De Beers et ALROSA boudées pour des questions de prix

Joshua Freedman

De Beers et ALROSA ont de nouveau connu des ventes plancher en juin. Les acheteurs ont en effet rejeté les prix élevés des miniers pour favoriser des marchandises meilleur marché provenant de petits fournisseurs.

« Les grands miniers veulent maintenir leurs prix, les gens n’ont donc aucun intérêt à acheter car ils n’arriveront pas à vendre et gagner de l’argent, a indiqué un sightholder à Rapaport News. Les fabricants et les négociants se trouvent déjà avec de gros stocks de taillé et de brut. »

Les deux plus gros producteurs ont maintenu leurs prix aux niveaux d’avant le coronavirus, tandis que d’autres miniers qui organisent des tenders à Anvers vendent 15 % à 25 % moins cher qu’en février, a fait remarquer un client d’ALROSA. Même les prix des petits producteurs étaient gonflés, a-t-il expliqué, car ceux-ci servaient des clients cherchant des articles spécifiques en petites quantités.

Si De Beers ou ALROSA devaient mettre leurs attributions mensuelles sur le marché libre, les prix seraient jusqu’à 30 % plus bas qu’actuellement, a estimé le négociant. « Personne ne veut acheter de brut car les usines en Inde fonctionnent avec une capacité très très réduite depuis un mois », a-t-il souligné.

« Les ventes de taillé ne se sont pas formidablement améliorées et les stocks n’ont pas disparu, a ajouté un sightholder. Les usines n’ont aucune raison d’ouvrir, alors pourquoi achèterions-nous du brut ? »

De Beers a organisé son dernier sight au cours de la semaine du 22 juin avec des présentations restreintes à Anvers au lieu du site habituel à Gaborone, au Botswana, en raison des restrictions de déplacement liées à la Covid-19. D’après une source informée, le sight a atteint une valeur estimée aux environs de 40 millions de dollars. De Beers n’a pas publié ses données de vente depuis son sight de février et prévoit de publier le montant de ses gains du premier semestre le 30 juillet. 

ALROSA a également rencontré des difficultés à attirer des acheteurs à sa dernière session commerciale, clôturée le 15 juin, après avoir annoncé des plus bas records pour ses revenus en avril et mai. Le minier russe prévoit de publier ses données du mois de juin le 10 juillet.

Relancer les ventes

Les acheteurs de brut ont ressenti l’urgence pour De Beers et ALROSA d’accroître leurs revenus lorsqu’elles ont autorisé 100 % de reports pour les attributions d’achat lors de la crise du coronavirus. Les miniers ont proposé cette flexibilité pour protéger les prix et éviter d’inonder le marché de marchandises. Aujourd’hui, les clients sont réticents à reprendre leurs achats, tant qu’ils ne constatent pas d’amélioration de la valeur. Cinq clients d’ALROSA ont déjà abandonné leur statut contractuel depuis le mois de mars, après avoir senti des pressions pour conclure ces transactions.

Pour relancer l’intérêt, ALROSA envisage d’organiser des ventes contractuelles hors de Moscou pour sa session de juillet,probablement à Anvers. Le minier s’interroge également sur la pertinence de poursuivre sa politique de reports.

« Étant engagés dans une politique de ventes prudente, nous utiliserons tous les outils disponibles, lors des prochaines sessions commerciales de cette année, pour maintenir l’équilibre entre offre et demande et aider à normaliser les stocks des tailleurs », a déclaré un porte-parole d’ALROSA. De Beers a refusé de s’exprimer à ce sujet.

La plupart des fabricants en Inde disposent de suffisamment de brut pour faire tourner leurs usines jusqu’en août. Ils n’achètent qu’en cas de pénuries spécifiques, ont expliqué les négociants. Cela a stimulé les ventes de petits miniers qui ont besoin de liquidités et ont vendu de faibles volumes à prix réduits aux tailleurs désireux de corriger des manques limités dans leurs stocks.

La récente hausse de cas de Covid-19 à Surat a contribué au problème, ont expliqué les négociants. L’industrie indienne de la taille n’a pas repris d’activité régulière depuis que le gouvernement l’a autorisée à rouvrir le mois dernier. Plusieurs sociétés ont été contraintes de fermer temporairement après l’épidémie virale.

« La plupart des clients d’ALROSA adoptent la même attitude que moi – ils n’ont pas besoin des marchandises et ils ne sont même pas prêts à les regarder à ce prix-là », a affirmé un négociant.

Un relâchement graduel

Toutefois, des remises importantes et brusques sur le brut pourraient nuire à l’ensemble du marché, ont reconnu les sightholders. En effet, selon eux, De Beers et ALROSA ne réduiront leurs prix que lorsque le marché se reprendra, ce qui devrait se produire en automne, d’après les acheteurs, en supposant que les boutiques de retail et les centres de négoce continuent de rouvrir. Ce n’est qu’alors que les plus grands miniers libéreront graduellement leurs stocks, tel que l’envisagent des négociants.

« Laissez les marchandises sortir en très petites quantités. Entre-temps, les stocks généraux vont lentement baisser, l’industrie va générer de l’argent et les banques se sentiront à l’aise, a argumenté un négociant. Nous lancerons notre activité à partir de septembre, au début de la saison des fêtes. »

En effet, les acheteurs vont devoir revenir vers De Beers et ALROSA s’ils ont besoin de volumes plus importants lorsque le marché va s’améliorer.

« Peut-être que d’ici là, l’équilibre entre l’offre et la demande se sera rétabli et peut-être aurons-nous plus confiance pour acheter à des prix qui n’existent pas actuellement », a explique un sightholder.

Source Rapaport