Gaetano Cavalieri : ce sera notre premier congrès en Russie et il devrait être exceptionnel

Alex Shishlo

La World Jewellery Confederation (CIBJO) représente l’ensemble de l’industrie joaillère, c’est-à-dire des sociétés très diverses, allant de l’extraction des pierres et métaux précieux à la fabrication et la vente des produits finaux.[:]

Les membres de la confédération sont des associations de joaillerie nationales, issues de plus de 40 pays, dont la Russie. En 2006, la CIBJO était la seule organisation à avoir reçu le statut officiel de consultant auprès du Conseil économique et social des Nations unies pour le développement de l’industrie mondiale de la joaillerie.

Dans le cadre du congrès de la CIBJO, qui se tiendra à Moscou du 17 au 21 mai, Gaetano Cavalieri, son président, a aimablement accepté de répondre aux questions de Rough&Polished.

Monsieur Cavalieri, quels sont les thèmes à l’ordre du jour du prochain congrès de la CIBJO ?

La CIBJO est une organisation présente partout dans le monde, qui intègre tous les niveaux de la chaîne de distribution, des mines jusqu’aux boutiques. Elle est organisée en secteurs, qui comprennent eux-mêmes des commissions et des groupes de travail spécialisés dans les diamants, les pierres précieuses de couleur, les perles, les métaux précieux, l’éthique, le marketing et la formation, l’encadrement des associations, les salons professionnels, le corail, les affaires de l’Union européenne, etc. Chacun de ces groupes au sein de la CIBJO organise son propre agenda. Mais il existe des sujets qui sont abordés par la CIBJO dans son ensemble.

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Le premier jour du congrès, par exemple, nous organisons une conférence spéciale, portant sur les défis que représentent les diamants synthétiques. Nous étudierons le rôle du secteur de la joaillerie dans l’avancement des objectifs de développement des Nations unies après 2015, son empreinte carbone, ainsi qu’un système développé avec la contribution de la CIBJO et qui permettra à toutes les sociétés de mettre en place la RSE en interne. Si vous travaillez dans le secteur des diamants et de la joaillerie, certains points de l’ordre du jour vous concerneront directement. J’invite donc tout le monde à nous rejoindre à Moscou entre le 17 et le 21 mai.

Selon votre organisation, quels sont les défis à moyen et long termes que doit relever le marché de la joaillerie ?

C’est un vaste sujet et ce ne serait pas lui faire justice que d’y répondre en quelques mots. Je citerai toutefois deux défis majeurs. L’un concerne la définition de normes et pratiques responsables, qui peuvent être appliquées par toutes les sociétés et ne lèsent pas les petites entreprises aux ressources limitées.Un autre consiste à intégrer les pierres synthétiques, diamants compris, en informant correctement le consommateur et sans menacer les pierres naturelles.

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« Deux défis majeurs: la définition de normes et pratiques responsables et intégrer les pierres synthétiques, diamants compris, en informant correctement le consommateur. »

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Le congrès de la CIBJO discutera notamment du rapport sur la bonne déclaration des traitements et des modifications sur les pierres. On a remarqué qu’il existe un système international de codage des déclarations, créé il y a déjà quatre ans. Malheureusement, il n’est que rarement utilisé. Pourquoi en est-il ainsi et y a-t-il des répercussions pour les acheteurs de bijoux ?

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Ce système de codes simples a pour but d’améliorer la déclaration et le transfert d’informations sur le marché. Il ne doit toutefois pas être utilisé pour déclarer aux clients les traitements et les améliorations apportés. Les consommateurs doivent recevoir une explication complète et détaillée en la matière. À l’évidence, si l’usage limité des codes de déclaration révèle un manque de communication sur le marché, les consommateurs ne reçoivent peut-être pas toutes les informations dont ils ont besoin. Ce n’est pas seulement malheureux, c’est un comportement inadéquat.

Le congrès discutera de la façon de qualifier correctement les rubis traités au verre enrichi en plomb. Quel est le problème de ces rubis ?

En premier lieu, et notre Commission sur les pierres précieuses de couleur en avait déjà parlé l’année dernière, dans le cas des pierres fortement enrichies, la dénomination « rubis » est tout à fait erronée. Il s’agit de matériaux composites, constitués de rubis et de verre. Or, d’une part, ils doivent être correctement déclarés. D’autre part, il faut dire aux consommateurs qu’ils sont aussi instables : l’état de la pierre composite est susceptible de se dégrader dans certaines conditions. La CIBJO, et moi-même d’ailleurs, travaillons à répondre aux plaintes spécifiques des consommateurs. Nous avons réussi à aider des gens, qui avaient acheté ces matériaux, à se faire rembourser, lorsqu’ils n’avaient pas été informés de la véritable nature de leur acquisition.

À votre avis, dans quelle mesure le marché des pierres de couleur est-il menacé par les pierres synthétiques non déclarées ?

Il est très difficile de connaître précisément l’ampleur de la pratique mais je vous dirais qu’à chaque fois qu’une pierre synthétique est vendue sans déclaration adéquate, notre réputation en souffre.

Une conférence spéciale est organisée le lundi 19 mai pour étudier le problème posé par l’afflux de diamants synthétiques dans la filière. Quel rôle particulier aura à jouer la CIBJO dans la gestion de ce problème ?

La CIBJO est la seule tribune à rassembler tous les secteurs de l’industrie de la joaillerie au sens large, c’est donc celle qui convient pour une conférence de ce type. L’objectif de la conférence n’est pas de simplement définir un problème, mais plutôt de formuler une méthode grâce à laquelle les synthétiques pourraient trouver leur place dans le secteur. Cela signifie qu’ils vont venir étendre la gamme des produits vendus mais qu’ils ne vont pas nuire aux diamants naturels, que nous considérons comme une catégorie distincte. Et ils ne doivent pas non plus nuire aux intérêts des consommateurs.

Comment évaluez-vous la situation actuelle sur le marché mondial des bijoux ? Pensez-vous que ce marché perde ou gagne du terrain face à d’autres produits de luxe ?

À en juger par les données, les bijoux tiennent bon face à d’autres produits de luxe et se comportent probablement encore mieux sur les marchés en développement. Mais il y a toujours la possibilité de s’améliorer, en particulier auprès des jeunes consommateurs.

Quels résultats attendez-vous du congrès de la CIBJO à Moscou ?

Comme toujours, nous espérons que l’industrie sortira renforcée du congrès, en grande partie grâce à notre volonté à nous asseoir ensemble et à discuter des difficultés communes. Nous comptons aussi sur notre sens inné de la responsabilité mutuelle. Le congrès pourrait être considéré comme un événement jalon dans plusieurs domaines : les diamants synthétiques, la RSE et la certification de la chaîne de traçabilité, la sensibilité environnementale, les normes publicitaires équitables, basées sur des principes, etc. Ce sera notre premier congrès en Russie et il devrait être exceptionnel.

Source Rough & Polished