État d’urgence sanitaire déclaré au Botswana, sur fond de ventes de diamants

Lenore Fedow

Lors d’une récente allocution télévisée, le président Duma Boko a évoqué la crise de la chaîne d’approvisionnement médicale du pays.

Le président botswanais Duma Boko a déclaré l’état d’urgence sanitaire lors d’une allocution télévisée à la nation prononcée lundi 25 août (image publiée avec l’aimable autorisation des responsables de la page Facebook du gouvernement botswanais).

Gaborone, Botswana – Le président du Botswana, Duma Boko, vient de déclarer l’état d’urgence sanitaire. Ce pays producteur de diamants subit en effet les conséquences d’un marasme prolongé sur le marché des diamants bruts.

Lors d’une allocution télévisée à la nation prononcée lundi 25 août, Duma Boko a annoncé que la chaîne d’approvisionnement médicale du pays était en crise. La situation a provoqué des pénuries de médicaments et d’autres ressources essentielles dans les hôpitaux et les cliniques.

Préalablement à cette allocution, plus tôt au mois d’août, le ministère de la Santé avait émis un avertissement, affirmant que, pour des raisons financières, le pays manquait de produits médicaux et que toutes les interventions chirurgicales non urgentes étaient reportées.

Dans son allocution, M. Boko n’a pas explicitement fait de lien entre le recul des ventes de diamants et les causes de la crise. Il a plutôt pointé du doigt des problèmes dans la chaîne d’approvisionnement médicale, et notamment le coût prétendument excessif des marchandises.

Cependant, lors d’une conférence de presse organisée en juillet, Duma Boko avait exprimé ses inquiétudes quant à la manière dont De Beers Group, le minier actuellement en vente, menait ses activités dans le pays.

« Étant donné notre production de diamants, comment est-il possible que le pays soit ruiné ? Le processus de vente ne fonctionne pas, avait déclaré le président Boko. C’est donc que De Beers ne fait pas son travail. »

À l’occasion de ce discours, le président avait également évoqué la prise de contrôle du secteur du diamant par la nation et annoncé un « événement très radical », prévu avant la fin de l’année.

En février, De Beers et le gouvernement botswanais avaient signé un nouvel accord commercial de 10 ans et prolongé de 25 ans les licences d’exploitation minière du pays.

Selon les conditions de cet accord, le pourcentage de la production de diamants du pays attribué à Okavango Diamond Company, la société d’État botswanaise, augmentera progressivement.

Le Botswana est le premier producteur mondial de diamants en valeur, et son économie est fortement dépendante de ces pierres précieuses.

Selon le Fonds Monétaire International, les diamants représentent environ 80 % de ses exportations, soit un tiers des recettes fiscales du pays et un quart de son PIB.

Ainsi, la baisse de la demande et du prix des diamants naturels a perturbé son économie, un thème central des élections de l’année dernière, remportées par M. Boko à la surprise générale.

Duma Boko est un avocat de 55 ans, spécialisé dans les droits de l’homme et diplômé de la faculté de droit de Harvard. Ses thèmes de campagne portaient notamment sur l’amélioration de la stabilité financière du pays, non seulement grâce à la vente de diamants, mais aussi par la diversification de l’économie du pays, un sujet récurrent abordé lors de la conférence de presse de juillet.

Lundi 25 août, lors de son discours sur la crise sanitaire, Duma Boko a présenté un plan d’action qui prévoit le déblocage de 250 millions de pulas (18 millions de dollars) pour un fonds d’urgence destiné à faire face à la crise.

Jusqu’à récemment, le Botswana percevait des financements du gouvernement américain pour ses services de santé, qui représentaient, entre autres, un tiers environ de son budget de lutte contre le VIH, selon l’ONUSIDA. Cependant, ces versements ont été interrompus à la suite des coupes budgétaires imposées par l’administration Trump.

Les forces de défense du Botswana superviseront l’approvisionnement pour six à huit semaines de produits de santé essentiels, acquis auprès de fournisseurs locaux disposant de stocks de qualité.

Cet approvisionnement « dépend fortement des prix, compte tenu de nos ressources limitées », a déclaré Duma Boko.

Le président a annoncé la création d’un groupe de travail national visant à stabiliser les chaînes d’approvisionnement, ainsi que celle du « Health First Botswana Partnership Fund ».

« J’appelle toutes les personnes de bonne volonté à investir dans ce fonds pour le bien du peuple botswanais », a-t-il déclaré.

Duma Boko a également appelé à une refonte du système actuel d’approvisionnement en produits de santé et a affirmé que les prix avaient été majorés de cinq à dix fois au-dessus de leur juste valeur marchande, manœuvre qui selon lui est une « dilapidation injustifiable des fonds publics ».

Le président s’est ensuite attelé à présenter des solutions à long terme, passant notamment par un approvisionnement direct auprès des fabricants. L’objectif est de réduire les coûts, ainsi que d’assurer une automatisation de bout en bout, le suivi des prix et une gestion des stocks basée sur les données.

« Je tiens à souligner que nous travaillons à cette tâche sans relâche et que nous ne nous arrêterons pas tant que toutes les pharmacies du pays n’auront pas été approvisionnées en médicaments », a déclaré Duma Boko.

Les premiers camions chargés de produits ont déjà quitté Gaborone, a-t-il déclaré lundi 25 août.

Image : diamant brut Okavango Blue (ODC)

Source : National Jeweler