Ce que les sightholders pensent vraiment du déménagement de la De Beers au Botswana

Rob Bates

Octobre marque « la fin d’une époque » à la De Beers. Aujourd’hui, se ferme le livre de 80 ans de sights à Londres et une nouvelle époque s’ouvre. Dès novembre, Gaborone, au Botswana, accueillera la première attribution, organisée dans le nouveau centre de tri de la De Beers. [:]
L’évolution aura des effets sur trois groupes spécifiques : Les Botswanais, qui espèrent bénéficier d’un afflux d’activités, les employés de ce qui était autrefois la Diamond Trading Co., dont certains ont choisi de ne pas déménager en Afrique – le statut de la vice-présidente de la De Beers, Varda Shine, n’a pas encore été tranché – et les clients, qui doivent assister à 10 sights dans l’année.

Lors de différents entretiens, les réactions de ces clients sont allées de la nonchalance à une forte contrariété.

La principale récrimination portait sur les déplacements. Les trajets pour se rendre au Botswana seront plus longs, et ce depuis quasiment tous les centres de taille et de négoce. Et la différence n’est pas négligeable : il faut entre 6 et 7 heures pour se rendre de New York à Londres, contre 17 pour aller de New York à Gaborone. Ainsi, un client américain, qui ne partait que quelques jours, sera désormais absent près d’une semaine. « Je ne connais pas beaucoup de chefs d’entreprises qui peuvent se permettre de rester partis 7 jours », a-t-on affirmé.

D’autres craignent que le pays ne soit pas prêt à accueillir tout le monde. « L’inquiétude s’accentue à propos du rythme des opérations, a déclaré un sightholder. Ce serait vraiment dommage que le Botswana ne soit pas à la hauteur des attentes. »

Les préoccupations portent plus particulièrement sur l’aéroport, l’absence de connexion Wi-Fi et l’insuffisance de repas appropriés pour les personnes aux régimes alimentaires restreints. Certains pensent aussi que le sentiment de « communauté », qui caractérisait l’ancien système, sera désormais absent.

« Les sights ont toujours été l’occasion d’échanger des informations, a noté un sightholder. Les marchandises, c’était secondaire. Ce qui comptait, c’était de rencontrer les gens dans les halls et d’organiser des réunions en marge des événements. Il n’y a pas beaucoup de restaurants au Botswana et les hôtels ne sont pas terribles. Mais j’imagine que bon nombre de ces éléments vont nous manquer. »

L’augmentation de la criminalité locale est restée limitée, même si les sightholders évoquent le sujet avec appréhension.

Certains clients se sont déclarés solidaires du Botswana dans son souhait de mieux rentabiliser ses pierres. Ils estiment pourtant que le gouvernement est motivé par l’amertume et que ses espoirs sont peut-être trop ambitieux. « La De Beers évoque des sightholders qui achèteraient des maisons sur place, a expliqué un sightholder. Cela me paraît difficilement imaginable. »

En toile de fond, les plaintes abordent la question de l’absence de rentabilité des assortiments ; la plupart stigmatisent le PDG Philippe Mellier et ses relations avec Anglo American.

« Anglo a déboursé beaucoup pour la De Beers, a affirmé un client. C’est un chiffre dont il faut tenir compte. Ils doivent donc pousser un peu. Et leurs clients se retrouvent dans une posture plutôt inconfortable. »

Face à des prix trop élevés, les clients ont refusé des boîtes. Selon un compte-rendu, 15 % des marchandises auraient été concernées lors du dernier sight.

Au moins l’un des sightholders estime que l’initiative pourrait être bénéfique. « Peut-être que si nous pouvions exposer notre situation à la source, ils comprendraient les difficultés auxquelles nous sommes confrontés », a-t-il avancé.

Le sentiment général est que quelque chose doit évoluer : « Il faut que l’un des intéressés cède, s’est plaint un client. C’est à se demander si la nouvelle direction de la De Beers a vraiment une vision à long terme. »

Autrement dit : « C’est à se demander si le statut de sightholder en vaut encore la peine. »

Source JCK Online