La CIBJO, Confédération internationale de la bijouterie, a affirmé vouloir réexaminer la question de la dénomination des diamants synthétiques. Contrairement à ce qui a été indiqué dans certains articles, aucune décision n’a encore été prise à ce sujet.
Dans un rapport spécial publié sur le site web de la CIBJO en septembre, Udi Sheintal, président de la commission des diamants de l’organisation, a plaidé pour que le Blue Book du diamant de la CIBJO abandonne le terme de laboratoire pour décrire les pierres non naturelles et préconise l’emploi du terme synthétique. À l’heure actuelle, le Blue Book accepte les deux termes.
Lors du congrès de la CIBJO qui s’est tenu à Paris au cours de la semaine du 27 octobre, l’organisatrice de l’événement, Bernadette Pinet-Cuoq, également présidente exécutive de l’UFBJOP (Union française de la bijouterie, joaillerie, orfèvrerie, des pierres et des perles), s’est déclarée favorable à ce changement.
« Il est essentiel de s’interroger sur l’adéquation du terme laboratoire et de rétablir une frontière claire entre les diamants naturels et les diamants synthétiques », a-t-elle déclaré.
Malgré cela, le président de la CIBJO, Gaetano Cavalieri, a affirmé au JCK que le groupe n’avait pas encore pris de décision et qu’un long processus de délibération aurait lieu.
« Nous ne sommes pas encore convaincus qu’il faille revenir au terme synthétique, a-t-il affirmé. Il appartient à la commission des diamants de mettre cette question à l’ordre du jour. Nous le ferons très probablement. »
« Or, le processus décisionnel de la CIBJO est très complexe. La question doit passer devant plusieurs comités, puis être examinée par un nouveau comité, avant d’être soumise à la commission, au secteur, puis au conseil d’administration. »
Cette procédure pourrait prendre un an, voire plus, a précisé Gaetano Cavalieri.
« Nous allons nous pencher sur la question afin de prendre la bonne décision, a-t-il déclaré. Je n’en connais pas encore l’issue… Le marché demande aux instances dirigeantes de l’industrie d’étudier le sujet. Par conséquent, nous y réfléchissons. »
Il est très probable que les vendeurs de marchandises synthétiques s’opposent à la modification demandée, car ils considèrent depuis longtemps le terme synthétique comme péjoratif. Gaetano Cavalieri affirme, lui, que la CIBJO prendra tous les avis en compte.
« Chacun est invité à s’exprimer, déclare-t-il. Nous sommes ouverts. Nous n’avons jamais pris parti pour une partie de l’industrie au détriment d’une autre. Nous disposons d’ailleurs d’un représentant de la communauté des marchandises synthétiques au sein de notre comité dédié. »
Bien que Gaetano Cavalieri n’ait pas entériné la modification, il semble du moins y être favorable.
« La principale mission de la CIBJO est d’assurer la confiance des consommateurs, explique-t-il. L’emploi du mot synthétique ne sous-entend pas qu’un produit est authentique et que l’autre est contrefait. Cela signifie simplement qu’il s’agit de deux produits différents. »
« En réalité, les prix des diamants synthétiques ont baissé. Dans ce genre de cas, les personnes qui ont acheté un article à 1 000 dollars et qui voient cet article vendu ensuite 100 dollars peuvent avoir le sentiment de s’être trompées. »
En 2018, la Federal Trade Commission (FTC) a retiré le mot synthétique de sa liste des termes recommandés pour décrire les pierres produites de manière technologique.
« D’après nos données, les consommateurs considèrent, à tort, que le mot synthétique désigne un produit artificiel comme le zircon cubique, qui ne possède pas les propriétés optiques, physiques et chimiques d’un diamant », a écrit la FTC.
L’agence n’ayant pas interdit l’utilisation de ce terme – malgré les demandes des fabricants –, l’impact concret de cette décision reste flou. En effet, très peu de vendeurs utilisent le terme synthétique et l’agence avait déjà approuvé les termes cultivé en laboratoire et créé en laboratoire.
Néanmoins, cette décision demeure controversée au sein des défenseurs des diamants naturels, et certains tentent aujourd’hui de réintroduire le terme synthétique.
Dans certains cas, ils ont obtenu gain de cause. En 2023, les autorités françaises, sous la pression de l’UFBJOP, ont refusé de modifier une décision vieille de vingt ans qui stipulait que le terme synthétique était le seul qualificatif approprié pour les produits créés en laboratoire. La même année, un décret royal belge stipulait que les diamants synthétiques devaient être vendus au gramme et non mesurés en carats, comme les diamants naturels.
Bien que les décisions de la CIBJO n’aient pas force de loi, de nombreux gouvernements s’appuient sur ce Blue Book pour élaborer leurs politiques, souligne Gaetano Cavalieri.
« Nos déclarations peuvent influencer les marchés et l’industrie, explique-t-il. Quelle que soit la décision prise, y compris celle de maintenir le statu quo, nous devons avoir de bonnes raisons pour le faire et le justifier. »
En haut : Gaetano Cavalieri et Bernadette Pinet-Cuoq au Congrès de la CIBJO (photo publiée avec l’aimable autorisation de la CIBJO)
Source : JCK online