ALROSA s’exprime sur le branding – et le Brexit

Rob Bates

Au moment où j’écrivais le premier billet de la semaine du 9 juillet sur la nouvelle marque de diamants russe d’ALROSA – mon texte étant inspiré d’un article du New York Times –, j’ai contacté Jane Kozenko, porte-parole d’ALROSA, pour lui poser quelques questions.[:] Au cours de la semaine du 16 juillet, elle m’a envoyé des réponses suffisamment intéressantes pour faire l’objet d’un billet séparé.

Allez-vous créer un quelconque système de suivi pour votre nouvelle marque ?

Oui et non. L’idée du suivi n’est pas nouvelle. De nombreuses sociétés y réfléchissent actuellement et bon nombre d’entre elles mettent quelque chose en place. Comme nous sommes les leaders mondiaux de l’extraction de diamants, nous savons que nous devons apporter aux clients la garantie totale de l’authenticité de nos diamants et leur raconter l’histoire de leur origine. Compte tenu de la demande pour ce type d’information, nous souhaitons proposer non seulement des données très détaillées, mais aussi des faits intéressants et faciles à comprendre. Nous étudions donc différents systèmes en cours de développement sur le marché et recherchons la solution la plus acceptable.

Pensez-vous donner un nom particulier à la marque ?

Oui et nous aimerions qu’il devienne un nom de confiance. C’est pourquoi nous pensons que le système de traçage de base est important – sa fiabilité, son évolutivité, l’orientation client. Nous constatons de la demande de la part du marché et nous savons que le nom ALROSA évoque quelque chose pour une majorité de clients. Le titre de la plate-forme de suivi et son support marketing sont donc l’une des clés.

Quel est le public cible ?

Toutes les personnes intéressées par des diamants traçables. En premier lieu, la génération Y qui adhère à une consommation éthique. Ils sont différents de leurs parents, ils choisissent de façon responsable et veulent en savoir plus sur le produit. Nous pensons aussi aux personnes aisées – celles qui achètent non pas des petits diamants mais au moins des pierres de grosseur moyenne. Je pense que deux facteurs entrent en jeu ici : non seulement le côté éthique de la question, mais aussi la nécessité d’avoir la certitude qu’ils investissent convenablement leur argent.

Avez-vous des commentaires sur la question évoquée par le Times – sur la façon dont la Russie est désormais jugée de façon négative chez certaines personnes aux États-Unis ?

Nous nous attendions à ce genre de réactions mais nous ne considérons pas qu’il s’agisse d’une menace.

Le projet n’est pas ciblé uniquement sur le marché américain. Bien entendu, nous sommes intéressés par les États-Unis car il s’agit du plus gros consommateur de diamants. Mais nous présenterons la marque à tous les marchés. En fait, il y aura en son centre une plate-forme en ligne, disponible depuis tous les pays. Et même si nous parlons d’une « perception négative » aux États-Unis, nous estimons que les gens ne sont pas tous stéréotypés et qu’ils ne prennent pas tous des décisions en fonction de la politique présentée aux actualités télévisées. Les normes éthiques d’extraction de diamants sont plus importantes pour les clients. À cet égard, ALROSA est une société sans tache, un fervent défenseur du développement des régions du nord de la Russie.

Les conditions de travail sont parfaitement protégées : personne n’a jamais entendu parler du travail des enfants en Russie. Nos employés perçoivent des salaires trois fois supérieurs au salaire moyen dans le pays et un syndicat très bien établi surveille leurs droits. Les impôts et les dividendes d’ALROSA constituent près de la moitié du budget de la Yakoutie, notre principale région d’exploitation. Nous dépensons chaque année plus de 150 millions de dollars en projets sociaux et plus de 100 millions de dollars pour la protection de l’environnement.

[one_third_last]L’idée de base n’est pas la Russie en elle-même mais bien la traçabilité, la transparence totale. C’est une façon de garantir l’aspect naturel du diamant, d’obtenir des informations sur son origine. Nous parlons de la Russie car c’est dans ce pays que nous extrayons nos diamants. Et nous considérons que c’est un avantage concurrentiel. Les diamants de Yakoutie et d’Arkhangelsk sont 100 % sans conflit, puisqu’il n’y a jamais eu de guerre civile ni de conflit sur place. Ils sont 100 % légaux car nos pierres brutes n’ont jamais quitté le pays avant d’être taillées. Il n’y a pas d’intermédiaire.[/one_third_last]

« L’idée de base n’est pas la Russie en elle-même mais bien la traçabilité, la transparence totale. »

Bien entendu, nous parlerons également de la Russie. Il y a beaucoup de choses que les gens ne savent pas concernant notre pays. Il y a beaucoup de choses dont nous pouvons être fiers et dont les gens peuvent s’inspirer… sans oublier la culture, la littérature, la musique ou le ballet qui sont mentionnés dans l’article.

Avez-vous des commentaires sur les récents articles qui mentionnaient que le pro-Brexit Aaron Banks s’était vu proposer une participation dans ALROSA ? (Même si Aaron Banks a nié, le fonds associé à son partenaire commercial, James Mellon, autre pro-Brexit, a obtenu une participation. James Mellon affirme ne pas avoir pris part à cet achat.)

Nous sommes une société cotée en bourse avec [plus de] 30 % d’actions flottantes, ce qui signifie que tout investisseur est autorisé à en acheter ou à en vendre et que la décision d’acheter nos actions, qu’il s’agisse d’investisseurs individuels ou d’investisseurs institutionnels, relève de leur meilleur avis du marché et de leur stratégie d’investissement. En tant que société cotée en bourse, nous ne pouvons pas contrôler les décisions de nos actionnaires. Nous nous efforçons d’assurer l’égalité de traitement pour tous, qu’ils soient russes ou étrangers. Les émissions publiques d’ALROSA ont attiré des centaines d’investisseurs institutionnels, originaires de tous les pays du monde, en 2013 comme en 2016, car la société représentait un investissement attractif.

Mise à jour à ce sujet : des articles ont indiqué que le gouvernement avait vendu des parts d’un placement privé au fonds de James Mellon à prix réduit, à un « groupe restreint d’investisseurs ». De quelle façon a été prise la décision d’inclure ce fonds dans le placement privé et que pensez-vous des hypothèses émises par la presse et évoquant des considérations politiques ?

Il n’y a tout simplement pas eu d’offre « privée » à un groupe limité d’investisseurs. En 2013, une offre publique initiale a eu lieu, ce qui signifie qu’il s’agissait de la première opération. En 2016, il y a eu une offre publique secondaire (souvent appelée « introduction en bourse » par erreur), ce qui signifie que cela se déroulait pour la deuxième fois. Que l’offre ait été initiale ou secondaire, c’était malgré tout une offre publique, accessible à tous les investisseurs sans limitation et avec des prix fixes par action pour tous.

Cela constitue aussi la réponse à la question « Que pensez-vous ? ». Nous pensons que malheureusement, bien souvent, les gens ne vérifient pas les faits avant de tirer des conclusions.

Source JCK Online