Exploitation minière, vente au détail et marges fuyantes

Edahn Golan

Les résultats de l’année 2013, tout juste terminée, sont lentement divulgués et font apparaître une image mitigée de l’industrie du  diamant. [:]Les grands miniers ont extrait davantage de minerai, mais les prix du brut ont fluctué – à la hausse, à la baisse, puis à la hausse de nouveau.

Les ventes de taillé ont été peu glorieuses et les prix ont résisté à la tendance de hausse moyenne, de 3,5 % à 4 % en glissement annuel. En décembre 2013, le prix moyen d’une ronde de 1 carat était quasiment inchangé, en baisse de 0,2 % en glissement annuel. Sur une base annuelle, la situation est pire : en 2013, le prix moyen des rondes de 1 carat était de 3,7 % inférieur au prix moyen de 2012. Les détaillants ont besoin de pouvoir améliorer leur rentabilité et il est clair qu’ils ressentent tous la nécessité de mieux comprendre la situation sur le marché du diamant.

Vous trouverez ci-dessous quelques informations relatives à l’évolution de l’économie du diamant en 2013, ainsi que mes réflexions sur la voie à suivre :

1. L’année 2013 a permis une certaine croissance pour l’industrie du diamant. ALROSA et la De Beers ont accru leur production, grâce à leurs acquisitions (Nizhne-Lenskoye par ALROSA), une reprise de la production (à la mine de Jwaneng, de la De Beers, après le glissement de terrain de juin 2012) et des teneurs en minerai plus élevées (à la cheminée Jubilee d’ALROSA et dans les mines Orapa et Venetia de la De Beers).

La production d’ALROSA en 2013 a progressé de 7 %, à 36,9 millions de carats, tandis que celle de la De Beers a augmenté de 12 %, à 31,2 millions de carats. Sur la base des rapports de la société, les ventes de diamants d’ALROSA sont estimées à 4,8 milliards de dollars en 2013, contre 4,45 milliards de dollars en 2012.

Le dernier rapport d’ALROSA dévoile certaines évolutions de prix, intervenues au cours de l’année. Le prix moyen par carat obtenu pour du brut de qualité au quatrième trimestre a été de 192 dollars. En comparaison, sur l’année entière, le prix moyen était de 176 dollars/ct. En 2012, les ventes ont atteint en moyenne 194 dollars/ct. Cela montre que le prix moyen des diamants de qualité a chuté en 2013, mais s’est repris vers la fin de l’année, atteignant quasiment les niveaux de 2012. 

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Les prix des diamants bruts étaient manifestement trop élevés et ALROSA a été contrainte de les réduire, sous la pression des fabricants, incapables d’augmenter les prix du taillé. La hausse récente du brut est-elle durable ? J’en doute. Les prix du taillé n’ont pas augmenté au même rythme et rien n’indique qu’ils progresseront dans les prochains mois.

[two_third]2. Les chiffres n’ont pas encore été publiés, mais les ventes de diamant taillé en 2013 ne devraient pas vraiment nous réjouir. Bien que le volume ait pu augmenter, les prix sont, au mieux, restés stables. Le marché du bridal recule aux États-Unis. L’augmentation du nombre de couples qui décident de fonder une famille, sans se marier, affecte les ventes de bagues de fiançailles, principal moteur de l’achat de bijoux en diamants. Cela représente un virage culturel, une évolution lente des mœurs. Tout revirement, s’il intervient, sera également lent à se mettre en place.[/two_third]

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« Les tailleurs doivent comprendre l’évolution du marché de consommation des diamants. Sans cela, l’évolution de l’industrie sera retardée. »

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3. Les négociants font preuve d’une capacité exceptionnelle à collecter des données sur le marché. Cette communauté, restreinte et soudée, également liée par une grande confidentialité, a absolument besoin de cette compétence, en partie parce qu’à ce jour, aucune alternative n’a été trouvée. En l’absence de tout système externe, qui recueille de grands volumes de données précises et les analyse, les fabricants sont dans une situation difficile : les miniers poussent dans un sens et le monde du détail évolue d’une façon difficile à évaluer ; savoir élaborer une planification stratégique à long terme s’apparente désormais à de la magie. 

Cela doit changer. Les tailleurs doivent comprendre l’évolution du marché de consommation des diamants, s’informer sur les marchandises bloquées en stock dans les magasins, les articles en demande croissante, les niches créatrices de marges, etc. Sans cela, l’évolution de l’industrie sera retardée.

[two_third] 4. Les détaillants se retrouvent aussi dans une impasse. On note l’absence de croissance continue de la catégorie du bridal, une incapacité à augmenter les niveaux de prix avec, simultanément, des grossistes qui tentent désespérément de faire monter les prix du taillé. Les détaillants ont donc eux aussi besoin d’un peu de latitude. Selon l’une de nos analyses préliminaires, ils en trouvent grâce aux diamants recyclés. Pour cela, ils achètent des diamants au public, à des prix beaucoup plus bas que le prix de gros des marchandises neuves, puis les revendent à un prix souvent légèrement inférieur aux tarifs du détail. Entre deux, les marges sont énormes. Des écarts de 50 % peuvent se transformer en marges à trois chiffres.

Je reparlerai de ce sujet plus tard mais notons, pour l’instant, que les détaillants ne montrent aucune réticence à utiliser des diamants recyclés pour protéger leurs marges. Ainsi, pour améliorer les ventes de marchandises neuves (des diamants récemment taillés), les prix doivent diminuer sur toute la gamme, et cela commence avec les miniers. Une fois de plus, les récentes hausses des prix du brut nuisent à l’économie du diamant.[/two_third][one_third_last]

« Recommandations : une forte baisse des prix du brut, une légère baisse des prix du taillé, de meilleures marges, de meilleures informations et le développement de secteurs, autres que le bridal, pour élargir le marché. »

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5. Les recommandations pourraient donc être les suivantes : une forte baisse des prix du brut, une légère baisse des prix du taillé, de meilleures marges, de meilleures informations et le développement de secteurs, autres que le bridal, pour élargir le marché.

Source Idexonline