Entretien avec un directeur de la nouvelle Association de Diamants de Laboratoire

Rob Bates

Richard S. Garard, PDG du fabricant d’équipements Microwave Enterprises, a récemment été nommé secrétaire général de l’International Grown Diamond Association, l’organisation-cadre qui vient d’être créée pour l’industrie des diamants de laboratoire.[:] Pour l’instant, le groupe opèrera en dehors du siège de sa société basé à Morrisville, en Caroline du Nord. Dans cet entretien, Richard S. Garard parle avec JCK des raisons pour lesquelles le groupe a vu le jour, des vieilles controverses sur la nomenclature et des raisons pour lesquelles il pense que l’industrie traditionnelle ne devrait pas craindre les diamants fabriqués par la main de l’homme.

JCK : Quels sont les objectifs du nouveau groupe ?

Richard Garard : Représenter comme il se doit l’industrie des diamants de laboratoire, être clair sur leurs propriétés, le produit en lui-même et favoriser la croissance du secteur.

Prévoyez-vous d’embaucher des professionnels ?

Un jour, oui mais pas à court terme.

Que pensez-vous que l’industrie ait besoin de savoir sur le commerce des diamants de laboratoire ?

C’est un marché complémentaire du secteur. Dans un avenir prévisible, nous représenterons une petite part de la production de diamants. Je ne pense pas que nous allons remplacer les diamants d’extraction mais les consommateurs auront le choix entre un diamant naturel ou un diamant de laboratoire. Les domaines industriels et scientifiques ont besoin de l’uniformité disponible via la production de diamants de laboratoire.

Le nouveau groupe se concentrera-t-il sur les diamants ou les marchés industriels ?

Les deux. La plupart de nos membres ont actuellement une activité autour des diamants mais c’est parce qu’il y a un marché existant. Par la suite [quand les ressources naturelles déclineront], il faudra combler un vide. Les marchés industriels et scientifiques présentent également un potentiel important. Nous ferons certainement les deux. La plupart de nos sociétés sont sur ce marché initial, celui de l’industrie du diamant.

Pourtant, certaines grandes sociétés du secteur industriel, telles que Element Six ou U.S. Synthetic, ne sont pas membres actuellement.

Toutes les marques de diamants de laboratoire sont les bienvenues. Il s’agit d’une plateforme ouverte. Tous les membres doivent accepter notre code de déontologie et nos principes de meilleures pratiques. Toute société de diamants de laboratoire qui souhaite nous rejoindre est libre de le faire. Nous ne limitons l’accès à personne mais nous attendons des membres qu’ils aient le même état d’esprit.

Ces sociétés utilisent le mot synthétique. Pourtant, votre code considère que ce terme est « incorrect et trompeur ». Est-ce que cela les empêcherait de rejoindre l’association ?

L’un de nos objectifs est d’avoir une terminologie adéquate. Si vous regardez sur le site Internet ou si vous parlez à l’un de nos membres, vous noterez que le mot synthétique n’est pas le bienvenu. Il se rapporte aux produits comme la moissanite ou le zircon cubique. Chaque candidat devra en tenir compte. Les membres fondateurs croient dans le fait d’avoir une terminologie adéquate et précise.

Votre organisation utilise le terme « formés par croissance ». Pourtant, la Federal Trade Commission n’a pas approuvé ce terme. Elle préfère diamants de laboratoire. Est-ce que ce sera un problème ?

Je vais devoir me pencher là-dessus. Vous avez probablement raison. La plupart de gens utilisent le terme diamants de laboratoire. Certaines personnes utilisent cultivés. D’autres utilisent seulement formés par croissance. D’autres encore disent créés en laboratoire ou créés en serre.

Nous faisons de notre mieux et travaillons avec diverses agences pour clarifier les problèmes terminologiques. Nous devrons continuer à le faire. Il ne fait aucun doute que nous voulons tous être clairs sur le fait qu’il s’agit de diamants de laboratoire.

Certains membres ont déclaré que cela pourrait représenter votre secteur, lors d’échanges avec l’International Organization for Standardization (ISO) qui a récemment sorti un code de nomenclature que certains de vos membres n’ont pas accepté. Que contestez-vous en particulier dans cette norme ?

Nous communiquons encore pour arriver à régler cela. À ma connaissance, le nombre de [nos] membres qui ont examiné le projet s’élevait à zéro. C’est dommage.

Espérez-vous que la Federal Trade Commission changera quelque chose dans ces guides ?

Je n’ai personnellement pas interagi avec la FTC. Je devrais faire un suivi avec les autres à ce sujet.

Le comité de direction du groupe se compose de trois personnes Vishal Mehta, le PDG d’Illa Technologies, vous-même (votre société est partenaire d’IIA) et un mandant de Golcondia qui achète aussi auprès d’IIA. J’ai entendu des membres manifester leurs inquiétudes quant au fait qu’une société domine le groupe.

Toute association dans tout secteur a besoin d’une personne engagée pour prendre les rênes et la diriger. Vous ne pouvez pas le faire faire à 20 personnes occupées à gérer leur entreprise, surtout au début. Nous sommes très satisfaits de l’écho que nous avons eu. Les membres bienfaiteurs ont donné cette impulsion et dirigeront l’association pendant un moment mais ce sera une association à croissance internationale.

Je souhaiterais clarifier un point qui est paru quelque part dans la presse : votre société est-elle détenue par IIA ou l’une de ses sociétés affiliées ? Une communication d’Allemagne a indiqué qu’elle l’était.

Ils n’ont aucun droit de propriété quel qu’il soit. Le gentleman [en Allemagne] a supposé que nous étions plus qu’un distributeur et a fait cette déclaration erronée. Il est vrai que nous vendons et achetons des diamants à IIA et que par conséquent nous sommes proches d’eux mais j’essaye d’être proche de tous mes clients. Nous commençons également à acheter des diamants CVD (dépôt chimique en phase vapeur) à d’autres sociétés, en plus d’IIA.

Parfois, il semble qu’il existe une relation conflictuelle entre le secteur des diamants naturels et celui des diamants de laboratoire. Comment essayez-vous d’y remédier ?

J’espère qu’elle n’est pas conflictuelle. Je ne pense pas que le marché des diamants de laboratoire remplace un jour le marché des diamants d’extraction. Quand les réserves de diamants d’extraction baisseront, nous espérons que les diamants de laboratoire combleront un peu ce vide. Nous souhaitons coexister mais nous voulons le faire sur un pied d’égalité.

Source JCK Online