Les joailliers en diamants d’aujourd’hui considèrent comme un outil commercial inestimable de pouvoir connaître la source de leurs diamants. Savoir d’où proviennent les pierres influence la décision des consommateurs socialement conscients quant à savoir ce qu’ils doivent acheter et où ils doivent l’acheter. [:]Personne n’a envie de déclarer sa flamme avec un diamant du conflit.
La hausse de la sensibilisation des consommateurs
Les clients de bijoux en diamants sont de plus en plus conscients des problèmes mondiaux et exigent de leurs fabricants et de leurs détaillants qu’ils agissent de façon responsable dans la production des marchandises et dans les services proposés. Les sociétés socialement responsables constatent une augmentation de leurs ventes tandis que les autres courent le risque d’assister à des boycotts et des manifestations à leur encontre. En réalité, en moyenne, les clients sont prêts à payer 10 % de plus pour des marchandises assorties de valeurs écologiques ou sociales.
Le blockbuster de 2006, Blood Diamond, a fait connaître la question des diamants du conflit aux consommateurs partout dans le monde. Des groupes humanitaires se sont joints aux protestations, s’enflammant contre l’industrie diamantaire et ses « politiques non éthiques », prétendant que miniers, tailleurs et détaillants s’enrichissaient sur la souffrance d’autrui. Le World Diamond Council a rapidement contre-attaqué en lançant ses propres campagnes, notamment des publicités pleine page dans les journaux et un site Internet, DiamondFacts.org, qui garantissait une politique de tolérance zéro de l’industrie pour les diamants du conflit. L’organisme a également rapidement montré les effets positifs de l’industrie diamantaire sur les pays d’origine (emploi, enseignement, soins de santé, etc.). Martin Rapaport explique que « les diamants constituent une bouée de sauvetage importante pour les peuples d’Afrique occidentale car leurs économies s’appuient sur le marché diamantaire. Malgré les violations des droits civils en Sierra Leone, par exemple, le pays dépend de ses diamants. Un boycott aurait des conséquences graves sur la population innocente de la région. »
Que sont les diamants du conflit ?
Les diamants du conflit sont des diamants utilisés pour financer des conflits, des guerres civiles et des violations des droits de l’homme dans des régions déchirées par la guerre, notamment en Afrique centrale et occidentale. Depuis 1998, les Nations unies ont reconnu que les diamants du conflit africains étaient une source de financement pour les guerres civiles sur le continent. Les bénéfices tirés du commerce illicite sont souvent exploités par des seigneurs de guerre et des rebelles pour acheter des armes, en particulier en Angola, en République Démocratique du Congo, au Libéria et en Sierra Leone.
Les détaillants de bijoux en diamants se doivent d’être au moins aussi informés et préoccupés des diamants du conflit que leurs clients. Les consommateurs veulent avoir confirmation que leurs bijoux ont été fabriqués de manière éthique, de la mine jusqu’au produit fini. Les détaillants doivent donc également rédiger une politique écrite sur le sujet des diamants du conflit et s’y conformer, mais aussi fournir un certificat pour chaque achat réalisé chez eux.
Politiques de commerce équitable, Kimberley Process et Système de garanties
Le « commerce équitable » prend des sens différents selon chacun et selon l’industrie. D’après la définition de base du dictionnaire Merriam-Webster, il s’agit du mouvement qui aide « les producteurs des pays en développement à obtenir le juste prix pour leurs produits, de manière à réduire la pauvreté, à assurer le traitement éthique des travailleurs et des fermiers et à promouvoir des pratiques durables sur le plan écologique. »
D’après la Rapaport Fair Trade Organization, quatre critères doivent être satisfaits pour que l’on puisse parler de commerce équitable des diamants :
– Tous les travailleurs doivent recevoir des salaires justes.
– La communauté proche de la mine doit profiter des activités de l’industrie diamantaire sur place.
– Tous les habitants doivent pouvoir continuer à vivre près de la mine, comme ils le faisaient avant les excavations ; le droit du travail doit donc être respecté et aucun commerçant de diamants ne doit participer à un conflit ou à de la violence.
– L’extraction minière et les sites de production doivent être surveillés par des parties impartiales.
Le Kimberley Process
Le Kimberley Process a été créé à Kimberley, en Afrique du Sud, en mai 2000. Les vendeurs de diamants s’y sont retrouvés pour élaborer des méthodes visant à mettre un terme au commerce des diamants du conflit.
En décembre 2000, l’assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution en soutien à la création d’un système de certification international des diamants bruts (le système de certification du Kimberley Process (KPCS)). Le document du KPCS fixe les exigences en matière de contrôle de l’extraction minière et du commerce des diamants. Le Kimberley Process regroupe 54 participants, qui représentent 80 pays.
Le Système de garanties
Parallèlement au Kimberley Process, le World Diamond Council a développé le Système de garanties afin d’assurer au consommateur que les diamants ne proviendraient pas de sources liées aux conflits. Une déclaration est jointe sur la facture fournie avec chaque diamant taillé, de l’extraction minière jusqu’au détaillant de bijoux en diamants, affirmant que les diamants « ne sont pas impliqués dans le financement d’un conflit et sont conformes aux résolutions des Nations unies. »
Situation géographique des mines dans le monde
Les sources de diamants naturels sont situées dans environ 35 pays différents, notamment sur le continent africain, en Australie, à Bornéo, au Canada, en Inde et en Russie.
Annoncer son engagement auprès du Kimberley Process et du Système de garanties, en faire un élément essentiel de son argument commercial permet d’améliorer la confiance des clients, de citer des noms d’organismes de référence et d’augmenter les ventes auprès de clients soucieux des conditions sociales. Il est important de s’informer sur ces critères et de s’assurer que tous ses diamants proviennent d’une source éthique. En plus des avantages apportés par la responsabilité éthique, ce levier constituera un outil commercial inestimable.
Auteur Saville Stern
