Examen du premier trimestre

Avi Krawitz

D’après la plupart des rapports, le premier trimestre 2014 s’est révélé positif pour l’industrie. [:]Après une année 2013 difficile, les prix du taillé ont augmenté, les chiffres d’affaires se sont améliorés et la quantité de liquidités est en hausse. Les tarifs du brut ont également progressé et continuent de poser problème pour les marges bénéficiaires et les liquidités.

[two_third]Cependant, du moins à court terme, les marges bénéficiaires ont connu un mieux, avec une hausse des prix sur les ventes de taillé. Ces marges ont été réalisées principalement sur les marchandises issues du brut acheté au quatrième trimestre 2013 – lorsque les prix étaient modérés. Bien que les fabricants aient profité de ce répit, ils s’interrogent sur la pérennité des tarifs élevés du brut. Ils envisagent d’ailleurs un nouveau recul de leurs marges bénéficiaires, dès que le nouvel afflux de brut arrivera sur le marché dans deux à trois mois, une fois taillé.[/two_third]

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« Les marges bénéficiaires ont connu un mieux, avec une hausse des prix sur les ventes de taillé. »

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Des inquiétudes subsistent donc quant à la rentabilité. Le deuxième trimestre devrait en effet être le théâtre de nouvelles hausses des prix du brut. Les producteurs pourraient bien considérer l’optimisme ambiant comme un catalyseur pour augmenter leurs prix dès avril, lors du sight de la De Beers la semaine du 31 mars.

La De Beers a, de façon assez surprenante, augmenté ses prix en janvier, mais les a maintenus en février, ce qui est tout aussi surprenant. Philippe Mellier, son PDG, a déclaré à Reuters cette semaine que les prix du brut ont progressé de 2 % à 3 % jusqu’à présent en 2014, soit une avancée à peu près semblable à celle de 2013.

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Dans le même ordre d’idée, les prix du taillé ont augmenté, avec une demande particulièrement forte pour les diamants certifiés de moins de 1 carat. L’indice RapNet (RAPI™) pour les diamants certifiés de 1 carat s’est apprécié de 2,4 % entre le début de l’année et le 27 mars, lorsque nous mettions sous presse. Le RAPI pour les diamants de 0,30 carat est en hausse de 8 %.

Le marché reste sélectif, malgré une demande qui porte sur un éventail de marchandises supérieur à celui de 2013.

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« Les prix du taillé ont augmenté, avec une demande particulièrement forte pour les diamants certifiés de moins de 1 carat. »

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Les retards au Gemological Institute of America (GIA) ont généré des pénuries de certificats de dossiers sur le marché. Pour éviter l’attente, les négociants optent désormais pour des lots, des marchandises non-certifiées et des grosseurs de 0,25 carat. Au cours du trimestre, le délai de certification des diamants au GIA était d’environ 50 à 60 jours dans ses laboratoires de Carlsbad et New York. Il a atteint jusqu’à 110 jours à Mumbai. Le GIA espère à une certaine amélioration des délais au second semestre.

Bien que le retard soit symptomatique de la hausse à long terme des demandes de certification, il signale également la montée en puissance régulière de la fabrication ces trois derniers mois. À ce point de vue, et à bien d’autres, le premier trimestre 2014 a contrasté avec les tendances du trimestre précédent.

[two_third]Les fabricants ont été freinés à la fin de l’année dernière – entraînant des refus d’un brut très cher et un ralentissement du rythme de la taille – mais ils ont affermi leur activité sur le marché en 2014. Au début de l’année, leurs stocks de brut étaient peu fournis et leurs clients de gros et de détail se préparaient à reconstituer les stocks de taillé vendus pendant les périodes de Noël et du Nouvel An chinois.[/two_third][one_third_last]

« Les fabricants ont été freinés à la fin de l’année dernière mais ils ont affermi leur activité sur le marché en 2014. »

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Les fabricants indiens, généralement absents du marché depuis les fêtes de Diwali en novembre, ont recommencé à acheter du brut au premier trimestre. Certes, le marché local reste prudent avant les élections d’avril-mai, mais les exportateurs ont profité d’une demande stable aux États-Unis et en Chine.

[two_third]En réalité, la dynamique du marché a basculé des États-Unis à l’Extrême-Orient entre janvier et mars. La bonne demande des États-Unis a soutenu le marché au cours des deux premiers mois de l’année. Parallèlement, la demande en Extrême-Orient est restée prudente à l’approche du Nouvel An chinois à la mi-février. La saison des fêtes a été satisfaisante aux États-Unis, avec des remises sur les marges bénéficiaires des détaillants.[/two_third][one_third_last]

« La dynamique du marché a basculé des États-Unis à l’Extrême-Orient entre janvier et mars. »

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Le verdict n’est pas encore tombé en ce qui concerne le marché chinois, la prudence économique persistant pour le moment. Les analystes de Goldman Sachs ont noté, la semaine dernière, qu’en Chine, le commerce et la consommation – deux facteurs qui, selon eux, auraient dû apporter un soutien positif à l’économie – ont été décevants dans les deux premiers mois de l’année. La consommation a été ralentie par des efforts de lutte contre la corruption (cadeaux offerts aux fonctionnaires). Pourtant, même si cette campagne a touché les articles de luxe, tels que les montres et le vin, les ventes de bijoux ont relativement bien résisté pour le Nouvel An chinois.

Hong kong show 2014

La demande de bijoux en or a constitué la principale force motrice. Toutefois, les ventes de diamants chez les grands détaillants de bijoux ont été stables. La demande de diamants en Extrême-Orient a donc commencé à s’améliorer et les attentes ont été relevées pour le salon de mars, à Hong Kong. D’après la plupart des retours, le salon n’a pas déçu, confirmant la stabilité de la demande en Chine et en Extrême-Orient pour les VS-SI et grosseurs supérieures. Les acheteurs d’Extrême-Orient se sont adaptés à la hausse des cours vendeurs, plus rapidement que leurs homologues américains.

Les fabricants se sont donc montrés de meilleure humeur cette année. Ce sentiment se maintient pour l’arrivée du deuxième trimestre – malgré quelques mises en garde.

Les niveaux de liquidités demeurent une préoccupation majeure, après l’adoption par les banques d’une attitude plus conservatrice envers l’industrie. ABN Amro a réduit son financement à 70 % des achats de brut depuis le 1er janvier, laissant les clients financer le reste, et exhorte les autres banques à en faire de même.

La baisse des lignes de crédit n’a pas encore eu d’effet, comme en témoigne un marché du brut robuste au premier trimestre. Au contraire, cette diminution du taux de prêt d’avance devrait se faire sentir dans les prochains mois, étant donné le délai pour que ces mesures soient efficaces, a expliqué Erik Jens, le PDG d’ABN Amro, à Rapaport News. Et même si les banques indiennes n’ont pas appliqué de telles mesures, elles se montrent plus prudentes dans leurs prêts aux diamantaires. Enfin, les lignes de crédit indiennes ont été réduites à la suite de la dépréciation de la roupie.

La demande de brut devrait donc ralentir dans les prochains mois. La dynamique du marché est en partie cyclique. Le premier trimestre est généralement caractérisé par des échanges plus intenses, afin de reconstituer les stocks dans la filière (marchés du brut et du taillé). La tendance haussière devrait se poursuivre pendant quelques mois, avant une surchauffe du marché en été, aux environs du mois de juillet.

Certes, ce motif s’est répété ces dernières années, mais il peut différer en 2014. Si le marché adoptait une approche plus prudente, en particulier pour ses achats de brut, la dynamique positive pourrait  se prolonger plus longtemps que d’habitude. En ce sens, les prêts conservateurs des banques pourraient être positifs, car ils obligeront l’industrie à plus de modération, à un moment où les acheteurs de brut semblent devenir plus exubérants. Le marché du diamant est promis à une belle année en 2014 et a certainement démarré de façon positive au premier trimestre. Pourtant, peut-être faudra-t-il un peu de retenue collective pour que la dynamique se maintienne.

Source Rapaport