Pourquoi Rio Tinto a choisi de ne pas vendre son activité diamantaire…

Mathew Nyaungwa

Rio Tinto avait annoncé en mars de l’année dernière son intention d’examiner la pertinence stratégique de ses activités diamantaires.[:]

L’opération proposait la vente de son activité diamantaire, un peu à la façon de ce qu’avait proposé de faire BHP Billiton.

BHP a vendu ses activités à Harry Winston, désormais Dominion Diamond, en avril dernier.

Rio était l’un des plus grands producteurs de diamants au monde, grâce à sa propriété exclusive de la mine Argyle en Australie, à 60 % de la mine Diavik au Canada et à une participation de 78 % dans la mine de Murowa au Zimbabwe.

« Nous reconsidérons régulièrement nos activités pour vérifier qu’elles sont toujours conformes à la stratégie de Rio Tinto, qui consiste à exploiter de grands actifs évolutifs, à longue durée de vie », a déclaré le directeur exécutif de l’époque pour les diamants et les minéraux, Harry Kenyon Slaney.

« Les perspectives du marché sont très positives, avec une demande en forte croissance et l’absence de nouvelles découvertes, ce qui limite l’offre. Nous disposons d’une activité diamantaire précieuse et de grande qualité. Or, étant donné son ampleur, nous envisageons d’en accroître la valeur en en modifiant la structure de propriété. »

« Ce processus peut prendre un certain temps. Nous nous sommes engagés à informer les intervenants de tous les grands développements. En attendant, nous rassurons les employés et les gouvernements dans les pays où nous exerçons. Nos activités continuent de se dérouler comme à l’ordinaire. »

À l’époque, un spécialiste de la stratégie marketing basé à Melbourne, Stan Shamu, de IG Markets, a jugé logique pour Rio Tinto de se désengager de l’activité diamantaire. La société avait besoin de se concentrer sur une hausse des dépenses, destinée à d’autres projets plus importants.

Rio était principalement concentré sur le minerai de fer et le cuivre.

Le minerai de fer a représenté 78 % de ses bénéfices nets l’année dernière, tandis que les diamants n’ont compté que pour 2 %.

Après avoir « pesé le pour et le contre » pendant plus de 14 mois, Rio Tinto a annoncé sa décision d’annuler ses plans de vente ou de cotation de son portefeuille de diamants.

« Les bases du marché, à moyen et long terme, demeurent solides. Elles sont soutenues par une demande croissante pour les produits de luxe en Asie et par une forte demande continue en Amérique du Nord », a déclaré le directeur exécutif des diamants et des minéraux de Rio, Alan Davies, dans un communiqué dimanche.

« Nous disposons d’activités diamantaires précieuses et de grande qualité, bien positionnées pour profiter des perspectives de marché positives. »

« Après avoir envisagé plusieurs autres options stratégiques en matière de propriété, il est clairement apparu que la meilleure façon d’obtenir une valeur maximale pour nos actionnaires est de conserver ces activités. »

Sky News a annoncé, tôt ce mois-ci, que Rio et ses conseillers au sein de Morgan Stanley, la banque d’investissement de Wall Street, élaboraient des plans pour recueillir des centaines de millions de livres, grâce à une cotation séparée de l’unité. En effet, une précédente tentative, destinée à trouver un acheteur indépendant, n’avait donné lieu à aucune offre très attractive.

Or, le nouveau directeur exécutif de la société, Sam Walsh, a laissé filtrer quelques informations, au début du mois, sur la voie que pourrait prendre la société.

« Ce n’est pas jour de marché au bazar. Je serais très heureux de garder cette division », aurait-il indiqué, cité dans le Telegraph de Londres.

Les observateurs pensent que la décision du minier d’annuler la vente est due au fait que la société s’est montrée incapable d’attirer de nouveaux investisseurs.

« Ils n’étaient pas pressés de vendre mais ils auraient vendu s’ils avaient obtenu le prix souhaité », aurait affirmé l’analyste David Lennox de Fat Prophets Ressources, dans Perth Now.

Reuters a également rapporté les propos du directeur exécutif d’Ausbil Dexia, Paul Xiradis. Celui-ci aurait déclaré que la situation était un peu difficile en matière de terrains pour les ressources.

« Le marché aurait préféré que Rio vende (les diamants)… Mais si vous ne pouvez pas obtenir le juste prix, il n’y a aucune raison de scier la branche sur laquelle vous êtes assis, simplement pour atteindre un objectif », a-t-il dit.

Rapaport a déclaré que les perspectives sur le secteur des biens de luxe en Chine ont ralenti parallèlement au rythme de la croissance économique du pays. Quant au marché intérieur indien, il a subi des pressions liées à la faiblesse de la roupie.

Malgré tout, l’Inde a importé environ 7,3 milliards de dollars de brut au cours des cinq premiers mois de l’année.

Ce montant a augmenté de 10 % par rapport à la même période l’an dernier.

La De Beers a récemment rapporté une hausse moyenne des prix du brut de 5 % depuis le début de l’année. Le russe ALROSA a établi que ses prix du brut avaient augmenté d’environ 5 % sur la même période.

Bain & Co. avait prévu l’an dernier une progression annuelle moyenne de la demande mondiale de diamants de 5,9 %, pour atteindre près de 26 milliards de dollars en 2020.

Le cabinet a également prévu que l’approvisionnement en brut bondirait de 2,7 % par an, à environ 157 millions de carats.

Avec des prévisions aussi positives et une offre limitée pour ses actifs en diamants l’année dernière, il est parfaitement logique que la voix de la raison ait persuadé Rio de ne pas vendre.

Source Rough & Polished