Gilian Milovanovic : la séance plénière du KP bloquera les tentatives d’interdire certains pays en cas de violences « non apparentées »

Edahn Golan

L’Ambassadeur Gillian A. Milovanovic, la présidente du KP, tient à rassurer ceux qui craignent que la nouvelle définition proposée pour les « diamants du conflit » ne place quasiment tous les pays en situation de conflit armé sur la liste noire du commerce du brut[:] ; elle insiste sur le fait que les décisions sont prises par le forum plénier du Kimberley Process (KP).

Plusieurs pays membres du KP craignent en effet que les questions n’ayant aucun rapport avec les diamants (notamment les affrontements à la frontière entre l’Inde et le Pakistan, les litiges frontaliers entre la Chine et le Japon ou les tirs transfrontaliers entre Gaza et Israël) ne servent de motif pour bloquer le commerce du brut des principaux pays traditionnellement acteurs de ce marché.

Dans une interview accordée à IDEX Online, Gilian Milovanovic a déclaré : « Les décisions ne sont pas prises par un groupe imaginaire, mais bien par la séance plénière. » (La séance plénière est la principale assemblée annuelle du KP, qui se réunit en novembre de chaque année.)

« Et surtout, la définition se concentre sur les « conflits systématiques », là où le brut est extrait, et qui concernent directement le brut », souligne-t-elle.

La définition définitive reste encore à rédiger. Toutes les suggestions pour la séance plénière de cette année ont été présentées en août. Début octobre, un comité de réforme se réunira en Afrique du Sud pour élaborer le texte définitif qui sera soumis au vote lors de la séance plénière à Washington DC en novembre.

L’assemblée de novembre verra également le départ des États-Unis de la présidence du KP ; l’actuel vice-président sud-africain prendra le relais.

Plusieurs observateurs estiment que la définition doit être claire et ne pas laisser la place à l’interprétation lors des assemblées annuelles. L’affinement de cet énoncé fonctionnerait dans les deux sens : il faciliterait le début de la surveillance et, le cas échéant, interdirait les infracteurs, et il éviterait les discussions non apparentées aux diamants, comme dans les exemples ci-dessus.

Certains représentants nationaux, s’exprimant sous couvert d’anonymat, ont d’autres préoccupations : avec les suggestions actuelles, si un magnat des diamants finançait des colonies en Cisjordanie, par exemple, ou si les revenus d’un pays provenaient en grande partie de l’extraction de diamants, comme en Sierra Leone ou au Botswana, ceux-ci pourraient être la cible de la nouvelle définition des diamants du conflit.

Gilian Milovanovic semble rejeter cette idée, soulignant que le brut doit être directement lié aux conflits étudiés. « Personne ne veut aboutir à une situation qui mène à l’instabilité », explique-t-elle, ajoutant que rien n’est encore fixé, et qu’il n’existe pas de « voie à sens unique. Le changement est possible. » Mais que se passerait-il si le changement n’était pas adopté à l’assemblée de novembre ? « Le problème ne va pas disparaître, explique Gilian Milovanovic. Si nous ne trouvons pas de terrain d’entente, le KP devra poursuivre ses efforts. L’autre problème, c’est que des interrogations continuent de planer sur un produit de grande consommation, affirme-t-elle ; les pays et autres organismes auront à gérer la situation. »

« En fait, lorsque vous souffrez d’une image négative, il faut l’effacer pour pouvoir promouvoir le produit à nouveau », prévient-elle, ajoutant que « tout va bien maintenant, mais que le problème doit être géré avant que cette image ne soit ternie. »

Dans ce contexte, il faut absolument établir si, dans le cas où la nouvelle définition ne serait pas adoptée, certains pays pourraient choisir d’établir leurs propres règlements. En tant que présidente du KP, représentant tous les pays membres, Gilian Milovanovic ne s’exprime pas pour les « Américains ». Cependant, le risque que les États-Unis, le Canada ou la Communauté européenne choisissent, de leur côté, d’adopter des lois plus strictes pèse sur les pays qui hésitent à appliquer ces changements.

Interrogée sur sa perception de l’industrie du diamant, près d’un an après son arrivée dans le secteur, elle la qualifie de fascinante. « Ce qui me frappe le plus, c’est sa taille… nous avons la responsabilité du moyen de subsistance des nombreuses personnes qui y travaillent », conclut-elle.

Source Idexonline