La fermeture des mines canadiennes met à l’épreuve un modèle de responsabilité salué dans l’industrie

Isabelle Hossenlopp

Perturbé par la concurrence du diamant synthétique et le ralentissement des marchés majeurs, le diamant naturel a perdu sa dynamique et la fermeture de mines est devenue inévitable. Le Canada, l’un des plus gros producteurs de diamants au monde, est sévèrement mis à l’épreuve.

Les mines de diamant du Canada sont régulièrement citées comme étant un modèle de responsabilité dans l’industrie du diamant. De nombreux articles et rapports sont parus, soulignant l’importance de l’activité diamantifère dans le développement du territoire, le bien-être des populations locales et la protection de la faune. La planification de la fermeture des sites fait donc partie des engagements très surveillés par le gouvernement.

En mars 2025, La Lettre de Rubel & Ménasché se faisait l’écho du modèle canadien en publiant les rapports du World Diamond Council et du Natural Diamond Council consacrés aux diamants du Canada.

Un enjeu humain, économique et écologique de taille

Natural Diamond Council

La fin de l’exploitation de la mine de Diavik, prévue pour le printemps 2026 (celle d’Ekati et de Gahcho Kué devraient suivre en 2031 et 2040 respectivement) met à l’épreuve les projets de « fermeture responsable » et de réhabilitation planifiés en amont.

Rio Tinto exploite le site de Diavik depuis 2003 mais ce n’est qu’en 2021 qu’il en acquiert la propriété complète. Son PDG Sinead Kaufman affirme alors qu’il assumera la fermeture éventuelle de Diavik « de façon sécuritaire et responsable », en accord avec les partenaires de la communauté locale et du gouvernement.

Selon le journal canadien NNSL, avec Diavik, Rio Tinto aura contribué de façon très positive à l’économie du territoire. Il a investi 7,7 milliards de dollars dans les entreprises locales et 3,9 milliards dans les sociétés autochtones, créant environ 530 emplois et générant 1,27 milliards de dollars en salaires et avantages sociaux depuis 2003. Par ailleurs, Rio Tinto a versé 500 000 dollars à la fondation communautaire de Yellowknife et accordera des bourses d’études jusqu’en 2050. Le poids de l’activité diamantifère dans l’économie locale est tel que les projets de fermeture et réhabilitation, préparés très en amont ont fait l’objet d’une attention particulière. Les habitants de la région vivent encore le souvenir amer de mines d’or abandonnées sans aucune forme de compensation. Le gouvernement canadien a dû prendre en charge le coût gigantesque du nettoyage des sites (4 milliards pour la seule mine de Giant).

Les engagements à l’épreuve

Des consultations ont donc été mises en place entre les autorités et les représentants de la population locale sur les questions majeures, telles que le remblayage des fosses, la réhabilitation des bassins de résidus, la protection de la faune, la surveillance de l’eau du lac (elle se poursuivra jusqu’en 2050, la mine est située sous les eaux du lac de Gras) et l’aide à la réinsertion des 500 employés encore présents. Le sort de la route praticable par tous les temps, même en plein hiver, et dont l’exploitation coûte des millions de dollars par an, est également au cœur des discussions. Celle-ci, indispensable pour les activités de la mine, est également utilisée pour le transport des marchandises et des personnes. 

Actuellement, les discussions se poursuivent. Au niveau international, elles génèrent un véritable effet de loupe car ce process complexe et inédit pourrait bien servir de modèle de référence pour les prochaines fermetures de mines. Rio Tinto ne joue pas seulement ici une part importante de sa réputation. Ses engagements et ses actions irradieront le secteur du diamant tout entier, dont les enjeux de transparence et de responsabilité sont particulièrement médiatisés.

Image Principale : © Natural Diamond Council