La NBF de Dubaï entre sur le marché du prêt d’Anvers

Joshua Freedman

La National Bank of Fujairah (NBF) vient d’ouvrir un bureau de représentation à Anvers. La banque cherche ainsi à étendre son activité en prêtant à des négociants diamantaires bien établis. [:]

La banque de Dubaï cherche à servir des négociants affichant des sources de revenus sécurisées et une bonne traçabilité des produits, a indiqué Vince Cook, son PDG, à Rapaport News au cours de la semaine du 1er avril. Le nouveau bureau l’aidera à améliorer sa connaissance du marché et à renforcer ses relations avec ces clients, tout en profitant du solide régime de conformité de la Belgique, a-t-il déclaré.

« Cela confirme la position d’Anvers sur le marché international, a indiqué Vince Cook. Ne pas être sur place semblait une lacune pour nos aspirations à plus long terme. »

La NBF a prêté pendant de nombreuses années à l’industrie de l’or et des bijoux et a par la suite décidé d’entrer dans le secteur diamantaire. Sachant que celui-ci fonctionnait différemment des industries qu’elle connaissait, elle a lancé son bureau axé sur les diamants à Dubaï en 2015 en rassemblant une équipe de l’ancienne Banque diamantaire anversoise (ADB).

Son activité diamantaire s’est développée mais il est apparu évident qu’elle avait besoin d’une base en Belgique pour développer cette division car bon nombre de ses clients disposaient de structures à Anvers et à Dubaï, a fait remarquer Vince Cook. Elle continuera à fournir des prêts depuis Dubaï puisqu’elle n’est pas autorisée à pratiquer des activités bancaires en Belgique.

Des entreprises fiables

La pratique de la NBF qui consiste à ne choisir que les clients affichant les modèles d’activité les plus durables lui permet de se développer dans un secteur dont d’autres banques se retirent, a expliqué Vince Cook. Ces dernières années, ADB, ABN Amro, Standard Chartered et l’Indien ICICI Bank ont tous quitté le secteur ou revu leurs prêts à la baisse.

Bien que la NBF finance les achats de brut de sociétés bien établies en vue de leur fabrication, la plupart de ses crédits au marché sont destinés à des acheteurs et des revendeurs de brut, a-t-il fait remarquer.

Le recul du crédit bancaire a principalement concerné le secteur de la taille, dans lequel les fluctuations du marché ont imposé des pressions sur les relations bancaires, a ajouté Vince Cook. Des sociétés axées sur la fabrication de masse de petits diamants ont perdu beaucoup de terrain, tout comme les petits négociants qui travaillent sans savoir avec certitude s’ils vont pouvoir vendre leurs marchandises, a-t-il déclaré.

« Si vous extrayez des diamants d’une mine existante et que vous les produisez en fonction des commandes pour une des grandes marques de bijoux, les choses n’ont pas beaucoup changé », a indiqué Vince Cook.

De nombreuses banques qui desservent une vaste gamme d’acteurs du marché, des grandes entreprises de taille aux petits négociants, ont vécu de mauvaises expériences, a observé le dirigeant. Ces prêteurs finissent inévitablement par avoir un avis négatif du marché, car ce vaste éventail de clients comprendra toujours des défaillances, a-t-il affirmé.

« Nous arrivons avec un point de vue légèrement différent. Nous visons le secteur du négoce, plus proche de la source initiale d’approvisionnement, et nous nous montrons très sélectifs sur les acteurs de l’industrie que nous sommes prêts à financer, a expliqué Vince Cook. Cela ne signifie pas que nous ne connaîtrons pas de difficultés mais la nature de l’activité sera très différente de celle d’une banque indienne ordinaire. »

Une position stricte sur l’approvisionnement

Exiger un approvisionnement fiable est une part essentielle de cet axe tourné vers des activités commerciales sécurisées.La NBF ne prêtera qu’à des sociétés qui se procurent des pierres auprès d’une liste de sources acceptables, satisfaisant des exigences de conformité, a-t-il ajouté.

La banque voudra également savoir à quelle fin les acheteurs de ses clients utiliseront les marchandises, pour s’assurer qu’il existe une véritable demande au niveau des consommateurs, a-t-il fait remarquer. La récente fraude supposée de 2 milliards de dollars de Nirav Modi et Mehul Choksi contre la Punjab National Bank a fait naître une prudence accrue face au danger des fausses ventes de diamants réalisées dans le seul but d’obtenir des prêts.

Parallèlement, des initiatives de traçabilité telles que le programme Mine to Market (De la mine à la boutique, M2M) du Gemological Institute of America apportent des informations sur l’offre de diamants d’une société qui n’étaient pas disponibles il y a quelques années encore. Bien qu’il existe de nombreuses autres sources d’informations sur la légitimité d’une entreprise, les initiatives sur la provenance joueront un rôle de plus en plus important dans les décisions des banques, a-t-il indiqué.

« Tout est lié, autrement dit un diamant ayant une bonne provenance, crédible, sera plus facile à commercialiser, a-t-il poursuivi. S’il est plus facile à commercialiser, du point de vue du risque de crédit, il est plus facile à financer. »

L’attrait d’Anvers

La NBF étant désormais installée à Dubaï et Anvers, elle considère ne pas avoir besoin d’ouvrir de bureaux supplémentaire à l’heure actuelle car ces deux centres couvrent le gros de sa clientèle.

En effet, la décision de la banque renforce l’attrait de l’industrie diamantaire de la ville auprès des prêteurs, a annoncé Ari Epstein, PDG du Antwerp World Diamond Centre.

« Toute personne qui fait bien son travail et qui est prête à acquérir des connaissances précises sur l’industrie diamantaire admettra que les nombreuses mesures strictes appliquées à ce secteur permettent à un fournisseur de services financiers de développer une activité solide », a expliqué Ari Epstein.

Source Rapaport