8 SEPTEMBRE 2025
À l’âge de 13 ans, j’avais déjà vécu dans six pays : les États-Unis, la Suède, la Suisse, l’Espagne, l’Australie, puis de nouveau la Suisse où j’ai poursuivi mes études secondaires. Cette expérience a été possible grâce aux 34 ans que mon père a passés chez Caterpillar, le géant des équipements miniers et de construction, réputé pour ses célèbres tracteurs.
Je suis née à Peoria, dans l’Illinois, la ville natale de Caterpillar. Cela fait de moi la seule citoyenne américaine de ma famille. En effet, ma mère est autrichienne et mon père britannique.
Je suis la deuxième enfant d’une fratrie de trois, et parmi mes qualités figurent l’indépendance, l’adaptabilité et le sens de la conciliation. Je pense que ma famille ne me contredirait pas !
Aujourd’hui, mon frère vit à Bangkok et ma sœur à Genève. Nous formons une famille éclatée au plan géographique, mais très unie.
Les avantages d’une éducation nomade
Après avoir obtenu mon premier diplôme à l’University College of London (UCL), je suis partie aux États-Unis avec mon père pour visiter les établissements d’études supérieures. Là, j’ai assisté à mon premier barbecue du 4 juillet, organisé par un ancien collègue de mon père chez Caterpillar. Ce jour-là, une conversation fortuite s’est soldée pour moi par une offre d’emploi en marketing international chez Marchon Eyewear à New York. J’ai accepté la proposition et déménagé dans la Grosse Pomme à 21 ans, décision que je n’ai jamais regrettée.
En dehors d’une parenthèse de 18 mois passée à Milan, au cours de laquelle j’ai décroché un MBA chez SDA Bocconi – une année (et demie) transitoire, particulièrement constructive –, je vis aux États-Unis depuis plus de 20 ans. Depuis douze ans, je suis mariée à un homme merveilleux, originaire du New Jersey (sans lien avec Caterpillar !) et nous avons deux fils dynamiques, aujourd’hui âgés de 10 et 8 ans.
Mon éducation nomade s’est révélée être un privilège incroyable, mais pas de tout repos. Être déracinée tous les deux ou trois ans nécessitait de s’adapter constamment, que ce soit sur plan social, scolaire ou culturel. Ces allers-retours incessants entre le besoin d’appartenance et le sentiment d’être une étrangère m’ont façonnée très tôt.
Pour garder les pieds sur terre, je me suis rattachée à des éléments constants, qui transcendaient le lieu et la culture :

• La nature est un ancrage. Les paysages extraordinaires d’Australie ou ceux de la Suisse, mais aussi les beautés naturelles de mon jardin ou des parcs locaux… observer la nature m’a toujours apporté de la paix et une certaine perspective. La nature nourrit l’âme et cela nous relie tous.
• Partager des émotions est un ancrage. Au-delà des frontières et des langues, tout un chacun aspire à être considéré, valorisé et aimé. Cette prise de conscience a fait naître en moi un sentiment d’empathie et d’unité tandis que j’évoluais dans des environnements sociaux et culturels nouveaux et variés.
• La joie est un ancrage. Qu’il s’agisse des grands éclats de rire ou des petits sourires, trouver de la joie ou rechercher du positif en toute situation, même les jours de grisaille, m’a permis de vivre l’instant présent et d’avancer résolument avec moi-même et avec les autres.
Ces vérités ont joué sur ma façon d’appréhender le monde : j’agis désormais de manière ouverte, empathique et intentionnelle.

L’art et les sciences ont nourri ma vocation
Au lycée, mon professeur d’arts plastiques m’a littéralement jeté une banane à la figure, un acte de protestation théâtral, lorsqu’il a su que je ne poursuivrais pas d’études artistiques à l’université. J’adorais l’art, c’était une source d’épanouissement pour moi. Pourtant, j’ai suivi les conseils de mon père (l’art serait plus indiqué pour mes loisirs, pas pour une profession) et j’ai étudié les sciences.
J’ai obtenu une licence en sciences humaines, abordant l’anatomie, la psychologie, l’anthropologie et la biochimie. J’ai toujours été attirée par les liens croisés et la symbiose qui existent entre les choses. J’adopte un point de vue holistique pour apprécier toutes les pièces du puzzle qui composent la condition humaine.
Ces centres d’intérêt m’ont amenée là où la science rencontre l’art, la culture s’associe au commerce, et l’ingéniosité humaine s’allie aux beautés naturelles. Observer la fusion entre l’intelligence de l’esprit et de l’artisanat humains d’une part et la magnificence de la nature d’autre part, c’est être témoin de la manifestation d’une puissance supérieure. L’évolution de ces processus, au gré des avancées culturelles, inspire et enrichit la façon dont nous observons et apprécions les choses. C’est cette fascination qui m’a conduite vers l’art et la science du marketing et de la communication dans l’univers du luxe, où artisanat, culture, beauté et nature s’unissent.
J’ai eu la chance de travailler pour des marques de luxe emblématiques comme Baccarat, Ferragamo, Bottega Veneta et Van Cleef & Arpels, pour qui j’ai piloté les activités de marketing et de communication sur le marché nord-américain pendant plus de dix ans. Dans ce cadre, j’ai perçu toute la beauté du savoir-faire joaillier avec des bijouxsertis de pierres et de métaux précieux, une manière intemporelle et tangible, par excellence, de célébrer les moments les plus précieux de la vie. Cette expression du sens et de la mémoire est l’essence même du luxe véritable.

Puis sont arrivés les diamants naturels
Lorsqu’un poste s’est ouvert au Natural Diamond Council (anciennement Diamond Producers Association), j’ai été intriguée mais j’ai hésité à présenter ma candidature.
En découvrant ce milieu, j’ai été stupéfaite par le manque de connaissances que l’on avait généralement sur les diamants naturels : leurs origines millénaires, leur impact positif sur la société et le monde, leur vaste histoire et leur symbolisme transculturel.
Tout devenait clair pour moi : les diamants naturels ne sont pas seulement un luxe absolu, ils sont aussi profondément humains, ancrés dans l’amour, la tradition et la transformation. Contribuer à raviver et à redéfinir cette dimension est devenu une vocation pour moi. Passer du marketing des marques à la promotion d’une industrie traditionnelle dans son intégralité m’est apparu comme un défi que je devais relever.
Pour me conforter dans ma décision, j’ai consulté mon père, qui se souvenait d’avoir collaboré avec des entreprises d’extraction de diamants lorsqu’il travaillait pour Caterpillar : « Ce sont les personnes les plus passionnées avec lesquelles j’aie jamais travaillé. » Contrat signé !
Près de sept ans après le début de cette aventure, je peux affirmer que ce parcours a été merveilleux et difficile, stimulant et gratifiant, bouleversant et inspirant.
Durant cette période, les défis ont été nombreux :
- La pandémie
- La guerre en Ukraine (qui a réduit notre financement de moitié)
- Les perturbations du marché dues aux diamants synthétiques
- Les défis internes à l’industrie
- Les nouveaux droits de douane américains
Cependant, nous avons également créé énormément de valeur. Nous avons changé de nom pour devenir le NDC et avons lancé la plateforme Only Natural Diamonds, qui cible les 21-35 ans et principalement les femmes, notre cœur de cible, les plus influentes sur le marché des diamants. D’ailleurs, la majeure partie des membres de l’équipe du NDC sont des femmes de cette tranche d’âge.
Nous avons également accueilli 100 millions de visiteurs internationaux par an sur le site naturaldiamonds.compendant les périodes de forte activité budgétaire, en lien avec l’essor de l’industrie. Nous avons noué des partenariats avec des détaillants en Amérique du Nord, produit du contenu éditorial primé, élaboré un programme de formation sur les diamants unique en son genre, et bien plus encore.
Et s’il fallait trouver d’autres preuves, rappelez-vous que l’expression « diamants naturels » est désormais entrée dans le langage courant. Il y a encore cinq ans, ce n’était pas le cas.
À la base de ces changements, il y a notre volonté de veiller à ce que les valeurs et la beauté caractéristiques des diamants naturels soient présentées avec une touche contemporaine à une nouvelle génération de clients, sur tous types d’écrans et de points de contact, des réseaux sociaux à la télévision, en extérieur comme en boutique. Nous mesurons notre influence sur les consommateurs grâce à des données qui permettent d’optimiser nos messages, puis nous les comparons aux réactions des marques et des détaillants de première ligne. Tous ces facteurs nous aident à avancer et à dynamiser le rêve du diamant naturel.

Boucler la boucle
Avec le recul, ce que j’ai appris et qui m’a aidée à traverser le tumulte de mes années de formation a été un avant-goût de ce qu’incarne le rêve moderne du diamant naturel selon moi. Au fil des ans, au NDC, nous avons rassemblé des preuves de ce qui compte vraiment : la splendeur de la nature, les liens émotionnels universels, la quête de joie et d’épanouissement, le tout nourri par l’intégrité, l’énergie et le plaisir.
Mère Nature doit sans cesse nourrir nos réflexions. Les diamants naturels, créés il y a des milliards d’années au plus profond de la Terre et façonnés par le talent patient de la nature, sont d’une intégrité et d’une beauté incomparables. À eux seuls, ils font le lien entre la nature, la science, l’amour, le patrimoine et l’économie, ce que l’on ne retrouve dans aucun autre produit de luxe, diamant synthétique ou imitation.
L’intelligence émotionnelle m’a aidée à établir des bases communes dès mon plus jeune âge. Elle est également essentielle pour nous permettre d’avoir un véritable écho auprès des clients et fédérer notre industrie dynamique autour d’un objectif commun. Rien ne nous arrête lorsque notre passion est cohérente et exprimée d’une seule voix. Le NDC est le messager unique qui canalise cette énergie collective, rappelant au monde les merveilles de notre industrie.
L’empathie nourrit la compréhension et la sincérité construit la confiance. Nous devons nous efforcer de voir le monde à travers les yeux des consommateurs, de comprendre ce qu’ils apprécient, ce qui les passionne et ce qui les attire. Lorsque nous présentons les diamants naturels avec autant de soin, notamment à travers les histoires authentiques des personnes qui contribuent à créer cet éclat, nous faisons une différence. La sincérité demeure le facteur d’influence le plus durable.
La joie doit imprégner toutes nos actions. Les diamants célèbrent déjà les étapes les plus précieuses de la vie et notre créativité, nos campagnes et nos contenus doivent rayonner de ce même esprit – en apportant de la joie, de l’énergie, une évolution et de la beauté dans chaque relation.
La publicité sera toujours le fondement de notre marketing, mais elle n’est qu’un élément d’un écosystème dynamique et complexe. Les campagnes ne peuvent se démarquer que si elles sont belles, audacieuses, généreusement financées, omniprésentes… et donc incontournables.
Au final, la joie ressentie et partagée, à l’instar des diamants naturels, condense le temps dans l’instant présent. Quant aux diamants naturels, ils immortalisent ces instants fugaces.

La poursuite du voyage
Si la poursuite du rêve des diamants naturels a suscité et révélé d’innombrables idées et inspirations, mon voyage avec le diamant a été façonné par une équipe incroyable de collègues et de mentors qui incarnent l’essence même de ce rêve. Je suis reconnaissante pour les innombrables leçons professionnelles et même personnelles qu’ils m’ont données. L’univers du diamant, vaste et sauvage, m’a taillée et polie pour me faire grandir comme jamais je ne l’aurais cru possible.
Aujourd’hui, quelles que soient les surprises que la vie me réserve, j’aborde celle-ci avec la lucidité de l’expérience, la passion pour suivre mon objectif, l’humilité pour m’adapter et l’enthousiasme pour évoluer.
Dans les moments d’incertitude, je repense à cette petite fille sur le tracteur, les yeux fixés sur le chemin devant elle et je lui dis ce que je sais maintenant être vrai – et ce qui me guide encore aujourd’hui : aie confiance dans l’ordre invisible des choses.
image de couverture : Caterpillar Inc.
Source : Natural Diamond Council