Quelle définition pour les diamants de conflit ?

Avi Krawitz

La réunion intersessionnelle du Kimberley Process (KP) à Dubaï a été le cadre de ce que le World Diamond Council (WDC) a qualifié d’« avancée significative » vers l’élargissement de la définition des diamants du conflit – une étape attendue depuis longtemps pour moderniser le KP et restaurer quelque peu sa pertinence perdue.

La définition actuelle, inchangée depuis la création du KP en 2000, se concentre sur les diamants bruts utilisés pour financer des mouvements rebelles contre des gouvernements légitimes. Or, les conflits d’aujourd’hui et les attentes éthiques des consommateurs sont beaucoup plus complexes. Depuis plus d’une décennie, les efforts visant à élargir cette définition sont restés lettre morte, principalement en raison de la structure du KP, qui nécessite l’accord unanime de tous les pays membres pour la prise de décisions.

Que s’est-il passé de différent cette fois-ci ? Pour la première fois, l’Association des producteurs de diamants africains (ADPA), qui représente 15 pays membres et cinq observateurs, a proposé une formulation qui a permis de faire avancer le débat et d’apporter un nouvel élan à la table des négociations – une nouveauté, puisque les pressions étaient habituellement exercées principalement par les pays occidentaux et le WDC.

Il ne fait aucun doute qu’une mise à jour est nécessaire. Toutefois, à ce stade, une nouvelle définition serait plus symbolique que transformatrice. Pour prouver leur approvisionnement responsable, de nombreux membres de l’industrie dépassent déjà les recommandations du KP, principal mécanisme de conformité, en s’appuyant plutôt sur des systèmes de traçabilité, des certifications de tiers comme le Responsible Jewellery Council (RJC), et d’autres initiatives axées sur l’ESG.

À bien des égards, le KP s’efforce à présent de rattraper son retard, comme en témoigne la décision de l’année dernière autorisant la divulgation de l’origine sur les certificats des lots mélangés. Elle a redonné à ce document une certaine utilité pour prouver la provenance des pierres.

Si la mise à jour de la définition est importante pour des raisons de communication et sur le principe, ce n’est sans doute pas le développement le plus important issu de la réunion de Dubaï. Le WDC a également présenté une nouvelle initiative visant à autonomiser les communautés productrices de diamants en leur proposant des mécanismes de soutien, si elles en font la demande.

Comme l’a déclaré Feriel Zerouki, présidente du WDC, « le Kimberley Process ne se limite pas à endiguer le flux des diamants du conflit. Il a également pour mission de soutenir les personnes qui opèrent en arrière-plan. Il est davantage question d’autonomisation que de conformité. »

Cette évolution, qui consiste à passer d’un cadre de conformité à un catalyseur communautaire, ne fera peut-être pas les gros titres, mais son impact pourrait être beaucoup plus durable.

Image: la délégation du World Diamond Council (WDC) à la réunion intersessionnelle du Kimberley Process à Dubaï (11-16 mai) Photo WDC

Source : The Diamond Press