Botswana : Nous devons aller au-delà du processus en amont – Bruce Cleaver : De Beers investira de 10 à 11 milliards de dollars pour élargir son activité

Edahn Golan

Lefoko Moagi, ministre des Ressources minérales et de l’Énergie du Botswana, et Bruce Cleaver, PDG de De Beers, ont rencontré Edahn Golan pour une interview à l’ouverture de la conférence Facets 2022 du AWDC.

Au cours de leur discussion, ils ont évoqué la volonté du Botswana de descendre dans la chaîne de valeur, l’apport des diamants naturels comparé aux diamants synthétiques, l’avenir de l’approvisionnement en diamants, la probabilité de trouver une nouvelle mine ainsi que l’exploitation minière intelligente (smart mining). Surtout, ils ont parlé de ce qui empêchait De Beers et le Botswana de renouveler leurs accords.

Voici la transcription de l’interview qui s’est déroulée le 15 septembre 2022, dans le cadre de la conférence Facets 2022 à Anvers.

Edahn Golan : Bonjour Messieurs. Monsieur le ministre Moagi, Monsieur Bruce Cleaver. Je vous remercie de nous accorder un peu de temps pour discuter et répondre à quelques questions. Nous ne commencerons pas par les négociations, mais (Bruce Cleaver : Cela n’aura pas pris longtemps).

De nombreuses personnes présentes à la conférence ont une formation en économie et de bons contrats, alors peut-être que nous repartirons avec de bons conseils.

Nous avons organisé un panel plus tard dans la journée qui traite des façons de créer une économie diamantaire durable. Et il est clair que nous avons ici deux personnes qui ont une certaine expérience, voire une grande expérience dans ce domaine. Monsieur le ministre, à votre avis, quels sont les facteurs de réussite dans ce secteur ?

Lefoko Moagi : Merci beaucoup. Selon le gouvernement botswanais, les principaux facteurs de réussite sont étroitement liés à la manière dont nous investissons les recettes issues des diamants en faveur de la population, sur le plan socio-économique. En outre, l’écosystème des diamants nous permet d’établir des contacts au niveau régional et international en ce qui concerne cet investissement pour la population botswanaise.

Je vais vous donner quelques exemples. Nous avons notamment investi dans les services de santé, parce que nous avons besoin que notre population soit en bonne santé pour mener à bien le développement du pays.

Nous investissons nos recettes dans le secteur de la formation, afin de disposer des compétences requises que nous pouvons ensuite mettre à profit à travers le pays pour son développement. Nous les utilisons pour améliorer les infrastructures, afin de disposer de services adaptés pour le développement de notre pays.

Au-delà de ces éléments, nous cherchons également à créer des pôles d’innovation ou de technologie qui peuvent avoir un impact au-delà de l’industrie des diamants, afin que nous puissions avoir les industries dont nous avons besoin.

De plus, nous avons beaucoup travaillé sur le processus en amont. Nous devons maintenant descendre plus bas dans la chaîne de valeur, afin de pouvoir commencer à mettre en œuvre notre stratégie de valorisation, en passant par toutes les facettes de l’activité. Notre population doit pouvoir bénéficier de chaque étape de la chaîne de valeur des diamants.

Nous avançons. Nous sommes convaincus que ces éléments sont les facteurs cruciaux de réussite pour utiliser les recettes issues des diamants pour notre pays.

EG : Bruce, vous représentez une société. Quel est votre…

Bruce Cleaver : Oui, eh bien, mon avis est en fait très similaire à celui de Monsieur le ministre. Je pars du principe qu’il n’est pas possible d’avoir une industrie diamantaire durable et pérenne sans économies durables et pérennes dans des pays comme le Botswana, où est produite une grande part des diamants.

Je pense que ces éléments doivent être en quelque sorte synchronisés pour que nous puissions créer un commerce durable pour nous tous qui sommes présents dans cette salle et ceux qui opèrent dans les pays producteurs. Et vous savez, plusieurs exemples issus de la pandémie de Covid-19, une période terrible, me viennent à l’esprit.

Je pense qu’il y avait une très grande coopération entre toutes les parties ici afin de maintenir la durabilité à long terme de l’industrie. Nous avons donc passé beaucoup de temps durant la pandémie à parler avec le gouvernement, avec M. Moagi et avec ses collègues de la façon de travailler ensemble pour que l’industrie continue de tourner.

Le ministre a évoqué les soins de santé. L’une de nos priorités durant cette période était de faire en sorte que notre personnel reste en aussi bonne santé que possible au Botswana et dans tous les autres pays où nous opérons. Et certes, les magasins de vente au détail fermaient, mais il ne faut pas remonter à longtemps, il y a deux ans en arrière, c’est très compliqué de fermer une mine, quelles que soient les raisons.

C’est très compliqué en termes de sécurité. C’est également très compliqué de redémarrer leur exploitation. Une mine, ce n’est pas comme un magasin où l’on se contente de fermer les portes le matin.

Nous avons donc longuement discuté, et décidé de poursuivre l’exploitation des mines. Nous voulions notamment que toute la chaîne de production, située au Botswana, et qui sollicite de nombreux habitants locaux, continue à en bénéficier. Il nous tenait à cœur que ces personnes soient en bonne santé et qu’elles aient de quoi manger.

Si nous avions interrompu ces activités, toute la chaîne de production aurait été arrêtée. Nous avons continué d’acheter des diamants à une période où nous ne pouvions pas les vendre, et nous avons annulé des sights en cours de route. Mais nous l’avons fait en étroite collaboration avec le gouvernement, avec un objectif clair en tête. Nous savions que cela aurait une fin et nous devions faire en sorte de créer une économie et une industrie qui peuvent se suffire à elles-mêmes au-delà de cette situation transitoire.

Je pense donc qu’on en trouve de bons exemples chez De Beers, étant donné la façon dont nous avons procédé. Je crois qu’à l’avenir, nous devrons réfléchir à différentes choses. Je sais que nous allons aborder ce sujet plus tard dans la journée, mais à mon sens, la seule manière de parvenir à créer une économie et une industrie durables est de reconnaître que chacun peut prospérer dans cet écosystème si nous coordonnons nos activités, mais nous n’y arriverons pas si chacun agit pour soi.

Je vais vous donner un exemple, qui n’a absolument rien à voir avec l’industrie diamantaire, mais qui illustre bien à mes yeux ce qui arrive quand on ne coopère pas. Ce n’est pas la première fois que j’en parle. L’une des choses qui m’a marqué à vie est l’inégalité relative à l’accès aux vaccins.

Vous savez, 79 employés de De Beers sont morts de la Covid-19, dont 78 dans l’hémisphère Sud. Ces décès sont la conséquence du fait que les gouvernements des pays en développement n’ont pas pu obtenir les vaccins assez rapidement, tandis que ceux des pays développés en ont fait des réserves. Pourquoi mon fils de 20 ans au Royaume-Uni aurait-il droit à trois doses de vaccin avant que mes parents âgés de 85 ans en Afrique du Sud puissent en recevoir une seule ?

C’est un exemple qui illustre, à mon avis, l’échec de la coopération. Il n’a rien à voir avec l’industrie des diamants, mais il montre ce qui va passera si on ne coopère pas d’une façon plus intelligente pour établir une industrie durable de bout-en-bout pour nous tous.

C’est pourquoi je suis convaincu que nous ne pouvons pas avoir une industrie diamantaire durable à moins d’avoir un Botswana durable, et vice-versa. Ensemble, nous pouvons rendre le pays et l’industrie durables.

Qu’est-ce qui lie le Botswana et De Beers ?

EG : Je m’adresse à vous deux. Monsieur Moagi, vous pourriez peut-être commencer. C’est une question un peu sotte : quel est le secret de la relation entre De Beers et le Botswana ? Qu’est-ce qui l’anime ?

MM : Eh bien, après plus d’un demi-siècle d’existence, nous croyons que le secret de ce partenariat, que vous pouvez assimiler à un mariage, réside dans la transparence, la communication efficace, l’éthique et la gouvernance d’entreprise. Le respect des règles nous permet de nous apprécier mutuellement. Nous nous parlons avec sincérité et, même si nous ne sommes pas toujours d’accord, nous écoutons au moins le point de vue de l’autre.

Puisque nous voyons les avantages de cette activité pour les deux protagonistes, nous parvenons à nous réunir autour d’une table afin de résoudre de nombreux problèmes ensemble.

Notre habileté dans la réalisation des opérations est également l’un des éléments cruciaux de notre relation. Vous savez, notre activité est très volatile et incertaine, des décisions complexes doivent être prises et nous avons besoin de cette habileté.

Ce qui nous ramène à 2020, lors de la pandémie de Covid-19, où nous avons dû résoudre certains problèmes opérationnels, remettre à plus tard certaines choses qui devaient être reportées. Entre autres, nous ne pouvions plus organiser de sights, lors desquels les gens se réunissent pour voir nos diamants.

Nous avons dû changer notre façon de faire et nous avons dû le faire ensemble, autour d’une table, étant donné la nature de notre activité. En fait, cette pandémie nous a aidés à renforcer notre relation, parce que nous nous sommes projetés dans un avenir plus lointain, et nous avons conclu que si nous ne travaillions pas ensemble, nous péririons tous. Le besoin d’interagir avec l’autre avec sincérité, afin de pouvoir résoudre un problème, est devenu un élément majeur dans la manière de concevoir notre partenariat.

Nous pensons que les deux parties ont fait preuve d’une force considérable au fil des ans. Cette force est ce qui nous lie et nous permet d’aller au-delà de ce que nous sommes aujourd’hui.

BC : Je ne suis pas sûr d’avoir grand-chose à ajouter. Je crois que la réponse du ministre résume bien la situation. Quand je voyage à travers le monde, on me pose souvent des questions sur ce partenariat, beaucoup de présidents m’ont demandé pourquoi ils ne parvenaient pas à faire la même chose dans leur pays.

Vous savez, nous avons un modèle que des gens du monde entier nous envient, je pense que le ministre est d’accord là-dessus. Comme l’a dit Monsieur Moagi, il y a bien sûr des moments où le gouvernement a d’autres aspirations que celle d’être un partenaire commercial, et nous le comprenons.

Mais je pense qu’il y a tellement de choses qui nous rassemblent ici, Monsieur Moagi les a évoquées, et nous avons tous le même souhait. Nous voulons des chaînes de valeur éthiques. Nous voulons bien traiter les personnes autour de nous. Nous voulons une bonne gouvernance.

Nous sommes quasiment obsédés par la gouvernance dans notre collaboration. Nous voulons les meilleures pratiques au monde. Nous voulons ce qu’il y a de mieux pour les gens. Nous voulons être en mesure d’améliorer leurs compétences, comme l’a dit le ministre.

Mais je crois que Monsieur Moagi a soulevé le point le plus important, à savoir que, lorsqu’il y a des différends au sein d’un mariage, comme tout le monde le sait, les unions qui réussissent sont celles dont les membres peuvent s’asseoir autour d’une table, discuter des problèmes avec maturité et les résoudre.

Les exemples de la pandémie en 2020 l’illustrent bien. Vous savez, nous avons dit au gouvernement que si les gens ne pouvaient pas voyager, nous ne le pourrions pas non plus, et donc qu’il nous serait impossible d’organiser des sights à Gaborone.

Et comme l’a dit le ministre, le gouvernement et De Beers ont rapidement trouvé un accord pour les organiser différemment.

Nous n’avons pas eu besoin de passer six mois à rédiger des accords et ainsi de suite. Bien sûr, aujourd’hui, le monde s’est rétabli et nous sommes tous ravis d’être de retour à Gaborone. C’est un bon exemple, à mon avis, de flexibilité et de confiance.

Notre relation est donc fondée sur la confiance. Je pense qu’elle s’appuie sur un ensemble de valeurs en commun. Et même si nos aspirations sont parfois différentes, nous avons les mêmes valeurs fondamentales pour cette activité que nous menons ensemble.

La position du Botswana dans l’industrie des diamants sur le long terme

EG : Pour faire suite à cette question, et à la précédente, comment le Botswana souhaite-t-il faire évoluer sa position dans l’industrie des diamants sur le long terme ? Nous aborderons plus tard la question de l’accord, mais qu’en est-il de votre position à long terme ?

MM : Oui, évidemment.

EG : Ou peut-être que les deux questions sont liées. Je ne sais pas. À vous de me le dire.

MM : Évidemment, nous nous sommes rendu compte de nos forces au fil des années, nous avons compris ce que nous pouvions tirer de cette relation. Mais nous croyons également que nous pouvons continuellement nous améliorer. Nous avons beaucoup travaillé sur le processus en amont.

Nous pensons qu’au stade actuel de notre évolution, il est temps que nous nous attaquions à la filière intermédiaire et à l’aval de l’industrie, à savoir, que nous donnions aux citoyens les moyens de se lancer dans l’industrie de la taille et des bijoux, du marketing et de la tarification.

Et nous pensons que le moment est venu de transmettre ces compétences à la population et de leur donner les moyens non seulement de les acquérir, mais également de les utiliser pour créer des entreprises.

Voici donc l’évolution telle que le gouvernement l’envisage. Nous croyons également à une économie du savoir. Nous croyons que la technologie et l’innovation permettront à notre peuple de s’en sortir. L’investissement dans la technologie et l’innovation nous permettront également d’améliorer notre activité.

Selon nous, cette approche centrée sur la technologie transcendera non seulement l’industrie des diamants, mais aussi de nombreuses autres industries du pays, de notre secteur. Nous sommes donc convaincus que nous devons désormais aller au-delà du processus en amont. Nous devons englober toutes les étapes de la chaîne de valeur, afin de produire de la richesse pour notre peuple, pour notre économie et pour le développement de ce pays.

Communiquer sur l’origine d’un diamant issu du Botswana (et de De Beers)

EG : Vous avez évoqué la technologie, et je voudrais vous parler un peu de l’un des problèmes auxquels nous sommes constamment confrontés. Les consommateurs, tout comme les entreprises haut-de-gamme du secteur, accordent de plus en plus d’importance à l’origine des diamants. Qu’aimeriez-vous dire au sujet d’un diamant issu du Botswana ? Que voudriez-vous faire comprendre au consommateur ?

MM : Il y a une histoire derrière chaque diamant. Le consommateur d’aujourd’hui cherche à savoir comme le diamant a été obtenu, vous voyez. Cet intérêt aide le Botswana à vendre son histoire. Pour le consommateur, il ne s’agit pas simplement d’acheter un diamant, mais d’établir un lien émotionnel avec ce diamant naturel.

Vous allez faire en sorte que la personne garde le lien avec le diamant éthique qu’elle achète. Nous devons donc continuellement améliorer notre message sur l’origine des diamants, leur production éthique et respectueuse de l’environnement, la manière dont cette activité a transformé la vie des populations. Pour l’instant, nous parlons de l’exploration à la vente au détail, mais nous devons ensuite intégrer tous les autres.

Et parler de la façon dont les bénéfices, le travail sur ces processus ont eu un impact réel sur la formation, les soins de santé, le bien-être socioéconomique.

Il est donc impératif et important que nous continuions de dire au consommateur quelle est l’origine de son diamant et comment il a été obtenu. Nous savons qu’avant, on achetait un certain type de bien sans nécessairement avoir envie de connaître la manière dont il était produit.

Mais désormais, alors que les critères sociaux, environnementaux et de bonne gouvernance (ESG) gagnent en importance, nous sommes tenus de procéder de manière éthique pour nous assurer que tous ces éléments, que nous conservons pour les générations futures, soient disponibles quand ce sera le moment.

EG : Monsieur Cleaver, je pense que le ministre soulève des points intéressants. Vous savez, pour vendre des bijoux en diamants, il faut toujours raconter une histoire, et Monsieur Moagi explique de manière convaincante pourquoi nous devrions dire que ce diamant, un diamant en particulier, provient du Botswana. Néanmoins, d’un point de vue historique, le marketing orienté sur le pays d’origine n’a pas remporté beaucoup de succès. Pourquoi est-ce le cas selon vous ?

BC : Je pense effectivement que le ministre a abordé ce sujet, Monsieur Golan. Je pense que les gens aujourd’hui ne se contentent plus de connaître le lieu de provenance des biens.

Selon moi, l’époque où le champagne français se vendait plus cher que tous les autres vins mousseux, simplement parce que c’est du champagne français, est révolue. Il s’agit de connaître la manière dont le bien a été produit, et c’est une question que les détaillants posent, que de plus en plus de consommateurs commencent à poser, que certainement des membres des générations Y et Z commencent à poser, comme l’a dit le ministre.

Il n’est plus seulement question de l’endroit où il a été obtenu, mais également de la manière dont il a été obtenu. Aujourd’hui, pour le dire simplement, un certain nombre de nos consommateurs ont malheureusement de la peine à différencier un pays africain d’un autre. C’est un fait.

C’est pourquoi je crois que le fait de faire connaître le pays d’origine du diamant est un bon début, mais que cela ne suffit pas pour permettre de le différencier parfaitement.

Par exemple, si vous prenez l’industrie automobile, je ne crois pas que les gens paient plus cher pour des voitures allemandes, simplement parce qu’elles sont allemandes. Ils paient plus cher parce qu’elles ont été fabriquées en Allemagne et parce qu’ils savent qu’elles ont été bien conçues, mais ce sont des BMW, des Audi ou des Mercedes.

Je pense donc qu’une marque dispose de certains éléments permettant d’aboutir à la narration dont parle le ministre. Comme il l’a dit, je pense que les consommateurs sont de plus en plus intéressés par ce qu’ils achètent. Le produit qu’ils achètent ou la marque qui l’a conçu correspondent-ils à leurs valeurs ?

Et nous avons une histoire incroyable à raconter. J’ai dû aborder un certain nombre d’éléments, mais nous, dans le secteur des diamants naturels, nous pouvons faire ce que personne d’autre ne peut faire. Vous savez, l’impact positif que nous avons sur les communautés est incroyable.

Vous vous souvenez, je vous racontais tout à l’heure que nous avons maintenu les chaînes d’approvisionnement en activité pour que les gens puissent continuer à travailler et à rester en bonne santé. C’est une histoire très puissante. Notre investissement auprès des femmes et des filles, le programme Building Forever, l’attention portée à l’origine des pierres et l’amélioration des normes éthiques, personne d’autre ne le fait. Le secteur des diamants synthétiques, par exemple, ne peut pas le faire.

Pour moi, il s’agit donc de savoir comment raconter cette histoire et comment relier le caractère unique de chaque diamant acheté par un consommateur à ce à quoi il a contribué.

Les écoles et les routes qu’il a permis de construire, vous savez. Toutes ces histoires sur le Botswana. Quand nous avons découvert Orapa dans les années 1960, il n’y avait que six kilomètres de routes goudronnées dans tout le pays. Aujourd’hui, il y en a plus de 6 500 kilomètres. L’industrie des diamants synthétiques ne pourra jamais avoir un tel impact.

Cela est dû au fait que le gouvernement a sagement investi ses recettes diamantaires au profit de la population. Ce sont ces histoires que nous devons raconter, je pense. Nous possédons un riche contenu narratif et nous commençons à créer des moyens de plus en plus innovants pour les raconter. Vous savez, le programme Code of Origin de De Beers en est vraiment un exemple intéressant, parce qu’il ne se contente pas de recenser le pays d’origine. C’est toute l’histoire qui est racontée, comme l’a évoqué le ministre.

Et pour en revenir à votre question, voici pourquoi, à mon avis, une stratégie marketing orientée sur le pays d’origine ne suffira probablement pas à faire bouger les choses. Néanmoins, c’est l’élément de base pour créer une narration riche et attrayante, en particulier pour les jeunes consommateurs. Et c’est vraiment ainsi que nous devons travailler.

L’histoire des diamants éthiques

EG : Je rejoins votre avis. Dans le même ordre d’idées, comment les sociétés diamantaires peuvent-elles faire connaître l’histoire des diamants d’extraction responsable ? On parle d’environnement, mais aussi de l’investissement dans les infrastructures, comme l’illustre votre exemple, dans des pays comme le Botswana. Il faut amener cette histoire jusqu’aux détaillants pour qu’ils puissent la transmettre à…

BC : Oui, c’est une excellente question, à laquelle nous passons bien sûr beaucoup de temps à réfléchir. Je sais que c’est également le cas de toutes les personnes présentes ici. Et bien sûr, les belles histoires sont plus difficiles à diffuser que les mauvaises nouvelles.

Ainsi va la vie, vous savez. Les réseaux sociaux notamment facilitent la diffusion des histoires négatives, des fake news, et ainsi de suite. Nous allons devoir être meilleurs, plus prévenants, produire des histoires mûrement réfléchies et les raconter de façon plus ciblée.

J’ai évoqué le programme Code of Origin. Il s’agit d’un programme véritablement passionnant, qui raconte l’histoire du Botswana. Mais il la raconte de la manière dont nous avons parlé, d’une manière riche. En temps voulu, vous serez en mesure de retracer tout le bien que votre diamant a créé dans la chaîne de valeur.

C’est une chose que nous devrions tous envisager de faire. Nous en revenons au fait d’être ensemble. Si nous prenons tous une petite part sans coopérer davantage, je crois que nous ne pourrons pas fournir toute la valeur qui est nécessaire.

Je pense que nous devrions tous y réfléchir, nous, le gouvernement, ainsi que toutes les personnes réunies dans cette salle. Je pense que nous devons repenser notre manière d’agir. Nous avons différents outils de nos jours, comme les réseaux sociaux, les sphères d’influence.

Mais ce n’est pas particulièrement facile à mettre en place, parce que, comme je le disais, les mauvaises nouvelles vont vite. Nous devons tous faire en sorte que la gouvernance, l’éthique et les chaînes d’approvisionnement soient les plus efficaces possible.

Parce que cela fait partie des exigences des consommateurs comme des gouvernements, et nous pouvons les satisfaire. Je pense donc que c’est une très bonne question. Je n’ai pas de réponse magique à vous donner, mais je pense que nous devrions tous passer beaucoup de temps à y réfléchir et à travailler dessus. Je sais que vous allez en reparler au cours de la journée.

EG : Je pense également que la réponse est amenée à évoluer.

BC : Oui. Et elle ne sera plus la même dans cinq ans. Le monde évolue très vite, vous savez, les changements sont si rapides qu’il faut continuellement s’adapter.

Amener l’histoire aux consommateurs

EG : Monsieur le ministre, nous avons l’impression qu’il existe un écart entre les ambitions du gouvernement, les besoins du pays et de sa production, les besoins de la filière intermédiaire et ceux de la vente au détail. J’aimerais que vous poursuiviez sur le sujet. Comment pensez-vous qu’un pays comme le Botswana puisse faire passer son histoire jusqu’au stade du retail ?

MM : En tant que nation, notre histoire n’existe pas si nous n’y incluons pas toutes les parties prenantes et tous les acteurs, qu’ils soient en amont, dans la filière intermédiaire ou en aval. Par conséquent, tout le monde doit se réunir et faire en sorte de pouvoir la raconter, parce que tous les partenaires ont à y gagner.

Ainsi, quoi que fasse la filière intermédiaire, la filière en aval, ou le pays, nous devons raconter cette histoire. Parce qu’en fin de compte, les personnes passent avant tout.

Les personnes travaillant dans la filière intermédiaire, celles qui travaillent en aval, les fonctionnaires, les citoyens. Toute cette richesse est destinée à améliorer ces vies, pour le bien du pays. Et si vous participez tous à cet effort, tous les autres pourront bénéficier des fruits de votre travail.

Les gens partent au travail, ils veulent rentrer chez eux en bonne santé et sans être blessés. Ils veulent avoir des compétences. Ils veulent évoluer au-delà de leur situation actuelle. C’est un cycle qui doit être établi en collaboration, avec toutes les parties prenantes.

Le Kimberley Process : nécessaire, mais à perfectionner

EG : J’aimerais à présent aborder un sujet légèrement différent. Le Botswana préside désormais le KP (Kimberley Process). Comment envisagez-vous l’avenir du KP ?

MM : Eh bien, si nous évaluons la situation actuelle du KP, et que nous la comparons à l’époque de sa création, je pense que l’industrie des diamants serait en mauvaise posture s’il n’avait pas existé. Nous reconnaissons les failles du KP et nous devons nous rassembler autour d’une table pour les corriger. Je pense que nous devons être constamment critiques à l’égard de ce processus et l’améliorer. Mais son absence serait très étrange et néfaste pour l’industrie diamantaire.

C’est pourquoi, quels que soient les défis auxquels le KP est confronté, nous devons continuer à y travailler pour le bien de l’industrie, au lieu de croire que nous pouvons simplement fermer les yeux et continuer comme si de rien n’était.

Depuis la création du KP, je pense que le secteur a bénéficié d’un certain nombre d’avantages. Nous devons continuer à nous appuyer sur ces acquis et à améliorer ce qui n’est pas encore résolu. C’est pourquoi je suis convaincu que le KP a toujours une raison d’être. Simplement, il faut que tous les membres et tous les participants se réunissent autour d’une table pour trouver des solutions.

EG : Donc, nous avons un représentant du gouvernement d’un pays producteur qui déclare croire au KP, malgré les critiques sur ses carences. Vous êtes un membre fondateur. Qu’en pensez-vous ?

BC : Oui. Nous avons, en tant qu’organisation, des avis similaires. Je pense que le KP est un élément important dans la mise en place des chaînes de valeurs éthiques que l’on recherche. Ce n’est pas le seul. C’est certainement un élément sur lequel les gouvernements ont plus de contrôle.

Et puis, comme vous le savez, au fil du temps, nous avons élaboré nos principes de meilleures pratiques que nous continuons à faire évoluer. Mais de nombreux facteurs entrent en ligne de compte pour que toute la chaîne de valeur soit éthique et durable. Le Kimberley Process en est une composante importante. Comme l’a dit le ministre, je ne pense pas que quiconque puisse prétendre qu’il soit parfait. Je crois qu’il a contribué à une certaine stabilité du secteur, et qu’il était très efficace lors de sa création. Je rejoins l’avis du ministre sur le fait qu’il doive encore être amélioré.

Et je crois que le travail sur les définitions est absolument nécessaire. Il existe un élan dans ce sens.

Il me semble que cela doit être fait au sein de l’organisation. Je ne pense pas qu’une action venant de l’extérieur serait efficace. En gros, je suis dans le même camp que le ministre. Abandonner le KP maintenant serait une terrible erreur.

Nous devons réformer le KP ensemble, nous devons travailler ensemble sur tous les éléments à notre portée pour garantir des chaînes de valeur éthiques.

Par exemple, seuls les gouvernements peuvent contrôler les douanes. Personne d’autre ne peut le faire. C’est un outil très, très puissant, notamment pour lutter contre le blanchiment d’argent. À mon sens, il serait très idiot de se débarrasser du KP. Et l’organisation traverse une mauvaise période actuellement, pour les raisons que nous connaissons tous.

Ce n’est pas facile, mais nous allons continuer de lui apporter notre soutien et de collaborer avec les membres pour essayer de le réformer d’une manière qui convienne à toutes les parties. Je pense toutefois que c’est une erreur de croire que nous pourrions nous en passer.

Pourquoi le Botswana et De Beers n’ont-ils pas encore signé de nouvel accord de vente ?

EG : Oui. C’est la question qui plane dans tous les esprits mais dont personne ne veut parler, autrement dit « l’éléphant dans la pièce ». Sommes-nous prêts à en discuter ?

BC : < Rires > Bien sûr.

EG : Très bien. Pourquoi les deux parties n’ont-elles pas encore signé un nouvel accord de vente ? Je ne désigne personne. Qui veut commencer à répondre ?

BC : Vous voulez commencer ou je me lance ? < Rires >

MM : Je peux commencer.

EG : Nous savons que le Botswana aime les éléphants, alors peut-être devriez-vous…

MM : Nous en avons plus de 45 000, oui.

MM : Voyons les aspects positifs. Au fil des ans, des décennies en fait, nous avons développé un partenariat fructueux. Et pendant cette période, nous avons connu des réussites. Vous avez évoqué les résultats auxquels nous sommes parvenus, Monsieur Cleaver en a parlé aussi, les apports de cette activité, ainsi que les défis auxquels nous avons été confrontés.

Nous constatons donc que des questions fondamentales qui nous tiennent à cœur, en tant que pays, et qui sont importantes pour De Beers également, sont restées présentes au fil des années. Cela a consolidé notre façon d’envisager la relation commerciale pour chacun d’entre nous.

Nous nous regardons dans les yeux et déclarons : « Voilà comment je vois les choses. » Mon interlocuteur, qui est une entreprise, dira : « Mon point de vue est le suivant », ce qui nous oblige à nous rassembler autour d’une table et à extraire chaque détail des nombreux éléments contenus dans le contrat pour le bien des deux parties.

Quand ils arrivent avec un argument convaincant, nous nous rencontrons pour le disséquer pour qu’au bout du compte, nous puissions affirmer que nous y avons réfléchi et que nous sommes d’accord avec eux ou pas.

Au fil des ans, nous avons beaucoup appris de ce partenariat et nous voulons maintenant nous assurer que ce qui en découle améliore l’aspect socio-économique de la vie des Botswanais.

C’est pourquoi nous prenons vraiment notre temps. Malgré les retards causés par la pandémie, nous prenons le temps de nous assurer que ce qui découle de cette relation soit vraiment solide pour toutes les parties concernées. Les Botswanais, les personnes dont la vie est influencée par De Beers, où qu’elles soient.

Nous nous sommes accordés sur certains des nombreux points qui constituent ce contrat, cette relation. Il ne reste que quelques sujets à régler. Étant donné notre situation de départ et la manière dont nous envisageons cette relation, nous sommes convaincus de parvenir à un consensus dans un avenir proche.

EG : Donc, si je résume brièvement la situation, la majorité des problèmes sont résolus mais il en reste quelques-uns. Peut-être. Monsieur Cleaver, votre avis ?

BC : Eh bien, il y a plusieurs points à rappeler. Premièrement, nous avons déjà conclu plusieurs accords au fil des années, et cela a pris du temps. Et il est important que les deux camps aient la possibilité d’examiner ces questions comme il se doit.

Ce sont des aspects très importants pour les deux parties. Lors de chaque précédente négociation, nous sommes parvenus à un accord dont les deux parties étaient satisfaites. Je suis sûr que ce sera également le cas cette fois-ci.

Il faut aussi se rappeler que nous travaillons sur deux tableaux. Le premier est la négociation d’un contrat de vente, le second, en parallèle, est la négociation d’une prolongation des baux de Debswana pour une durée de 25 ans.

Vous comprendrez que ce genre de discussion n’a lieu qu’une fois dans une génération, parce qu’il est question de 25 ans et de la plus grande mine de diamants du monde.

Il est donc important que les deux parties réfléchissent soigneusement aux conditions de ce renouvellement, ce qui implique de bien comprendre les actifs en jeu et leur potentiel.

Pas seulement aujourd’hui, mais également à l’avenir, et comprendre l’investissement que nous ferons dans ces actifs pour les faire fonctionner, et ainsi de suite. La discussion est donc bien plus complexe que celle relative à un simple contrat de vente, pour le dire simplement. Nous faisons deux choses en même temps et elles ont toutes les deux une très grande importance pour le gouvernement, comme pour nous.

Ensuite, nous avons été confrontés à la Covid-19, et vous comprendrez qu’il vaut mieux mener ces négociations en face à face, ce qui a pris du temps et nous a retardés, c’est indéniable. Mais nous traitions aussi d’autres affaires, comme l’a dit le ministre. Je pense que je suis d’accord avec Monsieur Moagi.

Nous avons réalisé d’énormes progrès ces derniers mois. Nous sommes parvenus à un consensus sur de nombreux points et je suis certain que, très bientôt, nous nous mettrons d’accord sur le reste.

EG : D’accord.

BC : D’ailleurs, je ne crois pas que nous cherchons fondamentalement à éviter la question. Je pense que nous l’accueillons tous les deux ouvertement, et nous n’avons rien à cacher à ce sujet. Donc, ne regrettez pas de l’avoir posée.

De Beers et le Botswana au sujet des diamants synthétiques

EG : Je vous remercie. Voici une nouvelle question délicate, mais peut-être pour d’autres raisons. Monsieur Cleaver, du point de vue du plus grand vendeur de diamants naturels, de celui du ministre du premier producteur mondial de diamants naturels, et de celui du pays qui, comme on l’a dit précédemment, a peut-être le plus bénéficié des diamants naturels, quel est votre avis sur les diamants synthétiques ?

BC : Eh bien, je peux commencer. Je crois que notre point de vue est très clair et connu de tous. Notre avis sur les diamants synthétiques est, bien sûr, façonné par les recherches que nous menons sur le sujet, et ce depuis de très nombreuses années.

Ces recherches ne manquent pas, et ne diffèrent pas de celles que l’on menait il y a cinq ans. Les résultats indiquent que si les consommateurs savent ce qu’ils achètent, s’ils connaissent la réalité des diamants synthétiques et des diamants naturels, ils ne les considèrent pas, pour la plupart, comme des produits identiques.

Tout comme moi, ils considèrent les diamants synthétiques comme une catégorie parfaitement légitime, mais à part. Ils les voient comme des bijoux de mode. Vous m’entendez souvent les qualifier de « sympas » et « amusants », contrairement aux diamants naturels.

C’est ainsi que nous considérons les diamants synthétiques. Nous pensons qu’ils ont leur place. Au bout du compte, les diamants naturels et les diamants synthétiques devraient se diviser en deux marchés complètements distincts. Certains signes laissent penser que ce sera le cas.

C’est évidemment l’objectif de notre stratégie Lightbox. Nous voulons offrir aux consommateurs ce qu’ils souhaitent. Mais, le plus important, et je pense que le ministre sera d’accord, c’est que les consommateurs soient clairement informés sur les deux catégories, sur ce qu’elles sont, ce qu’elles ne sont pas et les différences qui existent entre les deux. Ce n’est pas toujours le cas.

On constate d’énormes différences de prix entre les diamants naturels et les diamants synthétiques au niveau de la vente en gros, la vente en ligne et le retail. Parce que ce sont deux produits différents. J’ai remarqué que dans les boutiques physiques, il règne une certaine confusion, mais plus la production va augmenter, plus le prix des diamants synthétiques va baisser. C’est juste un produit technologique.

Plus la production va augmenter, plus les coûts et les prix vont baisser, et nous finirons dans la situation que nous avons toujours anticipée. Pour nous, et je sais que je me répète, De Beers est une société de diamants naturels.

Nous allons dépenser entre 10 et 11 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années pour développer notre activité de diamants naturels. Nous n’investirions pas de telles sommes si nous n’étions pas sûrs de ce que nous faisons. C’est pourquoi je pense que les diamants synthétiques sont une catégorie parfaitement légitime, mais à part.

Les prétentions de développement durable des diamants synthétiques

EG : Monsieur le ministre, nous aimerions connaître votre avis sur les prétentions de développement durable brandies par les sociétés de diamants synthétiques.

MM : Notre position est vraiment fondée sur l’importance qu’ont nos diamants naturels dans la situation actuelle et pour notre avenir. Je suis plutôt d’accord avec Monsieur Cleaver sur le fait que tout ce qui n’a pas une certaine rareté est produit en masse et n’est donc pas comparable aux diamants naturels.

Nous pensons que ces deux produits évolueront en parallèle, mais ne convergeront jamais.

Vous voyez, il y a une place pour les diamants naturels, comme il y en a une pour les diamants synthétiques.

Mais, bien sûr, nous pratiquons la même activité. C’est pourquoi nous avons passé du temps à étudier les diamants synthétiques, pour faire en sorte qu’il existe une voie de commercialisation pour chacun des deux produits.

Nous sommes convaincus que nos diamants d’origine naturelle, produits de manière éthique, contribuent énormément à satisfaire les besoins socioéconomiques de nos citoyens. Nous leur consacrons donc une grande part de notre énergie.

Nous sommes également convaincus que les diamants synthétiques doivent être commercialisés pour ce qu’ils sont et non en avançant l’argument du mal et des dommages causés par les diamants naturels. Car, en fin de compte, ces deux arguments peuvent également être repris par les producteurs de diamants naturels. Nous pensons qu’en affaires, il faut savoir vendre et commercialiser son produit plutôt que de critiquer et de dénigrer ce que fait votre concurrent.

BC : Je rejoins votre avis. Il me semble qu’il y a deux choses à souligner. La première, c’est que – et ce n’est pas le cas de tout le monde – je n’apprécie pas que certains producteurs de diamants synthétiques commercialisent leur produit en dénigrant les diamants naturels. Franchement, cela me paraît regrettable. Commercialisez votre produit par tous les moyens, mais tenez-vous en aux faits, surtout parce que les arguments avancés ne sont pas véridiques. La deuxième c’est que, à nouveau, vous en avez parlé tous les deux, certains producteurs de diamants synthétiques évoquent souvent l’argument de la durabilité.

D’une part, nous savons grâce nos recherches que la grande majorité des producteurs de diamants synthétiques ne sont pas du tout des entreprises durables.

D’autre part, ils ne peuvent pas rivaliser avec tout le bien que les diamants naturels ont amené. Prenez l’exemple du Botswana, je peux vous donner des statistiques supplémentaires.

En 1967, il y avait peut-être trois écoles dans le pays. Actuellement, il y en a plus de 300. Vous savez, l’industrie des diamants synthétiques ne pourrait jamais avoir un tel impact. C’est parce que le gouvernement a utilisé les recettes diamantaires à bon escient et développé son pays. Une usine qui emploie 50 personnes et produit toujours la même chose ne pourra jamais avoir cet effet, comme l’a dit le ministre, sa denrée n’est pas rare.

Ces produits ne sont pas uniques. Ils ne sont pas spéciaux. C’est une chose, me semble-t-il, qu’il ne faut pas oublier dans l’industrie des diamants naturels.

Nous avons une belle histoire à raconter et nous devrions le faire mieux. Nous devons être attentifs aux personnes qui racontent des histoires qui ne sont pas factuelles. Je pense qu’il y a encore du travail à fournir dans ce domaine.

L’offre de diamants atteint un sommet, le niveau actuel est stable

EG : À long terme, nous savons que les diamants, les diamants naturels, seront disponibles en quantités limitées. Pensez-vous que les diamants synthétiques pourraient finir par les remplacer ?

BC : Je ne pense pas. Comme je l’ai dit avant, ces produits appartiennent à deux catégories différentes.

En fait, vous pourriez même constater un jour que les diamants synthétiques ouvrent la voie aux diamants naturels. Les consommateurs pourraient d’abord acheter un diamant synthétique parce qu’ils n’ont pas les moyens et, avec le temps, en devenant plus à l’aise financièrement, ils pourraient monter en gamme avec un diamant naturel.

Vous pouvez y voir un avantage supplémentaire pour l’industrie des diamants naturels, mais je crois que l’argument de l’approvisionnement doit également être évoqué. Je dis depuis un certain nombre d’années que l’offre a probablement atteint un sommet, tout en précisant que les grandes mines du monde ont encore de beaux jours devant elles.

Nous ne craignons donc pas d’effondrement de l’offre. Nous fournissons un travail extraordinaire à Debswana et dans d’autres structures de De Beers pour prolonger la durée de vie de ces actifs incroyables.

Je suis certain que le ministre va parler des extensions de Debswana, que nous construisons parce que ce sont de formidables actifs et parce que ces exploitations vont fonctionner encore longtemps. C’est pourquoi, quand je parle d’offre et de demande, j’entends par là que l’offre a probablement atteint un sommet, mais qu’elle restera à un niveau stable pendant encore 20, 30 ou 40 ans et peut-être même plus, parce que, souvent, ces mines ont une durée de vie plus longue.

Nous n’avons pas encore creusé suffisamment pour évaluer tout leur potentiel. Et la technologie va encore se perfectionner.

L’exploitation de ces gisements complexes deviendra plus facile. Et peut-être que nous trouverons d’autres gisements qui ne sont pas exploitables actuellement, mais qui le seront dans 10 ou 15 ans parce que la technologie évolue.

Et nous devrions aborder ce sujet à un moment donné, parce qu’un excellent travail est investi dans ce domaine. Je pense qu’il est important d’insister sur le fait que nous ne serons pas confrontés à une pénurie de diamants naturels dans les 5, 10, 15, 20 ou 25 prochaines années.

En fait, notre situation est bonne. Les niveaux de production de diamants naturels vont rester stables. Si nous pouvons continuer à faire progresser la demande, au-delà de ces niveaux, ce dont je suis absolument convaincu, nous avons un bel avenir en perspective.

EG : Aux niveaux actuels ?

BC : Oui, aux niveaux actuels.

La technologie transforme l’industrie des diamants

EG : Intéressant. Qu’en pensez-vous ? Monsieur Cleaver a parlé de la technologie. Pensez-vous qu’elle va transformer l’industrie des diamants au Botswana ?

MM : En effet, je crois que la technologie continue d’avoir un impact sur notre manière de fonctionner dans le secteur.

Pensez à l’exploration qu’effectuent les sociétés diamantaires. Prenez le Botswana, plus de 70 % du pays ont déjà fait l’objet d’une prospection. Mais avec les nouvelles technologies utilisées de nos jours, cette prospection va s’élargir. Qui sait ? Vous pourriez même trouver la nouvelle Jwaneng dans ces contrées.

C’est la technologie qui va améliorer notre manière de faire, de l’exploration au retail. Elle va également améliorer notre façon de faire des affaires. La sécurité est primordiale dans notre activité. Nous allons maintenant adopter une exploitation minière intelligente. Pour que les personnes bénéficient d’une sécurité optimisée. Cela nous permettra de réaliser des exécutions bien plus sûres.

La productivité, l’analyse des données, notamment, vont être utilisées davantage à ce niveau. Et, en termes de technologie verte, on assiste à l’avènement des véhicules à hydrogène qui nous permettront de réduire notre empreinte carbone.

La technologie intervient tout au long de la chaîne de valeur. Tous ces outils, y compris ceux dont Monsieur Cleaver a parlé tout à l’heure, comme les Blockchain et la traçabilité, contribuent à satisfaire la demande du consommateur actuel, qui a besoin de connaître l’origine de son diamant. Je suis donc convaincu que la technologie va encore amener des succès considérables.

Nous sommes notamment passés de la traditionnelle extraction minière à puits ouvert, comme Monsieur Cleaver l’a dit tout à l’heure, à l’exploitation souterraine, par exemple.

De nombreuses technologies sous-tendent cette transformation, par exemple pour détecter les gaz souterrains. Donc oui, l’impact de la technologie sera considérable sur le fonctionnement de l’industrie diamantaire.

Prolonger la durée de vie des mines

EG : Vous avez déjà commencé à répondre ma prochaine question, à savoir, comment allez-vous prolonger la durée de vie des mines au Botswana et les rendre plus productives ?

MM : Oui. De grands travaux sont en cours, nous éloignant de l’extraction minière à puits ouvert. Prenons pour exemple Jwaneng, la plus grande mine de diamants au monde. Là-bas, ils en sont à la dernière extension, appelée Cut-9, la dernière de l’exploitation à ciel ouvert. Les recherches que nous avons menées jusqu’ici indiquent que la solution la plus économique serait de poursuivre l’exploitation sous terre.

Il en va de même pour Orapa et sa nouvelle extension, appelée Cut-3. Nous avons d’autres mines de diamants au Botswana. À Lucara par exemple, ils sont en train de passer à l’exploitation souterraine car le potentiel économique de l’extraction à puits ouvert est épuisé. Donc oui, nous continuerons à utiliser la technologie pour pouvoir prolonger la durée de vie de nos mines de 50 ans.

BC : Et si je peux me permettre d’ajouter quelque chose, je pense que la technologie transforme déjà le monde. Si vous revenez 10 ans en arrière, je ne pense pas que nous aurions pu continuer notre activité durant la pandémie, alors que nous l’avons tous fait. Nous avons trouvé un moyen. Nous avons passé tout notre temps derrière un écran, mais nous avons trouvé un moyen de faire quelque chose qui n’aurait pas été possible avant.

Je pense que les gens sous-estiment parfois la vitesse à laquelle la technologie évolue. Tous ces éléments évoqués par le ministre sont intégrés dans notre activité. Et l’extraction intelligente implique de trouver un moyen d’exploiter un gisement avec des méthodes plus respectueuses de l’environnement, bien plus intelligentes et plus automatisées pour mettre les gens à l’abri du danger.

De nombreux travaux sont déjà en cours dans les gisements, ils ont pour but de tenir les personnes éloignées du lieu d’extraction, les données servant à analyser tous les aspects de l’activité.

Mais ce n’est pas tout. C’est un changement d’état d’esprit, pour exploiter une mine d’une manière plus douce, travailler plus précocement avec les communautés pour la modernisation des structures, plutôt que de le faire à une étape avancée de la chaîne de valeur. Et cela ne s’arrête pas là.

Vous savez, la filière intermédiaire est en plein bouleversement. Je ne vous apprends rien, toutes sortes de technologies voient le jour. Nous avons mentionné Tracr. D’autres vont suivre, beaucoup de personnes travaillent dessus. Le monde du retail se transforme.

Les ventes numériques ont complètement changé, le commerce en ligne n’a plus rien à voir avec ce qu’il était il y a 10 ans. Et cela aussi va changer. La capacité à prolonger la durée de vie de ces actifs est donc liée à nos nouveaux modes de fonctionnement. La pile à hydrogène en est un bon exemple.

Anglo American, la société-mère de De Beers, a construit les premiers camions à hydrogène du monde pour l’exploitation minière. Ce sont des camions de 360 tonnes qui ne fonctionneraient pas avec une batterie électrique classique.

C’est faisable, vous savez, même au cours de cette décennie. Beaucoup d’autres travaux sont en cours en matière de développement durable, notamment pour s’assurer que toutes les mines d’Afrique australe soient exploitées avec des énergies renouvelables, et ainsi de suite. Et tout cela fait partie de cette vision selon laquelle la technologie va révolutionner le monde.

La dernière fois que je me suis rendu à l’usine de Jwaneng, par exemple – je ne sais pas quand vous y êtes allé pour la dernière fois –, le centre de commande névralgique était complètement numérisé et automatisé. Ce n’était pas envisageable il y a cinq ans.

Les employés présents ce jour-là avaient des compétences légèrement différentes de celles d’il y a 10 ans, parce qu’ils sont tous formés à l’informatique. Et ils sont en mesure de vous dire ce qui se passe dans l’usine, à chaque endroit, sans avoir besoin de quitter le centre de commande.

Nous avons de nombreux exemples à vous donner. Nous sommes très investis dans la maintenance préventive. L’intelligence artificielle peut désormais prédire le moment où une machine utilisée dans la mine va tomber en panne, ce qui nous permet de la réparer avant que cela n’arrive.

Ces avancées sont géniales. Elles sont précieuses en termes de temps et de coûts parce qu’elles permettent de réparer les machines lors du cycle de maintenance suivant. Il n’est plus nécessaire d’attendre qu’elles tombent en panne sur le terrain pour les déplacer.

Je pense que ces exemples donnent une idée de la façon dont la technologie va totalement changer la donne pour nous. Je pense qu’elle contribuera à un meilleur environnement pour nous tous et nous permettra d’investir davantage dans les communautés.

Les perspectives de découverte d’un autre gisement majeur au Botswana

EG : Donc, avec toutes ces nouvelles technologies, allons-nous trouver un nouveau gisement majeur de diamants dans un avenir proche ?

BC : C’est une excellente question. En tout cas, je peux vous assurer que nous nous y efforçons.

MM : Mais, Monsieur Golan, ces nouvelles compétences ne sont pas uniquement sollicitées au Botswana. Elles peuvent être exportées vers d’autres pays. Il y a beaucoup d’autres mines de diamants à travers le monde. Les gens ont besoin de ces compétences, comme cela a été notre cas il y a 50 ans, et nous les avions importées par le biais des partenariats.

Le temps est donc venu d’exporter certaines de ces compétences vers les pays qui ont la capacité de les transmettre. C’est ce qu’on appelle l’économie du savoir. Nous étudions la question car nous savons qu’une fois la connaissance acquise, il faut s’en servir, et que l’on peut la mettre à contribution pour faire le bien ailleurs.

BC : Donc, pour en revenir à la question de l’exploration. C’est difficile d’y répondre. Les gisements de diamants, les gisements diamantifères, ne sont pas particulièrement difficiles à trouver.

Ce qui est difficile à trouver, ce sont les gisements rentables. J’imagine que vous en avez déjà entendu parler. Il existe de très bonnes statistiques dans l’histoire de l’exploration des diamants. Environ 7 000 kimberlites ont été découvertes, dont 700 contenaient des diamants. Seules 70 d’entre elles étaient rentables. Et sept seulement, dont deux au Botswana, sont ce qu’on appelle des actifs de niveau 1, d’une valeur de plus de 20 milliards de dollars.

Il est évident que nous allons trouver de nouvelles kimberlites. La question est plutôt de savoir si nous allons trouver des kimberlites rentables.

Comme l’a dit le ministre, de larges territoires du Botswana restent encore à explorer. Il est donc tout à fait possible que nous en trouvions. Mais j’insiste sur le fait que si c’est le cas, pour De Beers Group en tout cas, nous construirons une mine totalement différente. Nous devons tenir compte de tous les éléments dont j’ai parlé pour accélérer l’exécution.

EG : Et les faire construire dès le début.

BC : Oui, et les planifier dès le départ, mieux planifier l’avenir dès le départ, construire plus rapidement, plus durablement, de manière moins invasive, et ainsi de suite. Je pense que des découvertes passionnantes nous attendent. Peut-être ne trouverons-nous jamais d’autre méga-gisement, mais nous découvrirons des opportunités. Et avec l’évolution de la technologie, nous aurons de meilleurs moyens de les exploiter.

C’est pourquoi je ne crois pas qu’il y aura une pénurie de l’offre d’ici 20 ans. Je pense que nous, qui assurons l’exploitation minière dans le monde, trouverons d’autres solutions pour garantir la durabilité de l’approvisionnement.

EG : Et c’est pourquoi les diamants synthétiques ne se substitueront pas aux diamants naturels.

BC : Oui, je pense que c’est l’une des raisons, je veux dire, la raison principale pour laquelle ils m’apparaissent comme deux produits entièrement différents. Et d’ici cinq à dix ans, ce sera encore plus clair.

L’industrie diamantaire sur le long terme

EG : Compte tenu de tout ceci, comment voyez-vous l’industrie diamantaire dans 10 ans ?

BC : C’est une bonne question, à laquelle nous réfléchissons tous beaucoup. Certaines tendances actuelles devraient subsister. Je pense que la question de l’origine des diamants restera toujours pertinente.

Et c’est une formidable opportunité pour nous tous. Le programme Building Forever, le développement durable et l’ESG représentent une très grande opportunité pour ceux qui font les choses correctement. Mais un risque énorme pour les autres.

Mais, à mon sens, ce seront des facteurs majeurs de ce qui nous attend à l’avenir. Tout le travail que nous fournissons ici – la neutralité carbone, notamment – va être très, très important. La numérisation et l’automation feront certainement partie de notre avenir. Pas seulement pour l’extraction, mais aussi pour la filière intermédiaire et en aval.

EG : La traçabilité sera…

BC : La traçabilité, l’origine, je pense qu’il faut les concevoir comme une même chose. La traçabilité sera cruciale pour les consommateurs qui racontent l’histoire de leur diamant. Car les consommateurs vont avoir une place importante à tenir, et les marques encore davantage. Je pense que les marques vont permettre d’établir un lien de confiance.

Elles permettront aux consommateurs d’acheter un produit de la marque et, en même temps, l’histoire dont nous parlions tout à l’heure. Mais je ne pense pas qu’ils achèteront l’histoire en dehors de la marque. Je pense que la marque est importante parce qu’elle va leur permettre – je pars du principe qu’ils ont confiance en elle –, de croire à l’histoire de tout ce cheminement.

Au fond, si nous faisons bien notre travail, il n’y a aucune raison de penser que la demande de diamants naturels va chuter. Je crois que les gens aiment toujours ce produit. Ils l’adorent. Le produit leur tient à cœur.

Oui, nous devons nous améliorer et oui, nous devons nous différencier. Mais c’est ce qui continuera à stimuler l’industrie. Et bien sûr, stimuler la demande fait partie de notre cahier des charges à tous.

EG : Avez-vous quelque chose à ajouter ? Je vous vois réfléchir.

MM : Nous partageons l’avis de Monsieur Cleaver. Il y a encore du chemin à parcourir, mais la technologie nous permet de faire beaucoup de choses différemment. La numérisation jouera un rôle central dans l’évolution de l’industrie. Souvenez-vous de la façon dont nous avons organisé les ventes aux enchères et autres durant la pandémie.

Ces exemples sont la preuve pour nous que l’industrie évolue différemment. Simplement, nous devons nous montrer habiles pour réussir à prendre ces décisions bien plus rapidement et de manière plus visible. Quant au développement durable, il est essentiel, surtout pour l’empreinte carbone. À l’heure actuelle, nos mines intègrent la technologie solaire et d’autres technologies vertes pour l’extraction de diamants.

L’histoire que nous voulons continuer à raconter est que nous avons agi dans le respect de l’environnement. Avec l’ESG, nous affirmons vouloir poursuivre la belle histoire des diamants naturels, en nous assurant qu’ils soient produits de manière éthique et respectueuse de l’environnement, sans oublier les personnes. Car, en fin de compte, ce sont elles dont nous devons prendre soin. Nous devons nous assurer qu’elles soient heureuses et que leur bien-être socioéconomique soit pris en compte. Donc oui.

Gérer une entreprise en temps de crise

EG : Très bien. L’interview touche à sa fin. Je vous ai posé des questions sur les diamants synthétiques. Nous avons aussi parlé un peu de technologie, mais vous savez, il y a toujours une perturbation, un imprévu. La pandémie en est un exemple extrême. D’un point de vue managérial, cette salle étant remplie de directeurs, pourriez-vous nous éclairer sur ce qu’il faut faire quand on est frappé par un événement qui perturbe son entreprise…

BC : Oui, c’est une excellente question. Vous savez, je réfléchis souvent à la Covid-19 et, bien sûr, à la guerre en Ukraine et aux sanctions qui en découlent. Et nous travaillons sérieusement à la préparation de registres des risques : où se trouvent les risques dans l’entreprise, comment les atténuer ?

Jusqu’en 2019, la pandémie ne faisait pas partie de notre registre des risques. Une guerre et les sanctions qui en découlent, quoi que vous en pensiez, n’y figuraient pas non plus. C’est donc une excellente question.

Je pense que nous vivons dans un monde très incertain. Le ministre l’a souligné tout à l’heure, nous devrions nous attendre à de nouvelles crises, certaines que nous pouvons prévoir et d’autres que nous ne pourrons pas anticiper.

Vous savez, quand je songe aux perturbations de l’industrie diamantaire, par opposition aux crises mondiales, je dis toujours à mon équipe que nous passons trop de temps à penser aux concurrents que nous connaissons. Nous devrions passer plus de temps à penser à ceux que nous ne connaissons pas. Parce que ce sont souvent eux qui viennent vous surprendre.

Nous passons donc beaucoup de temps à scruter l’avenir, à observer les tendances, les personnes qui pourraient vouloir se lancer dans ce secteur et qui pourraient amener de bonnes choses, ou des perturbations.

Nous devrions donc tous penser un peu différemment que par le passé. Lorsqu’une de ces perturbations se produit, c’est à ce moment-là que l’équipe de direction est mise à rude épreuve : elle doit détourner une grande partie des efforts et de l’attention qui sont déployés dans le reste de l’entreprise pour faire face à la crise. Si vous prenez l’exemple de la pandémie, le ministre aura certainement la même réflexion au niveau du gouvernement.

Nous avons dû porter toute notre attention sur la Covid-19. Il a fallu mettre les gens à l’abri, leur fournir des vaccins et du matériel, et ainsi de suite.

Cela requiert un énorme effort de concentration pour de nombreuses personnes. Et vous devez leur donner les moyens d’agir.

Étant donné que l’activité va reprendre, comment faire pour que le cœur de notre métier reste pertinent ? Comment se préparer au retour à la normale ? Comment continuer à investir dans le marketing durant cette période ? Comment continuer à investir dans l’analyse des goûts du consommateur ? Comment continuer à investir pour que l’exploitation des mines se poursuive ? Ce n’est pas une tâche facile.

Je pense qu’il faut trouver les bonnes personnes dans une entreprise, trouver suffisamment d’espace et suffisamment de concentration pour porter son attention sur le court terme. Malgré tout, il s’agit de ne jamais oublier le moyen ou long terme, parce que nous y serons confrontés un jour.

Résister aux turbulences économiques attendues

EG : Absolument. L’un des objectifs de cette conférence est de trouver des moyens de mettre à profit nos connaissances et de dialoguer avec d’autres acteurs du secteur avec lesquels nous n’interagissons pas en principe. Je m’adresse à l’un ou l’autre d’entre vous, quelle est la clé pour que toutes ces parties parviennent à traverser les turbulences économiques prévues dans les mois à venir ? Et que pouvons-nous apprendre des défis qui nous attendent ?

MM : Eh bien, il s’agit avant tout d’impliquer tous les acteurs. Il faut savoir où se trouvent les difficultés, tout en restant fidèle à la vision de ses objectifs à long terme. Je veux dire, il y aura toujours une crise quelque part. Vous ne savez même pas comment la résoudre. Mais vous devez également avoir l’espoir d’une résolution ultérieure.

La pandémie en est un bon exemple. Nous aurions pu nous enfouir la tête dans le sable et nous contenter d’attendre. Mais nous avons décidé de lâcher sur certaines choses. Nous avons donc pris la décision, au gouvernement, que la vie des gens serait une priorité. Par l’intermédiaire de son Excellence [le président], nous avons également introduit un programme de recherche avec pour objectif de déterminer une nouvelle façon de faire, conscients du fait qu’il y aura toujours des crises et des risques auxquels nous devons être préparés.

Par conséquent, nous avons également intégré beaucoup plus de numérisation, parce que nous sommes convaincus que beaucoup plus de choses sont possibles sans être présents physiquement.

Nous avons donc accéléré l’implantation de la numérisation, même dans les villages les plus reculés, par exemple pour l’enseignement avec l’apprentissage à distance. Nous avons étendu les réseaux pour qu’ils puissent atteindre tout le monde. En fait, il s’agit d’aller au-delà de ce qu’on fait actuellement et d’anticiper. Si la situation était normale, il ne serait pas nécessaire d’anticiper.

C’est ainsi que nous voyons la situation. Au niveau national, maintenant que nous avons été confrontés à l’énorme impact de la Covid-19, tout le reste s’est mis en place car nous avons vu que tout était possible.

Nous l’avons vu dans les mines. Certains ont voulu interrompre leur exploitation alors que notre économie en dépend. Nous espérions qu’il existe un moyen de poursuivre leur activité. Nous nous sommes consultés et nous avons convenu de ne pas les mettre à l’arrêt, tout en veillant à ce que la santé et le bien-être de notre population restent prioritaires.

EG : Merci, Monsieur le ministre, Monsieur Cleaver. Je pense que nous avons obtenu des réponses très intéressantes aujourd’hui. Nous n’avons pas de date pour la signature du contrat, mais nous savons pourquoi.

BC : Vous serez le premier informé.

EG : Cela se produira prochainement. Merci beaucoup. Je pense qu’ils méritent une salve d’applaudissements.

Source Edahngolan.com


Photo © De Beers.