Diamants synthétiques légitimes

Avi Krawitz

L’industrie des diamants et des bijoux doit répondre à la question des diamants de laboratoire, de façon à démarquer les diamants naturels. [:]Même si l’industrie sera amenée à débattre des défis que présentent les diamants de laboratoire dans les semaines à venir, elle doit insister sur la valeur intrinsèque des diamants naturels pour contrecarrer l’intérêt croissant des consommateurs pour les marchandises synthétiques.

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Même si les diamants de laboratoire – encore appelés synthétiques – constituent une alternative plus abordable, les diamants naturels sont l’occasion d’exprimer le rêve du diamant – l’idée que les diamants véritables symbolisent l’amour véritable.

Les séminaires à venir, organisés par la World Jewellery Confederation (CIBJO) à Moscou, l’Accredited Gemologists Association (AGA) à Las Vegas et la World Federation of Diamond Bourses (WFDB) à Anvers, devraient bouillonner autour de cette idée. Saluons l’initiative de ces organisations, qui mettent la question à l’ordre du jour pour mieux comprendre le marché des diamants synthétiques.

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« Les diamants naturels sont l’occasion d’exprimer le rêve du diamant – l’idée que les diamants véritables symbolisent l’amour véritable. »

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Il faut rappeler que les diamants de laboratoire sont une marchandise légitime. Même s’ils ont eu mauvaise presse [spécialisée] récemment, des diamants synthétiques non déclarés ayant été mélangés dans des plis de petits diamants naturels – principalement des mêlées –, les petits diamants de laboratoire certifiés ont toute leur place sur le marché. En fait, les producteurs et les distributeurs de diamants de laboratoire encouragent la déclaration, tout autant que ceux du marché du diamant naturel.

Eux aussi ont besoin de différencier leurs marchandises, pour déployer les différentes facettes de leur attrait marketing. Thierry Silber, PDG de Diamaz International, un distributeur anversois de diamants de laboratoire, a souligné plusieurs arguments utilisés lors de la commercialisation de ces marchandises.

Pour commencer, il souligne qu‘un diamant de laboratoire est un diamant certifié – la seule différence par rapport à un diamant naturel étant son origine. En effet, il a souvent été démontré qu’ils sont issus du même matériau et produits dans des conditions simulées qui imitent la création des diamants extraits des mines.

Dans sa démarche marketing, Thierry Silber affirme que ses efforts visent à donner le choix aux clients. Il remarque notamment que des synthétiques de couleur offrent aux détaillants une opportunité de croissance, étant donné l’énorme différence de prix par rapport aux couleurs fantaisie naturelles. Ainsi, par exemple, il estime qu’une ronde de laboratoire certifiée Vivid Pink de 0,50 carat, de bonne qualité, avoisinerait les 3 500 dollars/ct, tandis que son équivalent naturel coûterait environ 80 000 dollars/ct.

« Il existe une excellente opportunité de croissance pour les détaillants car, brusquement, des diamants de couleur de haute qualité deviennent abordables », a-t-il rappelé.

Thierry Silber estime qu’une ronde blanche de laboratoire, de qualité commerciale, peut se vendre de 50 % à 60 % moins cher que son équivalent naturel. Et d’expliquer : plus le diamant naturel est cher, plus la différence de prix est importante.

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Toutefois, face au client, c’est le message émotionnel qui est mis en avant, plutôt que le prix. L’accroche commerciale des diamants de laboratoire rappelle qu’ils sont écologiques et socialement responsables, ciblant ainsi les nouvelles valeurs des consommateurs.

Thierry Silber remarque que le concept est bien mieux accepté par les clients que par les joailliers ou le marché. Il affirme que, bien informés, les consommateurs acceptent parfaitement les diamants de laboratoire, notamment au sein de la nouvelle génération, qui se passionne pour les développements technologiques et l’innovation.

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« L’accroche commerciale des diamants de laboratoire rappelle qu’ils sont écologiques et socialement responsables, ciblant ainsi les nouvelles valeurs des consommateurs. »

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La designer de bijoux, Reena Ahluwalia, a mis l’accent sur la composante technologique lorsqu’elle a lancé ce qu’elle revendique comme « la toute première marque de bijoux de designer à utiliser exclusivement des diamants de laboratoire et à les associer aux vêtements intelligents et à la mode. » La « Moments Collection » de « Nurture by Reena », qui sera dévoilée lors du prochain salon JCK Las Vegas, « célèbre l’évolution des valeurs chez les consommateurs », a-t-elle expliqué.

L’accroche « innovante, écologique, socialement responsable et abordable » attire certainement les consommateurs actuels. Toutefois, même si le marché se développe, il reste relativement réduit. Thierry Silber réfute l’idée qu’il constitue une menace pour le marché des diamants naturels. Il considère plutôt que les deux secteurs vont se développer. Selon lui, « si les diamants de laboratoire pouvaient capter 10 % à 15 % du marché des diamants naturels, cela représenterait un potentiel énorme. »

Pourtant, l’industrie des diamants naturels ne doit pas se reposer sur ses lauriers. Même s’ils ne représentent pas une menace, les diamants de laboratoire constituent une concurrence qui devrait l’obliger à prouver que sa marchandise est supérieure.

Harry Levy, président de la London Diamond Bourse, a souligné ce point dans un entretien avec Ya’akov Almor, un consultant de l’industrie, récemment publié par Rapaport News.

« Notre axe principal consiste à protéger le marché des diamants naturels. Nos dirigeants devraient élaborer des arguments étayant le fait que les pierres naturelles sont supérieures aux diamants synthétiques, a expliqué Harry Levy. Un argument de poids est, bien entendu, qu’ils sont rares, qu’ils ne peuvent être extraits qu’une seule fois et que chacun est unique en raison de sa provenance et de ses caractéristiques… L’approvisionnement en diamants synthétiques est illimité ! Les diamants naturels affichent une valeur historique, émotionnelle et esthétique, les diamants synthétiques en sont totalement dépourvus. »

Il semblerait que la plupart soient d’accord avec cette idée, notamment ceux qui évoluent dans la sphère du synthétique. Chaque marché accepte de devoir se différencier, à la fois en termes de déclaration et dans la façon dont ils commercialisent leurs diamants.

Même si l’industrie des diamants synthétiques met en avant ses attraits, il serait intéressant de souligner la valeur des diamants naturels.

Martin Rapaport, le président du Rapaport Group, a expliqué qu’en tant que produit de consommation évident, plus un diamant est cher, plus il est désirable. « L’image de marque fait ressortir cet aspect en permettant de faire vivre le rêve du diamant, explique Martin Rapaport. Les produits naturels valent plus cher mais vous devez les vendre. Si vous avez quelque chose de sexy, vous devez le vendre. »

Même si les prix des diamants synthétiques leur assurent un avantage concurrentiel, ceux, beaucoup plus élevés, des diamants naturels sous-tendent leur valeur. Ce n’est pas parce que les diamants synthétiques sont moins chers que tout le monde va en acheter. En outre, les gens qui achètent des diamants synthétiques le font, sans conteste, dans le but, un jour, de pouvoir en acheter des naturels.

Après tout, personne ne veut acheter un diamant bon marché car il sait que la pierre révélera l’étendue de son amour. Au final, c’est le rêve que font naître les diamants qui distingue les pierres synthétiques des diamants naturels. Comme l’a récemment indiqué Martin Rapaport, l’idée est la suivante : Real Love = Real Diamonds™ (Amour véritable = Diamants véritables, voir l’éditorial « Le synthétique fait tiquer », publié dans Rapaport Magazine en décembre 2013). Voilà un message suffisamment attirant, que le marché doit reprendre et qui ne peut pas être galvaudé.

 Source Rapaport