François Curiel a passé 55 ans sur le podium des enchères à vendre les diamants naturels les plus rares du monde.
Quand on demande à François Curiel, l’un des commissaires-priseurs les plus renommés de notre époque, s’il ressent encore une montée d’adrénaline en montant sur le podium des ventes de diamants de Christie’s après 55 ans de carrière, il répond avec un sourire complice. Ce professionnel si charmant compare son métier à celui d’un médecin entrant en salle d’opération.
« Une fois là, vous n’avez plus peur. Vous n’avez ni soif, ni chaud, ni froid. Vous êtes porté par une énergie, une montée d’adrénaline à son maximum. Pour être absolument certain de ne rater aucun geste d’un enchérisseur dans la salle, vous devez rester en alerte », raconte le Président de Christie’s Europe et Directeur International Senior du département Joaillerie.


Il souligne que la logistique des ventes de diamants chez Christie’s a radicalement changé, les enchères se faisant désormais à distance, par téléphone ou en ligne. François Curiel a dirigé les ventes de certaines des collections les plus prestigieuses du XXe et du début du XXIe siècle, relevant ce défi avec l’élégance professionnelle qui fait sa renommée.
Parmi les ventes les plus illustres qu’il a menées figurent les bijoux ayant appartenu à Doris Duke, la princesse Margaret, Elizabeth Taylor et Lily Safra. En plus de pièces emblématiques telles que la tiare Poltimore de la princesse Margaret ou la spectaculaire bague de fiançailles d’Elizabeth Taylor, offerte par Richard Burton, François Curiel a également vendu d’autres objets extraordinaires, allant du squelette d’un mammouth sibérien vieux de 15 000 ans à la collection Yves Saint Laurent, qui a battu tous les records.
Les plus célèbres Ventes aux Enchères de Diamants de Christie’s


Parmi tous les objets fascinants passés sous son marteau, les diamants occupent une place particulière dans son cœur.
« Les diamants sont des pierres qui font rêver – synonymes de fiançailles, de mariages, et même de protection », souligne-t-il. « Si quelque chose vous arrive dans la vie, vous pouvez toujours vendre un diamant n’importe où dans le monde. Si jamais vous devez quitter votre pays ou faire face à un problème familial pour lequel vous avez besoin d’argent, un diamant vous offre une certaine liquidité. Les diamants représentent la protection, la qualité, le bonheur futur, et apportent uniquement des vibrations positives. »
Parmi les remarquables diamants de couleur D, de type IIa, qui ont fait la une pendant le mandat distingué de François Curiel figurent le diamant de l’Archiduc Joseph de 76,02 carats vendu pour 21,4 millions de dollars et le Winston Legacy de 101,73 carats vendu pour 26,7 millions de dollars.
Les Ventes aux Enchères de Diamants de Couleur chez Christie’s


L’enthousiasme des collectionneurs privés pour les diamants de couleur est certainement remarquable, souligne le commissaire-priseur. La folie des couleurs a débuté en 1987, lorsque Christie’s New York a vendu un diamant rouge violet exceptionnel de 0,95 carat pour 880 000 dollars, soit 926 315 dollars le carat. Cette vente a envoyé des ondes de choc à travers le marché.
« Lorsque nous avons vu qu’un petit diamant à peine plus grand qu’un noyau de cerise se vendait près d’un million de dollars, cela a envoyé un message fort à l’industrie. Cela a fait prendre conscience aux gens que les diamants de couleur n’étaient peut-être pas aussi sous-évalués qu’ils l’avaient été jusqu’alors », explique François Curiel. « Cela a déclenché tout un mouvement, comme des escargots sortant après la pluie. Soudainement, les diamants de couleur ont émergé des inventaires des marchands et des coffres des collectionneurs privés, où ils étaient restés inaperçus. »
La demande croissante a fait monter les prix en conséquence, et il n’est pas rare de voir des diamants de couleur atteindre 2 millions de dollars par carat lors des ventes de diamants chez Christie’s. En comparaison, les diamants incolores des catégories les plus élevées se vendent autour de 200 000 dollars par carat.
Ventes aux Enchères de Diamants de Christie’s : des Pierres à la provenance extraordinaire


Le désir de posséder des diamants parfaitement taillés, de qualité supérieure, sans grain ni fluorescence continuera de maintenir des prix élevés, prédit François Curiel. « Le prix des pierres de Golconde ou des gemmes de type IIa restera élevé. Les diamants ayant une provenance extraordinaire — comme les bracelets de Marie-Antoinette, le Wittelsbach ou toute pierre appartenant à un collectionneur distingué, une famille noble ou une personne célèbre reconnue pour son bon goût — continueront d’être recherchés », dit-il.
L’un des collectionneurs les plus exigeants avec qui François Curiel a travaillé était Elizabeth Taylor. Il se souvient avec affection de la façon dont la légende d’Hollywood pouvait décrire un saphir du Cachemire en disant qu’il ressemblait davantage à un saphir de Ceylan, quelque chose que seul un connaisseur ayant une connaissance intime des pierres précieuses pourrait faire. Un jour, lors de l’un de leurs inventaires annuels de sa collection, Taylor lui montra fièrement une paire de boucles d’oreilles d’un designer dont elle était certaine qu’il n’en avait pas entendu parler, « quelqu’un avec une petite boutique sur la Place Vendôme. » La collectionneuse avisée avait découvert JAR (Joel Arthur Rosenthal) lorsqu’il était encore le secret le mieux gardé du monde de la joaillerie, raconte François Curiel.
Les Ventes aux Enchères de Diamants chez Christie’s : Le Parcours de François Curiel

Le commissaire-priseur a de nombreuses autres histoires incroyables à raconter, ayant travaillé pendant plus de cinquante ans chez Christie’s. Fils d’un marchand de bijoux et d’orfèvrerie parisien, François Curiel a débuté comme stagiaire chez Christie’s à Londres en 1969 et a abandonné ses études de droit à Paris lorsqu’on lui a offert l’opportunité de travailler à plein temps dans la prestigieuse maison de ventes, où il a occupé des postes de direction aux États-Unis, en Europe et en Asie.
L’année dernière, la vente de l’Émeraude Aga Khan lui a permis de faire un retour en arrière. Il avait vu la broche sertie d’une pierre colombienne de 37 carats de la collection de Nina Dyer lorsqu’elle a été vendue pour 200 000 dollars lors de la vente initiale de Christie’s à Genève en mai 1969.
En novembre 2024, c’est lui qui était au téléphone avec le plus offrant, qui a payé 8,8 millions de dollars pour cette magnifique pièce. Les choses ont bien changé depuis 1970, lorsque les bijoux à 100 000 dollars étaient considérés comme extrêmement chers, tandis que le portrait par Velázquez de son assistant, Juan de Pareja, a été vendu 6 millions de dollars chez Christie’s, note François Curiel. Une évolution dans la perception du marché à laquelle il a largement contribué tout au long de sa carrière.
Image : Francois Curiel recevant les enchères lors d’une rare vente de paléontologie à Paris le 16 avril 2007 | Christie’s Images Ltd
Source : Natural Diamond Council