De Beers : il est inutile de déclarer les traitements des synthétiques

Joshua Freedman

De Beers prétend ne pas avoir besoin de déclarer les traitements appliqués à ses synthétiques. Le minier se place ainsi en porte-à-faux avec de nombreux négociants de synthétiques qui réclament une transparence totale dans le secteur.[:]
Lightbox, la marque de synthétiques de la société, applique des améliorations post-croissance à ses synthétiques de couleurs, d’après ce qu’elle a confirmé à Rapaport News. Elle n’a toutefois pas besoin de le déclarer aux consommateurs car les processus n’ont pas de conséquences sur la valeur, ils ne sont qu’une étape de plus dans un processus technologique artificiel, a avancé un porte-parole.

« Nos pierres de couleur (roses et bleues) sont fabriquées à l’aide d’une combinaison de modifications des conditions de synthèse et de traitements après synthèse, a écrit Sally Morrison, directrice marketing de Lightbox, dans un e-mail adressé à Rapaport News au cours de la semaine du 18 févier. Les synthétiques sont un produit manufacturé. En tant que tels, peu importe le nombre d’étapes nécessaires au processus de fabrication global ou s’ils comportent des étapes séparées de synthèse et de traitement post-synthèse. »

La société n’est pas non plus opposée au fait que le vaste marché des synthétiques traite les diamants sans le déclarer, bien que Lightbox n’apporte pas d’amélioration à ses propres pierres blanches. Ces articles sortent des presses avec une couleur suffisante, ce qui permet d’économiser le coût d’une phase de fabrication supplémentaire. De nombreux autres producteurs améliorent effectivement la couleur de leurs pierres blanches grâce à des processus tels que celui sous haute pression et haute température (HPHT). Sally Morrison a refusé d’indiquer les procédés d’amélioration employés par Lightbox.

« Le seul véritable effet des traitements HPHT est d’augmenter les coûts et la complexité du processus de fabrication, a ajouté Sally Morrison. Cela pourrait en partie expliquer pourquoi certains autres fabricants de synthétiques facturent plus cher que Lightbox. »

Pourtant, les coûts de production sont à peu près les mêmes pour les pierres blanches, bleues et roses de Lightbox, malgré les étapes supplémentaires nécessaires pour ces deux dernières couleurs, a fait remarquer Sally Morrison. C’est l’une des raisons pour lesquelles la société vend tout à 800 dollars/ct, plutôt que de facturer plus cher pour des pierres de couleur, a-t-elle affirmé.

Transparence totale ? 

La position de De Beers sur la déclaration fait de la société une exception dans le débat sur la nécessité d’une telle transparence dans le secteur des synthétiques.

Les directives sur les bijoux de la Federal Trade Commission américaine, qui indiquent aux entreprises comment commercialiser les diamants de façon équitable pour les consommateurs, stipulent trois cas dans lesquels les vendeurs doivent déclarer des traitements sur des pierres naturelles ou synthétiques : si le processus n’est pas permanent, s’il exige un entretien particulier ou s’il a un effet important sur la valeur de la pierre. Les deux premiers ne concernent pas les traitements de couleur sur les synthétiques mais ce pourrait être le cas pour le troisième.

« Selon moi, puisque les traitements post-croissance sont généralement effectués pour rendre les synthétiques commercialisables, cela active le troisième volet des déclarations sur les traitements », a noté Sara Yood, conseillère juridique sénior du Jewelers Vigilance Committee, qui conseille le marché sur les affaires légales.

La question est importante pour l’industrie car le marché des synthétiques regorge de pierres blanches affichant des traitements non déclarés, d’après Ben Hakman, consultant sur les synthétiques chez Diamond DNA Solutions, à New York. Les plus gros producteurs, principalement en Inde, produisent en série des marchandises de couleur brune, destinées à être blanches, puis les traitent pour la couleur.

« Le consommateur est censé le savoir », a affirmé Ben Hakman, avançant que les normes de déclaration devraient s’appliquer à parts égales aux pierres naturelles et synthétiques. « Quel est le rapport avec… le fait qu’il s’agisse d’un synthétique ? Vous justifiez un traitement sans déclaration et, en cela, Lightbox est comme tous les autres. »

Dans certaines catégories, les consommateurs vont payer près de 10 % de plus pour des synthétiques blancs non traités que pour des synthétiques améliorés ayant les mêmes caractéristiques, a souligné Ben Hakman.

« Il y a un premium sur le non-traité mais ces pierres se vendent très vite, a expliqué Ben Hakman. Dans des tailles fantaisie jusqu’à 1,99 carat et des rondes de 1,30 à 1,99 carat, les marchandises non traitées se vendent dès le jour où elles arrivent sur le marché. »

Le cas des roses est légèrement différent : il est presque impossible d’en créer dans une machine sans lui appliquer ensuite des traitements supplémentaires. Il n’existe donc quasiment pas de marchandises « créées en l’état », a expliqué Tamazi Khikhinashvili, président de New Diamond Technology, un fabricant de synthétiques russe. Pourtant, une transparence totale est essentielle pour toutes les couleurs, a-t-il affirmé.

« Il est très important que l’acheteur sache ce qu’il achète », a-t-il fait remarquer.

Source Rapaport