Hautes mers et ports paisibles

Edahn Golan

Un goût de nouvelle année flotte toujours dans l’air, mais nous avons suffisamment avancé en 2012 pour nous faire une idée de l’axe qui a été pris, et il est possible qu’il ne soit pas formidable. La demande des consommateurs semble positive, mais présente des menaces.[:]

Les économies américaine et chinoise sont stables, et toutes deux devraient progresser cette année. Le PIB de la Chine devrait s’apprécier de 8,7 % et celui des États-Unis de 2,9 %. Pour la Chine, il s’agit d’un ralentissement par rapport à 2011, quant aux États-Unis, ils se trouvent en dessous de la moyenne mondiale de 3,6 %.
En Europe, la situation est délicate. Les Européens sont en majorité aisés et les titres de la presse économique ont un peu oublié l’Europe ces dernières semaines. Cependant, il existe toujours de réels enjeux économiques. La crise, que l’on annonce sans cesse comme imminente, amène de nombreux acheteurs à rester prudents en matière de dépenses de luxe.

Suite à une croissance à deux chiffres des importations de taillé l’an dernier, il se pourrait que l’intérêt pour les bijoux en diamants s’atténue au Japon. En Inde, les consommateurs ne se sont pas montrés à la hauteur des fortes attentes. Et même s’ils ont acheté plus, les volumes n’ont pas affiché une hausse spectaculaire.
À l’autre extrémité de la chaîne de production, les diamants affluent du Zimbabwe, pour répondre à une demande de marchandises de grande taille à faible coût. Au Canada, Stornoway devrait bientôt démarrer ses opérations à Renard et Alrosa envisage toujours une augmentation de la production en Russie.
Quant à De Beers, la société n’a pas publié de perspectives très encourageantes pour 2012 et Rio Tinto a abandonné l’idée d’une exploitation souterraine à Argyle cette année. BHP cherche, à raison, à vendre son unique mine de diamant.

Les stocks de brut, notamment les 2 carats et la catégorie supérieure, devraient connaître une baisse de leur disponibilité en 2012. Dans le secteur du taillé, les belles perspectives laissées par le récent salon de Hong-Kong se sont évaporées. En Inde, les négociants sont inquiets et leur nervosité est communicative. La hausse des prix du taillé au lendemain du salon n’est plus désormais qu’un pic sur l’indice des prix, lesquels se sont depuis adoucis.

Deux cycles d’achat de brut ont déjà eu lieu cette année et personne ne fait des pieds et des mains pour se procurer les marchandises. Avec des stocks de taillé volumineux et une offre régulière de brut, les prix du taillé ont ralenti. Il est inutile d’essayer de fixer la direction des prix. Toutefois, compte tenu de ce qui précède, il est fort probable que le brut et le taillé afficheront des prix modérés à court terme.

Les établissements bancaires ont de l’argent à prêter à l’industrie diamantaire. Dans le même temps, le financement fait défaut, qu’il s’agisse de fabrication ou de commerce de détail. Les banques sont plus regardantes sur les destinataires des prêts et le nombre d’emprunteurs diminue. L’argent distribué n’a pas non plus de retombées en cascade. En effet, les négociants ne sont pas disposés à proposer les calendriers de paiement à long terme que l’on a vus pour la dernière fois en 2008. Quant au brut, il n’est toujours proposé qu’au comptant.

Certains problèmes conjoncturels pourraient aussi jouer un rôle négatif. Les enquêtes fiscales en Israël sont loin d’être terminées, un procès retentissant débute à Anvers et des problèmes de réputation continueront à planer sur l’industrie mondiale du diamant.

La carte de 2012 n’a pas été entièrement dessinée. Les problèmes extérieurs sont hors de notre contrôle et il est inutile de se battre contre des moulins à vent. En revanche, un contrôle prudent des stocks, la négociation de meilleures conditions bancaires, le respect de la loi, l’engagement de dépenses en R&D et l’amélioration de la qualité du produit sont des questions internes, qui sont à notre portée.

D’autre part, les opérations marketing devraient bénéficier d’investissements supérieurs. La commercialisation de diamants génériques a quasiment disparu. Il est temps maintenant de choisir une agence de publicité ou une bonne équipe marketing, d’établir un axe et d’œuvrer pour attirer l’attention des consommateurs. N’ayez aucun doute, certains sur le secteur s’en tireront particulièrement bien. L’objectif est de faire qu’ils englobent autant de participants que possible.

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