Diamants naturels et synthétiques – terminologie, où en est-on ?

Marianne Riou

À l’occasion de la sortie, le 9 mars, du nouveau site édité par la CIBJO sur la terminologie d’usage pour les diamants naturels et synthétiques, nous avons souhaité nous pencher à nouveau sur la question…

Comment qualifier les diamants naturels et synthétiques ?

La terminologie en matière de diamants est soumise à la région du globe dans laquelle vous exercez votre activité. Selon que vous soyez en France ou aux États-Unis par exemple, les termes officiellement admis ne sont pas les mêmes.

Ainsi, chez nous, en France, la terminologie légale pour définir les diamants dépend du décret 2000-65 du 14/01/2002. Ce décret s’applique ainsi :

« – aux pierres gemmes formées dans des gîtes naturels ;

– pierres synthétiques, pierres artificielles et imitations de pierres gemmes ;

– matières organiques d’origine végétale ou animale, traditionnellement utilisées en joaillerie ;

– perles fines ;

– perles de culture ;

– imitations de perles fines et de perles de culture, »

et ce « quels que soient leur origine, leur provenance et l’emploi auxquels ils sont destinés. »

En France, les diamants naturels répondent donc au qualificatif de « diamants » stricto sensu. Et les diamants fabriqués par la main de l’homme à celui de « diamants synthétiques ». Pour qualifier ces derniers, sont exclus les termes : « élevé », « cultivé », « de culture », « vrai », « précieux », « fin », « véritable », « naturel ».

Aux États-Unis, l’approche est différente et la latitude plus grande. La Federal Trade Commission accepte pour sa part les termes « laboratory-grown » et « laboratory-created ». En revanche, elle a supprimé le mot « synthétique »* de la liste des termes qu’elle approuve dans ses Guides de joaillerie révisés. Elle ne l’interdit pas pour autant, mais recommande d’utiliser le terme « de culture ». Elle a également retiré le mot « naturel » de la définition des diamants. On entendra donc que le terme « diamants » sans ajout qualifie bien les diamants naturels.

Au regard de ces informations et de ces débats de mots, on comprend bien l’utilité des normes ISO, éditées par l’Organisation internationale de normalisation. L’organisation compte 165 membres, qui n’ont pas tous le même « niveau d’influence » mais définissent des travaux de normalisation et de stratégies « ISO » internationales, qu’ils peuvent ensuite adopter au niveau national. En ce qui concerne les diamants fabriqués par l’homme, la norme ISO 18323 de 2015 (elle a été réexaminée en 2020), et intitulée très justement « Bijouterie — Confiance du consommateur dans l’industrie du diamant », reconnaît les termes « synthetic diamond », « laboratory-grown » et « laboratory-created ». Il est intéressant de noter qu’elle est présentée comme spécifiant « un ensemble de désignations acceptées aux fins de l’industrie du diamant » et ayant « été élaborée de façon à être comprise par le consommateur ». Et c’est bien dans le cadre de notre dialogue avec le consommateur que l’étendue et l’exactitude de tous ces termes font sens…

Une norme ISO pour les diamants taillés

En septembre 2020, une norme ISO, la norme ISO 24016, était publiée pour encadrer la certification des diamants taillés. Dans le détail, il s’agit de préciser « la terminologie, la classification et les procédés utilisés pour la certification et la description de tous diamants taillés non sertis de plus de 0,25 carat. » La norme permet donc une actualisation des 4C au niveau international et peut servir de référence aux laboratoires de certification. L’objectif étant clairement d’harmoniser les rapports et donc leur compréhension par le consommateur.

Le 9 mars, la CIBJO a lancé un nouveau site web, intitulé What is a diamond et qui vise à clarifier la façon de décrire et qualifier les diamants qu’ils soient naturels ou synthétiques. Il y est recommandé par exemple de ne pas utiliser les abréviations « lab-grown » et « lab-created » pour nommer les diamants synthétiques. Simple et didactique, le site What is a diamond s’adresse tant aux professionnels de la joaillerie qu’aux consommateurs. Il s’appuie sur le Diamond Blue Book de la CIBJO et se veut un outil de référence. Pour en savoir plus, lisez le communiqué de presse publié sur le site cibjo.org.

Enfin, en conclusion, voici la définition d’un « diamant », telle que reconnue par la CIBJO : « Un diamant est un minéral composé essentiellement de carbone qui se cristallise selon un système cristallin isométrique (cubique). Un minéral est par définition naturel. […] Par conséquent, et sans qu’il y ait d’ambiguïté, un « diamant » est une matière naturelle et le terme « diamant », lorsqu’il n’est pas accompagné d’un qualificatif, ne peut que désigner un diamant d’origine naturelle. »

Source Rubel & Ménasché

Pour relire les articles publiés sur notre site à ce sujet et comprendre l’importance des débats sur la terminologie :
Nouvelles normes internationales ISO pour la certification des diamants (2020)
Clarification des nouvelles directives : « diamant » = « naturel » (2018)Industrie du diamant – 2018 : l’année de tous les bouleversements ?
« Le LFG analyse 100 % des diamants pour le critère synthétique, naturel ou traité » – Olivier Segura, Laboratoire Français de Gemmologie (2016)

* Pour rappel, en janvier 2018, le Antwerp World Diamond Centre (AWDC), la Diamond Producers Association (DPA), le Gem & Jewellery Export Promotion Council (GJEPC), l’Israel Diamond Industry (IDI), l’International Diamond Manufacturers Association (IDMA), l’US Jewelry Council (USJC), le World Diamond Council (WDC) et la World Federation of Diamond Bourses (WFDB) s’étaient prononcés pour l’usage du terme « synthétique » pour qualifier les diamants fabriqués par la main de l’homme.