monde s’est décidé en même temps, deux facteurs semblaient être à l’œuvre : les gens qui avaient attendu et ceux qui se seraient normalement mariés en 2022, tout cela s’est mélangé. »

Robyn Bruns estime que le nombre total de mariages l’année dernière était d’environ 50 % à 60 % supérieur à celui d’une année normale, avant la pandémie.

Continuer à faire tourner la machine

Le taux élevé de fiançailles l’année dernière laisse penser que 2023 sera une nouvelle année solide pour le secteur, explique Severine Ferrari, créatrice d’Engagement 101, une plate-forme multimédia pour les couples qui prévoient de se fiancer.

« D’après ce que l’on me dit, l’année 2022 n’était pas seulement une année de boom pour les ventes d’alliances mais le marché des bagues de fiançailles était lui aussi florissant, annonce Severine Ferrari. Il est toujours très solide. Les professionnels ont vendu au moins 30 % de plus que l’année précédente. »

Dans le segment des bagues de fiançailles, les diamants sont restés le choix numéro un, d’après The Knot. Environ 85 % des personnes interrogées par le site ont opté pour cette pierre en 2022. Parmi elles, 37 % ont acheté des rondes et 21 % des ovales. Plus d’un tiers des pierres centrales acquises pendant l’année étaient synthétiques.

Shane McMurray estime également que cette année sera solide, précisant que de nombreux fournisseurs de services de mariages, dont les agendas étaient pleins l’année dernière, ont des plannings tout aussi serrés pour 2023, et certains même pour 2024. Les données de Honeyfund montrent aussi qu’en raison de l’immense accumulation des mariages reportés, de nombreux couples se diront oui en 2023, explique Sara Margulis.

Et les couples ne se contentent plus de réserver de beaux sites près de chez eux. L’une des tendances les plus populaires concerne les mariages organisés dans des destinations de rêve. Veronica Foster a du mal à trouver de la place pour ses clients qui recherchent ce type d’événement.

« Nous découvrons qu’un grand nombre des dates de mariages dans les différents lieux de réception sont réservées jusqu’à l’automne 2023, ce qui est bien plus tôt que d’habitude, explique-t-elle. En temps normal, si j’essayais de réserver maintenant, je pourrais obtenir une date pour septembre, octobre, mais là, j’ai vraiment du mal et je dois repousser de nombreux clients jusqu’en janvier 2024 pour trouver une date, et parfois même pour un jour en semaine. J’ai parlé avec l’un de nos fournisseurs hier, une fleuriste de luxe haut-de-gamme, qui m’a dit que son agenda était déjà plus que plein pour 2023 et qu’elle ne pouvait plus prendre personne. »

Toutefois, Robyn Bruns, de Wedding Planner Magazine, ne pense pas que 2023 sera aussi chargée que ce que l’on prédit.

« Je pense que cette année sera plus proche de la normale, voire un peu plus calme, explique-t-elle. La plupart des fournisseurs ont affirmé que leurs retards dus aux mariages reportés avaient été épurés. Selon moi, les gens ont aussi perdu le sens de l’urgence qui les motivait l’année dernière parce qu’ils ne savaient pas à quel moment les choses risquaient de s’arrêter à nouveau. Je pense que l’économie va aussi ralentir les mariages. Les gens pourraient décider d’attendre peut-être un an et d’économiser un peu avant de se marier. »

Robyn Bruns se demande si cette hésitation pourrait entraîner un mini-boom en 2024. D’une façon ou d’une autre, affirme-t-elle, l’industrie de la bijouterie continuera de prospérer.

« Je pense que l’industrie de la bijouterie n’a pas à s’inquiéter, explique-t-elle. L’année 2023 sera certainement positive pour les fiançailles. Les gens continueront à se fiancer et à acheter des bagues. Mais ils ne se marieront pas nécessairement tout de suite. »

Source Rapaport